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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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29 mars 2021

Sur France 3 Normandie: retour sur les années 2014-2015... Années historiques de la Réunification normande!

L'Etoile de Normandie qui fut longtemps bien seule avec nos confrères et amis de TVNC (Mouvement Normand) pour occuper de façon bénévole et militante l'angle mort de l'unité normande se réjouit de l'intérêt soudain de la télévision régionale publique officiellement "normande" pour ce sujet et pour tenter d'en présenter les principaux éléments au grand public normand...

Unité normande, régionalisme normand, identité normande, héritages historiques et culturels normand, origines politiques de la question régionale normande, voilà les sujets de fond que nous labourons et cultivons depuis la création de l'Etoile de Normandie en 2004 et que nous présentons à nos séances publiques du séminaire "Normandie" de l'université populaire de Caen depuis 2008 en invitant tous les experts de la matière normande pour la présenter et en débattre devant un public intéressé et passionné...

Pendant longtemps, trop longtemps, c'est-à-dire, le temps de la division régionale, ce n'est pas leur faire injure que de rappeler que les grands médias régionaux (presse écrite et audiovisuelle) se préoccupaient de ce sujet comme de leur dernière guigne!

D'ailleurs, la presse écrite normande quotidienne reste divisée entre deux aires géographiques: l'empire SIPA Ouest-France Bretagne-Hutin pour l'ex Basse-Normandie et l'empire Rossel Nord- Belgique pour l'ex Haute-Normandie (Paris-Normandie) avec comme le groupe Leclerc comme seul groupe multi-médias normand totalement indépendant couvrant toute la Normandie (La Manche Libre; le Courrier cauchois, le réseau multimédias Tendance Ouest). Par ailleurs, le groupe Ouest-France via sa filiale Publi-hebdos et son miroir numérique Actu.fr a transformé en robinet d'eau tiède standardisée toute l'info locale de la vingtaine de titres hebdomadaires qui couvrent encore l'ensemble des pays normands.

Du côté de France Bleu et de la télévision régionale publique, les plages horaires authentiquement normandes sont des pastilles ajoutées de temps en temps pour donner un goût vaguement normand à un traitement ordinaire de l'actualité: du pâté d'alouette normande en quelque sorte!

Les premières véritables élections régionales totalement normandes vont avoir lieu en juin prochain.

Cela poussent certains à une certaine curiosité intellectuelle sur l'unité de la Normandie et sa dimension politique quitte à donner l'impression ici que ces Messieurs de la rédaction de France 3 Normandie découvrent le fil à couper le... beurre normand!

MIEUX VAUT TARD QUE JAMAIS!

Flotte_normande


 

Normandie sa réunification et la situation en mars 2021

https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/emissions/18h30-suite-normandie

Ci-après, on lira les textes (scripts) des émissions de cette série "Mémoire vive" consacrée à l'histoire de la Réunification de la Normandie dans les années 2014 et 2015 et à un premier bilan du retour à l'unité normande depuis six ans maintenant:

  • Lundi 22 mars 2021 « Mémoire Vive » :

Sur le dossier de la réunification de la Normandie.

Effective depuis 5 ans, les débats sur la pertinence de ce mariage entre la Haute et la Basse ont débuté bien avant : en 2009 (17/9) Marie-Pierre Gressant et Guillaume Lebouic avaient posé la question de l’identité normande à Jean-Yves Marin, alors Conservateur du Musée de Normandie à Caen. Le Château de Caen, dans sa cour le Musée de  Normandie, le Musée d’une région qui s’étend historiquement de Granville à Dieppe.

Jean-Yves Marin : à l’intérieur de ces frontières vous voyez écrits des noms de peuples, une quantité incroyable de peuples, les abracates, les baiocasses, les eulerques, et tout ça sont des petits peuples gaulois qu’on voit apparaître dans les textes un peu avant Jésus-Christ et qui dénotent déjà du fait que la Normandie était un lieu où l’on est très localiste. Ces peuples viennent du Nord, ce sont les saxons, les vikings, ou encore de l’Est.

