Gouvernance portuaire trop techno-jacobine: le coup de gueule de Michel SEGAIN président des Unions portuaires de France.
Relevé pour l'Etoile de Normandie par notre correspondant du Havre qui suit nos affaires logistiques et portuaires, ce coup de gueule inédit du havrais Michel Segain, président des Unions maritimes et portuaires de France au sujet de la réforme de la gouvernance des grands ports maritimes en France: une gouvernance qui demeure techno-jacobine avec des hauts fonctionnaires ingénieurs nommés en conseil des ministres à Paris dans un poste pour cinq ans avant d'être nommés ailleurs pour cinq ans avec l'efficacité que l'on sait car en 2019, près de 45% du trafic de conteneurs à destination de la région parisienne transitait par les ports de la rangée Nord Europe...
On le sait que trop ici: il y a une autre façon de gérer un grand port maritime. C'est celle qui par tradition depuis de la Hanse du Moyen-âge est utilisée dans les grands ports maritimes du Nord de l'Europe avec la priorité donnée aux professionnels, aux usagers et aux autorités locales. C'est ainsi que le port d'Anvers qui prépare pour 2022 sa fusion avec celui de Zeebrugge, aura comme future directrice, une élue du conseil d'échevinage de la ville d'Anvers...
Michel Segain ne mâche pas ses mots :
UMPF : un plaidoyer sur la gouvernance des ports devant le président de la République
Ports et corridors 15 mars 2021 Hervé Deiss
https://portsetcorridors.com/2021/umpf-gouvernance-president-republique/
Dans un courrier envoyé le 12 mars, le président de l’UMPF, Michel Segain, a plaidé devant le président de la République pour intégrer les Unions maritimes et portuaires dans les conseils de surveillance.
Le combat pour voir le secteur privé représenté dans les conseils de surveillance ne faiblit pas. Après avoir contacté les différents ministères et leurs cabinets, le président de l’UMPF (Union maritime et portuaire de France), Michel Segain, a repris son bâton de pèlerin pour défendre sa cause devant le Palais de l’Élysées.
L’avenir des ports est en jeu
Pour le président de l’UMPF, l’heure est importante, « car l’avenir de nos ports est en jeu », indique le courrier de Michel Segain. Après la création le 9 mars de l’Établissement public de l’axe Seine, les représentants des unions maritimes et portuaires auront un siège dans les Conseils de développement territoriaux et le Conseil de l’axe Seine, « avec voix consultative », continue la lettre.
Une gouvernance tournée vers l’entre-soi
Une attitude que le président de l’UMPF juge « mortifère ». « Et pourquoi ne pas accéder à l’étage supérieur ? », s’interroge Michel Segain. Il estime que le maintien de cette gouvernance « tournée vers l’entre soi » sera un frein à la reconquête des parts de marché que les ports français doivent recouvrer.
La loi Vaspart morte dans l’œuf
Dans son courrier à l’Élysée, Michel Segain regrette le sort réservé à la proposition de loi faite par le sénateur Michel Vaspart. Un texte adopté par le Sénat qui n’a pas été transmis à l’Assemblée nationale. « Ces travaux ont été balayés d’un revers de la main », constate le président de l’UMPF.
Rectifier le tir
Il est encore temps. Le décret pour Haropa doit encore être adopté par le Conseil d’État. « Il est encore temps de rectifier le tir car il s’agit d’une erreur historique que nous allons payer très cher. (…) Le respect de tous les partenaires est le seul gage de réussite. »
Michel Segain rappelle au président de la République ses termes lors des Assises de la mer en 2019. « Encore faut-il ne pas faire bégayer l’histoire et donc être au rendez-vous des investissements dont nous avons besoin », indiquait lors de cette manifestation Emmanuel Macron. Arrivé à ce niveau, il ne s’agit plus de bégaiement mais d’un Alzheimer précoce.