Contournement Est de Rouen: les vrais boulets du débat régional... Suite!
Toujours nier le réel...
Et puisqu'il s'agit de nier le réel en imposant dans le débat public local et régional une posture idéologique, on rappelle, une fois encore que sur la question du contournement Est de Rouen, l'opinion normande a déjà fait sa religion... dès 2018 et encore plus récemment en ce début 2021:
... En attendant que l'Etat se fasse la sienne!
La Région puis le Département ont compensé financièrement le désengagement de la Métropole de Rouen s'agissant du contournement Est, mais l'État ira-t-il jusqu'au bout ?
Ce dossier de contournement Est de Rouen est à faire tourner la tête. La mise en service de cette autoroute à péage est envisagée pour 2024, et pourtant, trois ans avant l’échéance, pas un seul tractopelle à l’horizon, laissant plutôt place aux querelles politiques. Allant de rebondissement en rebondissement, cette voie rapide de 41,5 kilomètres verra-t-elle seulement le jour ? Après le vote des élus locaux, la décision revient maintenant au maître d’ouvrage, c’est à dire l’État. Lundi 12 avril 2021, celui-ci assure travailler à un contre-projet, dont les résultats seront dévoilés « dans les prochaines semaines ».
« Ce qu’une majorité a fait, une autre peut le défaire »
Les collectivités locales se sont prononcées sur ce gigantesque chantier : c’est non pour le Département de l’Eure, non également pour la Métropole Rouen Normandie. Alors le Département de Seine-Maritime et la Région Normandie ont décidé de gonfler leurs participations. La participation de la Région passe ainsi de 157 à 205 millions d’euros. Celle du Département de 22 à 40 millions d’euros. L’État apportera autant, et le futur concessionnaire (choisi en 2022) le reste. Le budget est donc bouclé. Mais les élus de gauche au conseil départemental dénoncent une « mise en scène » à quelques mois des échéances électorales de juin, puisque « tout cela relève de l’État », rappelle Nicolas Rouly, chef de file de l’opposition socialiste au Département et vice-président de la Métropole de Rouen.
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Soit l'État renonce et il n'y a pas de sujet, soit l'État maintient son choix et devra à nouveau solliciter les collectivités. Il se pourrait que ce qu'une majorité a fait, une autre le défasse. Le résultat des élections déterminera la position des collectivités.
Nicolas Roulychef de file de l'opposition socialiste au conseil Départemental.
Nicolas Rouly laisse clairement entendre que si sa famille politique arrivait à la tête de la Région ou du Département, elle retirerait l’argent. Les priorités sont ailleurs pour les socialistes et leurs alliés écologistes : « On est dans un moment de notre planète et de notre pays, où tous les grands projets comme celui-ci sont arrêtés. […] Dix-huit millions d’euros au Département, ce sont neuf années de bourses sociales pour les collégiens, l’équivalent de trois Ehpad, d’une tablette par collégien, etc. », énumère Nicolas Rouly.
« Du point de vue de l’État, c’est clair »
Pour le député LREM de Rouen Damien Adam, fervent défenseur de ce contournement, « il n’y a pas de sujet si les financements sont confirmés » : « Le Département et la Région se sont prononcés, du point de vue de l’État, c’est clair ! » Et même si les exécutifs venaient à changer de camp au Département et la Région, le député se raccroche à « une règle républicaine qui dit que même si la majorité change, les projets votés antérieurement sont maintenus ».
Pourtant, en février, le gouvernement, par la voix de la ministre Barbara Pompili, a laissé planer le doute. « L’État va-t-il renoncer ou aller au bout ? », a questionné le sénateur Pascal Martin. « Nous ne souhaitons pas avancer contre les collectivités locales. […] Nous en appelons au dialogue entre les parties prenantes et sommes prêts à étudier sérieusement toutes les propositions […] », a répondu la ministre, laissant tout le monde sur sa faim.
Une « expertise approfondie » d’une contre-proposition
Contactée lundi 12 avril, le préfecture en dit davantage. Les services de l’État et du ministère des Transports travaillent activement à une contre-proposition formulée par la Métropole Rouen Normandie dans sa délibération du 8 février, consistant à reporter le trafic de l’est vers l’ouest de l’agglomération, sur des infrastructures existantes.
À la demande du préfet de la Seine-Maritime, les services déconcentrés de l'État compétents [...] ont engagé [...] une expertise approfondie de cette contre-proposition de la Métropole. Une étude très complète et solidement documentée est donc en cours de réalisation. Nous devrions pouvoir en disposer dans les prochaines semaines.
la préfecture
L’objectif de cette étude est « de savoir si la contre-proposition avancée apporte ou non une réponse à la problématique de la gestion des flux de véhicules sur la métropole rouennaise », indique la préfecture.
Commentaire de Florestan:
Les relations entre le Nouveau Maître de Rouen et le préfet de région sont très tendues depuis l'affaire Lubrizol mais surtout depuis le revirement spectaculaire de Nicolas Mayer-Rossignol sur le dossier du contournement Est, projet que l'ancien président socialiste du conseil régional soutenait et qu'il ne soutient plus au nom de sa nouvelle alliance avec les écologistes pour s'asseoir dans le fauteuil métropolitain rouennais.
La marge de manoeuvre est donc étroite mais la position du gouvernement est politiquement intelligente: il faut effectivement prendre au sérieux la proposition alternative sur laquelle s'est prononcé le conseil métropolitain rouennais avant toute décision définitive.