En Normandie, on a un terme très important qui est le mot  « horsain »  qui veut dire l’étranger et l’étranger c’est celui qui n’est pas dans sa propre maison c’est-à-dire qu’à la fois on a une cellule familiale très forte qui tient justement à la grande diversité mais on accueille tous les autres, on est une terre de passage, on est une terre d’accueil et il n’y a jamais eu de racisme par exemple prononcé en Normandie.

 L’identité normande n’est pas forgée par le sang (commentaires des auteurs du reportage), il n’y a pas de cohérence ethnique mais une cohérence territoriale très loin des divisions administratives actuelles.

Jean-Yves Marin : clairement la Normandie est une et indivisible et retrouver une grande Normandie est quelque chose de fondamental, ce n’est pas pour faire plaisir aux historiens, c’est parce que c’est une vraie réalité, ça fait partie de cette conscience normande et si on veut véritablement trouver notre place dans l’Europe, il faut avoir des repères et les frontières de la Normandie, cette manière de voir, cette manière de regarder le ciel c’est un repère et elle est la même de Dieppe à Granville sans aucun doute .

Cette identité normande revient de loin (commentaires des journalistes de France 3 Normandie en Mars 2021), sacrifiée après la Seconde Guerre Mondiale sur l’autel de la modernité, elle fait un retour en force aujourd’hui, les normands redécouvrent leur histoire, leur gastronomie, de jeunes artistes émergent mais aussi des marques, témoignages peut-être d’une certaine fierté retrouvée !

 La Normandie ne forme qu’une seule région depuis le 1er janvier 2016 mais depuis combien de temps la culture normande existe-t-elle ?

Eléments de réponse avec Christophe Maneuvrier, enseignant-chercheur en Histoire : la Normandie c’est la région du Moyen-Âge et c’est quelque chose qui fascine les populations des autres continents, donc c’est une carte à saisir.

Comment est-elle alors cette culture ou cette identité normande ? Comment vous la décrivez ?

Christophe Maneuvrier: Elle se définit par rapport à Paris d’abord, c’est l’axe de la Seine c’est-à-dire qu’on est à la fois très près de Paris et en même temps il y a cette volonté de s’en dsistinguer. C’est une région qui est tournée aussi vers la mer, région donc maritime, océanique, qui a une tradition forte de commerce transatlantique avec les Antilles, avec l’Afrique, avec l’Amérique.

Donc il y a tous ces éléments mais le principal fait c’est quand même de se distinguer de ses voisins c’est-à-dire de Paris d’un côté , de la Bretagne de l’autre et c’est un peu la difficulté qu’il y a eu à construire cette identité c’est pour ça qu’on est parti longtemps d’éléments historiques.

Donc la distinction entre Basse et Haute Normandie elle ne date pas de 1956, ça remonte à beaucoup plus longtemps que ça ?  

Christophe Maneuvrier : C’est une distinction très ancienne qui remonte au Moyen-Âge, dès le XIVème siècle on parle de Basse-Normandie, c’est une région qui est dans la zone d’influence de Rouen, Rouen qui est longtemps la 2ème ville du Royaume, est une grande métropole européenne, je crois qu’on a du mal aujourd’hui à imaginer la place de Rouen, par exemple au Moyen-Âge  capitale anglaise ou même encore après, donc voilà il y a bien deux espaces, un espace au tour de la Seine qui est un grand espace industriel au XVIII ème siècle tourné vers l’Atlantique et puis un espace plus agricole, plus rural, la Basse-Normandie.

Comment on fait pour créer un sentiment d’appartenance à une même région quand on habite Dieppe, Alençon, ou Cherbourg (la journaliste de France 3 Normandie Pauline Latrouitte)?

Christophe Maneuvrier: Je pense que si on voulait, si on veut renforcer ce sentiment d’appartenance, il faudrait faire en sorte que les populations circulent davantage à l’intérieur de la Normandie, ça peut être en vacances, ça peut être pour des activités professionnelles bien sûr, ça peut être plus difficile bien sûr et puis ça peut être aussi pour étudier et faire en sorte que des jeunes d’Avranches aillent à Rouen ou que des jeunes de Dieppe viennent à Caen et je crois qu’on ne fera pas l’économie d’une construction d’une Université de Normandie, d’une vraie Université qui permettrait aussi aux populations d’être attachées à l’établissement de leur jeunesse, là où ils ont fait leurs études, là où ils ont appris, ils ont étudié et donc je pense que c’est un moyen comme Erasmus a été un moyen pour les européens de construire ce sentiment européen, ce serait un moyen de renforcer ce sentiment d’appartenance à la Normandie.

L’Histoire dans l’identité normande a construit l’image de la Normandie aussi à l’extérieur, dans le monde (Christophe Maneuvrier). 

 

 

 

  • 23 mars 2021 « Mémoire Vive » :

Dès le divorce en 1956, des élus ont tenté un retour à une nouvelle union mais tous se sont heurtés à la même querelle au tour du choix de la capitale.

Illustration à travers ce reportage réalisé par Alexandra Huctin en 2015 . La séparation de la Normandie en deux morceaux en 1956 a vite montré ses limites.

Dès le début des années 70 les acteurs économiques des deux régions se mobilisent pour pousser à une refonte des frontières. Dans les années qui suivent le sujet devient une préoccupation politique. En 1978 un vœu des deux Assemblées Régionales sera même voté ! Paul German, Maire de Falaise et Président de la Région Basse-Normandie, « nous n’ignorons pas qu’il pose des problèmes de susceptibilités diverses, d’intérêts fort légitimes et que les choses ne se feront peut-être pas très facilement mais nous avons la détermination de réussir parce que pour nous , il n’y a toujours eu qu’une Normandie ».

Car, en toile de fond, se pose la question sensible: celle qui va diviser durablement et profondément, le choix de la capitale. Le principe reste à négocier car là il y a un préalable Rouen sera capitale de la région ou la région ne sera pas.

Jean Lecanuet, Maire de Rouen, (1968 à 1993) les progrès peuvent être accomplis si un accord se fait sur le siège administratif de la région. C’est-à-dire qu’il faut que la Normandie si on veut faire l’opération (Michel d’Ornano, Président du Conseil Général du Calvados et Président BN de 1983 à 1986) ait deux capitales et qu’on laisse en place les administrations où elles sont.

Et les discussions vont s’enliser jusqu’à l’électrochoc populaire de janvier 2000 : dans le cas de référendum sur l’unification de la Normandie 65 % des deux régions voteraient pour, seulement 15% sont contre.

Changement de millénaire, changement aussi pour les deux  Normandies de majorité politique, la gauche arrive au pouvoir elle butera autant que la droite sur le choix de la capitale.  Laurent Beauvais (Président de la BN depuis 2008), c’est le rôle de Caen, la capitale de la Basse-Normandie, il n’est pas question dans cette affaire, bien entendu, de l’affaiblir, Alain Le Vern (Président de la HN de 1998 à 2010) en quoi est-ce que le fait d’être réunie à la Basse-Normandie  administrativement, est-ce que cela va nous rendre plus fort, il faut le démontrer.

(Commentaire de Florestan: les journalistes de FR3 passent un peu vite sur le rôle néfaste d'Alain Le Vern, notamment son refus de recevoir le rapport INEUM EDATER de 2007 qui confirmait les conséquences positives d'une réunification sur l'économie régionale normande...)

Finalement c’est la réforme territoriale engagée par l’Etat  en 2014 qui permettra aux deux Normandies de s’unir. Et on va plus loin sur ce dossier de la réunification, Pauline Latrouitte a donné rendez-vous à Pascal Buléon , le Directeur de Recherche au CNRS il nous explique pourquoi, selon lui, cette réunification était indispensable :

Pascal Buléon : il y a de grands progrès qui ont été faits, dune grande marge de progression et assurément dans le monde dans lequel nous allons entrer après cette pandémie dramatique.

Et pourquoi c’était donc indispensable ?

 Pascal Buléon: coincée entre cette grande Île-de-France, région la plus riche d’Europe et des régions comme la Bretagne qui faisaient tout le nécessaire, deux petites Normandies ne pesaient rien , aller en train à la plus grande ville, aux aéroports, des bagarres infinies ont eu lieu, peser à deux petits c’est bien plus difficile que peser à un mais sur des grands défis environnementaux, sur attraper le trafic qui passe là nous sommes devant, tout près là du couloir maritime le plus important au monde et pour capter ça il faut pouvoir peser. C’était l’argument principal .

Et est-ce que ça marche, est-ce que cette réunification nous apporte quelque chose et si oui quoi ?

Pascal Buléon: Je serai tenté de dire oui, quantité d’entreprises  ont des agences dans les trois villes et dans les deux anciennes régions et donc elle se fait dans la culture également. Dans quantité d’activités elle est en cours et donc  c’est ça sa plus grande réussite !  Oui elle se fait et elle a permis de peser dans  ce dossier dont on parlait il y a un instant qui est le train qui préoccupe toujours beaucoup. Et puis surtout faire en sorte que les habitants prennent leur région en main ce qui se fait presque naturellement.

Et pour vous justement, quels sont les prochains défis de la Normandie ?

Pascal Buléon : on voit bien à tel point dans les grandes agglomérations les restrictions nécessaires pour  la question sanitaire sont très difficiles à vivre pour grande quantité de gens et donc les qualités environnementales, ici, la mer à un quart d’heure -Ouistreham Caen- le balcon sur la mer pour cette grande agglomération du Havre à Caen jusqu’à Rouen avec un jardin qui est le Pays d’Auge magnifique, ces grands atouts sont déjà là. Ils sont encore plus enviés dans la situation actuelle.

Les défis c’est que la qualité environnementale c’est essentiel et à travailler mais ça ne suffit pas il faut bien sûr les connections dont tout le monde s’aperçoit maintenant qu’elles sont extrêmement importantes, les connections numériques, et au-delà de ça il faut ce qui est attendu par tous les jeunes actifs pour eux-mêmes, pour leurs enfants, les services , une bonne qualité de service de soins, ils sont importants mais nous avons de grands trous pour une capacité soignante sur l’ensemble du territoire, des services d’éducation, bref une proximité pour que dans le tissu rural et dans les petites villes les services aux personnes et aux entreprises donnent envie de venir parce que le paysage est là , la qualité de vie est là, mais  les envies de rester et de développer son activité.

Donc les principaux défis à mon sens  ils sont là, ils sont à portée et pour ça une Normandie unifiée a beaucoup plus de qualité et de capacité à faire mais il y a beaucoup de travail ! Il faut que les habitants pratiquent plus toute leur région  et la fasse leur et donc le défi il est là.


 

  • 24 mars 2021 « Mémoire Vive » :

Sur le choix de la capitale, il y a eu des élus qui ont pesé, parmi eux Bernard Cazeneuve, voyez ce reportage du 22 mai 2015, l’ancien député-Maire de Cherbourg, alors Ministre de l’Intérieur, était présent pour rassurer les Normands :

Il est ici chez lui. Bernard Cazeneuve est venu fêter le 30 ème anniversaire de la Police Municipale (Hôtel de Ville de Caen) dans ce fief électoral que l’on appelle encore Basse-Normandie :

« La Normandie c’est ma région et la Basse-Normandie c’est mon cœur » Bernard Cazeneuve

Voilà l’objet de sa venue, la réforme territoriale, la réunification de la Normandie et ses capitales.

Joël Bruneau : « Dans la mesure où la proposition récente de l’Etat, au titre du chef-lieu provisoire, est effectivement de placer la Préfecture Régionale à Rouen, il me semble que dans ce souci d’équilibre, cela pourra conduire naturellement à implanter le siège du Conseil Régional à Caen ».

En façade, tout le monde veille à cet équilibre, le Ministre de l’Intérieur persiste et signe :

Bernard Cazeneuve:  « je ne suis pas venu pour rassurer le Maire de Caen parce qu’il n’est pas inquiet et la sérénité de nos échanges en témoigne, s’il en était besoin ». Joël Bruneau : « Je reste vigilant et déterminé ».

Car l’enjeu est de taille (commentaires du journaliste assurant le reportage), le Ministre doit convaincre, pour cela il a rencontré des élus bas-normands un peu plus tôt à la Préfecture de Région, là même où travaillent 250 fonctionnaires inquiets quant à leur avenir.

Bernard Cazeneuve (et à sa droite M. Alain Tourret ) : « Ce que je trouve moderne ce n’est pas l’interville politique  auxquels certains nous invitent, ce n’est pas le conflit entre Rouen et Caen ! D’abord moi je souhaite qu’il y ait un équilibre dans la répartition des administrations de l’Etat et, devant vous, je veux m’engager à ce que cet équilibre soit pas simplement une parole de Ministre mais une réalité demain ».

M. Pascal Allizard, Sénateur du Calvados : « On n’apprend rien mais on partage des principes et on partage une façon de travailler et je crois que c’est très important si on veut qu’à l’arrivée effectivement on puisse avoir la force d’une région réunifiée mais ne pas avoir bradé non plus les intérêts de Caen, du Calvados et de la Basse-Normandie ».

Bernard Cazeneuve a répété le même discours à la Préfecture de Haute-Normandie cet après-midi sur les terres d’un certain Laurent Fabius mais cette fois les micros n’étaient pas les bienvenus.

(Commentaire de Florestan: Laurent Fabius et tous les élus locaux de la Fabiusie socialiste haut-normande étaient farouchement opposés à la réunification imposée par François Hollande car ils craignaient d'être dilués dans une Normandie de centre-droit qui "vote à droite depuis Guillaume le Conquérant" comme le disait Louis Mexandeau... Les vrais réunificateurs normands face au localisme médiocre partagé par la plupart des élus de Haute ou de Basse-Normandie étaient finalement peu nombreux: Bernard Cazeneuve et Alain Tourret ont joué un rôle fondamental pendant l'année 2014...)

Et on retrouve Bernard Cazeneuve qui a mené cette réforme dans son bureau à Paris avec Pauline Latrouitte, l’ancien Ministre de L’Intérieur revient sur sa stratégie pour faire avancer la réunification, il glisse aussi quelques confidences sur son avenir politique : " Je me suis arrangé (B. Cazeneuve) pour donner le sentiment à chacun qu’il aurait satisfaction et à la fin, j’ai fait ce qui me paraissait juste".

Bernard Cazeneuve, Ancien Premier Ministre répond directement à la journaliste de France 3 Normandie : on l’a vu dans le reportage la bataille politique n’a pas été simple, vous ne vouliez pas céder à un « interville » politique, dites-vous, entre Caen et Rouen, comment avez-vous fait pour convaincre et rassurer ?

Bernard Cazeneuve: « J’avais l’opportunité de le faire et pour moi ça avait beaucoup de force politique et symbolique que de profiter de mon passage au gouvernement pour poser un acte qui avait sur le territoire une vertu de transformation très importante. Il fallait rassurer tout le monde et la vision que j’avais c’est qu’il y avait de la place pour deux villes, il pouvait y avoir une capitale politique, Caen, une capitale administrative, les rouennais  n’entendaient pas les choses ainsi ils voulaient tout. Et, du coup, par réaction les caennais qui se seraient contentés de quelque chose voulaient tout à leur tour.  On a organisé le dispositif de telle manière à ce que chacun y retrouve son compte et c’est un sujet dont je remarque qu’on ne parle plus ».

Quel regard aujourd’hui vous portez sur cette région, sur le poids de cette région ?

Bernard Cazeneuve: « Je pense que nous pouvons être une des régions les plus attractives et les plus prospères de France pour plusieurs raisons, d’abord parce que pour le réchauffement climatique nous sommes géographiquement pas mal positionnés et je pense que la proximité de Paris nous met en situation de pouvoir, là aussi, de pouvoir compter davantage que d’autres. La façade maritime, à mon avis, sera un atout dde plus en plus important. Tout cela nous positionnera mieux  que la Bretagne, je le dis sans chauvinisme aucun, donc voilà ce sont tous ces atouts qu’il faut valoriser ».

(Commentaire de Florestan: la Normandie est, de fait avec la Corse, la seule vraie région province de France. C'est-à-dire qu'elle superpose quasi exactement le territoire de l'ancienne province historique avec celui de la région moderne.)

Vous disiez également en 2015 la Normandie c’est ma région et la Basse-Normandie c’est mon cœur, est-ce que vous avez été sollicité pour vous présenter aux régionales ?

Bernard Cazeneuve: « Je n’ai pas quitté la vie politique, c’est la vie politique qui m’a quitté, c’est très différent. C’est-à-dire ce qui est devenu la vie politique, cet espèce d’abaissement, de polémiques, de radicalités outrancières, d’ambitions personnelles, de narcissisme à outrance, tout ça ce n’est pas du tout  la conception que j’ai de l’action publique et donc quand j’ai vu que la pente était celle-ci et que tout le monde éprouvait quelques difficultés à y résister j’ai pensé que cette époque n’était plus la mienne je me suis mis en retrait et donc quand on est en retrait, on est en retrait, on n’est pas un pied dedans, un pied dehors ».

Mais définitivement ?

Bernard Cazeneuve: " Ah ! bien ça vous savez on n’est jamais définitivement garanti que la situation dans laquelle on est demeurera à tout jamais ce qu’elle est, ça personne ne l’est jamais garanti, regardez ce qu’était la gauche en 1969 et 68 et ce qu’a fait François Mitterrand deux ou trois ans après ! Donc en politique il faut un peu de patience et il faut laisser le temps faire son œuvre. On ne peut tout façonner avec la volonté et la volonté animée par l’impatience et parfois le temps contribue à faire son œuvre par de  là l’œuvre que  peuvent accomplir les hommes   eux-mêmes ou les femmes. Si un moment donné je suis en situation d’être utile, bien entendu je sacrifierai tout ce que je peut sacrifier pour le pays et pour l’action publique ".


 

  • 25 mars 2021 « Mémoire Vive » (suite et fin) :

La réunification de la Basse et de la Haute-Normandie est d’actualité depuis la révision constitutionnelle sur la décentralisation adoptée en Janvier 2003 et c’est Hervé Morin , 42 ans, Député UDF de l’Eure, maire du petit Village d’Epaignes qui est à l’origine de ce bouleversement :

Hervé Morin,  président association réunification de la Normandie : « Il y aurait donc un vote, un jour donné, décidé par la loi d’où la place majeure du Parlement . Jusqu’alors cette chose là était interdite ».

Un sondage IFOP/Ouest-France indique que 66% des normands seraient favorables à cette réunification, elle redonnerait une cohérence à cinq départements jusqu’ici écartelés par une frontière, source de bizarreries administratives que le député-maire d’Epaignes constate au quotidien :

Hervé Morin : « Un des enfants d’Epaignes réussit le concours d’infirmières, manque de pot elle réussit le concours d’infirmières à l’hôpital de Lisieux, à 25 km d’Epaignes et on lui dit Madame, vous n’avez pas le droit , Conseil Régional de Basse-Normandie, vous n’avez pas le droit à la bourse parce que vous habitez en Haute-Normandie. Elle s’adresse au Conseil Régional de Haute-Normandie qui lui: mais Madame vous n’avez pas le droit à la bourse parce que vous allez faire votre école d’infirmières en Basse-Normandie. ».

(Commentaire de Florestan: Merci Monsieur LE VERN!!!)

Réunifiée, la Normandie se placerait  d’emblée au 5 ème rang des régions françaises , les cinq départements comptant alors 3,2 millions d’habitants avec un Produit Intérieur Brut  de près de 70 milliards d’euros. Même si la réunification se dessine avec une Préfecture à Caen, un Conseil Régional à Rouen, un Conseil Economique et Social au Havre, les opposants au projet restent nombreux. Dans une interview fin septembre (2003) donnée au journal rouennais « Liberté Dimanche », Alain Le Vern , le Président PS de la région Haute-Normandie a déclaré qu’il venait de mettre en place un groupe d’experts chargé de plancher sur le sujet. Pour la Basse-Normandie le Président UMP, René Garrec, nous a fait passer le message suivant : « la réunification est le seul thème de campagne du député Hervé Morin et du Maire de Deauville Philippe  Augier, j’ai déjà dit ce que je pense à ce sujet et moi, j’ai du travail ».

(Commentaire de Florestan: en 2000, la Normandie était au plus bas de son déclin avec un Breton de droite à la tête de la Basse et un Breton de gauche à la tête de la  Haute. Grâce à l'action courageuse d'Hervé Morin, certaines consciences normandes se sont alors réveillées... Dont la nôtre!)

Et le Premier Président de la Normandie réunifiée c’est lui, Hervé Morin, qui tente depuis le début de son élection de maintenir l’équilibre entre Caen et Rouen, la Normandie est-elle plus forte aujourd’hui, Pauline Latrouitte lui a posé la question :

Hervé Morin : " Je me dis mais c’est une chance incroyable dans l’Histoire , dans sa propre histoire, il faut que je sois à la hauteur de cette fonction, que je réussisse à bâtir cet élan normand ".

On, a bien vu dans le reportage que la réunification était un thème qui vous tenait à cœur au moins depuis 2003, est-ce que cela était aussi simple de l’orchestrer ?

Hervé Morin : « Ecoutez, on m’expliquait que c’était impossible quand moi j’expliquais que c’était une volonté politique, je crois qu’on l’a démontré, au moins ça ».

Quels écueils fallait-il éviter ou en tout cas dans quel état d’esprit vous étiez pour que ça réussisse ?

Hervé Morin : « Je trouvais que c’était pour quelqu’un dans sa vie quelque chose d’énorme , j’avais, personne ne s’en est rendu compte, mais, mais le jour de mon élection, de la première réunion du Conseil régional j’avais une émotion de dingue et donc j’étais plein d’enthousiasme, plein d’allant et avec ce sentiment qu’il fallait être très attentif à l’équilibre Caen/Rouen, ça c’était le sujet le plus sensible et donc quand je suis à Caen, je pense à Rouen, et quand je suis à Rouen, je pense à Caen et en même temps on est dans cet espèce de schizophrénie du caennais qui pense que tout est parti à Rouen et du rouennais que tout est parti à Caen. Et donc on doit avoir en permanence cet équilibre en tête si non ça ne peut pas marcher ».

Sur quels dossiers la réunification vous a permis d’avancer ?

Hervé Morin : « Le meilleur exemple c’est le Salon de l’Agriculture. On a maintenant un stand qui est à la hauteur de ce que représentent l’Agriculture et l’agro-alimentaire normand parce qu’on n’est plus qu’une seule région et qu’avant il y avait des chicayas entre le Président de la Haute et de la Basse sur comment on allait organiser tout ça et au bout du compte on avait la médiocrité. Et quand on est au Salon de l’Industrie à Hanovre  on est normand et c’est ça, le plus grand atout c’est le côté immatériel, c’est la capacité de porter la Normandie dans tout ce qu’elle a d’excellence ».

Et vous donnez l’impression que les régions pourraient prendre un peu plus de pouvoir et on l’a vu pendant cette crise sanitaire, un modèle à l’allemande ça vous fait rêver ?

Hervé Morin : "Eh ! bien ce que j’espère c’est que ce sera un des débats de l’election présidentielle : est-ce que nous restons sur un modèle jacobin qui démontre l’impuissance du système , est-ce qu’on est plus efficace, est-ce qu’on met plus de démocratie et la décentralisation c’est  de la démocratie, c’est de permettre au citoyen de s’adresser à son élu ".

Et est-ce que vous pensez que ça c’est possible ?

Hervé Morin : « Bien, il n’y a pas de raison, oui, que l’Etat va laisser une certaine gouvernance aux régions  (la journaliste intervieweuse) ? Je pense que pour les départements d’ailleurs dans leur champ de compétences comme pour les régions les compétences que l’on doit leur confier, moi, je suis demandeur à ce que nous puissions avoir pleine main sur la construction de l’offre sanitaire en Normandie il faut que nous puissions avoir la main sur le financement des structures hospitalières, des hôpitaux non pas dans leur fonctionnement ça doit rester de l’Etat avec les fonctionnaires qui sont avec mais comme un peu pour les lycées, en clair on bâtit la carte sanitaire régionale, on investit dans les structures de santé et à côté l’Etat est là pour le personnel et bien sûr  la formation à travers les CHU». 

Hervé Morin:  « C’est ça le plus extraordinaire c’est que désormais il y a une solidarité normande, avant il n’y en avait pas ».

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Voir aussi:

http://idavoll.e-monsite.com/pages/art-et-technologie/les-bateaux-et-navires-vikings.html

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