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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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19 avril 2021

L'humeur de BARREAU: Quand un projet ferroviaire oublie la Normandie

Qui prend le train sait qu’il est de plus en plus difficile de voyager de province à province sans passer par Paris.

 

1

Ce constat, la coopérative Railcoop (https://www.railcoop.fr) l’a fait également et propose des alternatives.

Penchons-nous un instant sur leur premier projet, la ligne transversale Bordeaux-Lyon et voyons comment la Normandie a été oubliée dans leur schéma de développement.

 Cette ligne Bordeaux-Lyon, qui maille le massif central et qui a le mérite de relier entre elles des villes de différentes tailles de régions enclavées, a connu son heure de gloire.  On y a même fait rouler le fameux turbo train (RTG) que nous connaissions bien sur la ligne Paris-Caen-Cherbourg.

Mais les grands visionnaires de l’État et de la SNCF ont décidé de privilégier la liaison Bordeaux à Lyon en empruntant les lignes à grande vitesse Bordeaux-Paris et Paris-Lyon.

 Constatant la disparition de cette ligne et appliquant le vieil adage « On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même » (phrase que nous, normands ne connaissons pas malheureusement..) s’est créée une société coopérative « railcoop » dans la région de Figeac en Occitanie afin de redonner une vie à cet axe ferroviaire oublié. Cela devrait être effectif en 2022.

 En effet, selon Railcoop « 90% des Français résident actuellement à moins de 10km d’une gare. Néanmoins, 30% des gares existantes sont non desservies et le réseau actuel sert en priorité les grandes villes et les axes Paris-Province ». Fort de ce constat, railcoop se proposede « redonner du sens à la mobilité ferroviaire en impliquant citoyens, cheminots, entreprises et collectivités autour d’une même mission : développer une offre de transport ferroviaire innovante et adaptée aux besoins de tous les territoires »

 Profitant de l’évolution de la réglementation européenne dans le rail (ouverture à la concurrence) dans le but de pérenniser leur coopérative, elle a pour projet l’exploitation de deux nouvelles lignes en 2023 : Lyon-Thionville/Nancy et Toulouse-Rennes.

 

Et la Normandie dans tout cela me direz-vous ?

 Lorsqu’on regarde le tracé choisi « Toulouse-Rennes », (voir carte) on s’aperçoit que celui-ci semble cohérent de Toulouse au Mans.

Ainsi, il relie les villes de Montauban, Cahors, Brive-la-Gaillarde, Poitiers, Limoges, Tours, et Le Mans.

Puis il file vers Laval pour finir à Rennes...et c’est sur ce dernier tronçon que je m’interroge.

Il me semble logique que le terminus aurait dû se faire à Caen au lieu de Rennes. Pourquoi ?

 

1/ la continuité de la ligne Tours-Le Mans-Caen. Pour Lyon-Nancy-Thionville, il ne leur est pas venu l’idée d’obliquer à Nancy pour poursuivre et achever la ligne à Strasbourg, métropole qui est très bien desservie par train (comme Rennes).

2/ la desserte de territoires, qui rappelle en quelque sorte la situation du Massif Central : Alençon, Argentan, Mézidon sont des territoires «à la peine» en perte d’habitants.

3/ faible offre de dessertes entre Le Mans et Caen et pas d'offre du tout par les cars "Macron".

 

J’insiste sur le fait que l’axe Le Mans-Laval-Rennes est déjà très bien desservi par TGV (LGV + ligne "classique"). Alors pourquoi ce choix ?

Celui-ci ne fait que renforcer l'attractivité de la métropole rennaise. Railcoop se trouve donc en contradiction avec ses propos : on peut lire sur leur site internet ceci :

 "Notre objectif est de renforcer l’usage du train dans sa globalité. Nous ne nous inscrivons donc pas en concurrence avec les services organisés par les autorités organisatrices de transport, mais nous fournissons des services complémentaires qui ne sont pas, ne sont plus ou ne sont que partiellement fournis dans le cadre du service public" ainsi que" Le développement d’une offre ferroviaire nouvelle doit permettre de renforcer le maillage des territoires, c’est-à-dire les connexions directes entre territoires, et non une centralisation de l’offre autour de métropoles, afin de contribuer au désenclavement des territoires".

J’ai donc posé directement mes questions et présenté mes arguments à Railcoop afin d’obtenir des précisions quant au choix du terminus. Voici la réponse de la chargée de communication :

 « Bonjour,


L'axe Rennes - Le Mans est effectivement déjà desservi par un bon service ferroviaire. Toutefois, il est actuellement compliqué, sans passer par Paris de faire un Rennes-Poitiers, un Le Mans - Limoges ou même un Brive-Poitiers.

Sur la desserte du sud normand, c'est une piste à explorer.

Notre cercle de sociétaires Service Annuel 2023 réfléchit actuellement au choix des futures lignes qui seront lancées par Railcoop grâce à une analyse multicritères (équilibre économique, exploitabilité des lignes, dynamisation des territoires, valorisation écologique et sociale…). Cette analyse, qui permet une présélection de lignes, est par la suite complétée par des études de marché.

En vous souhaitant une bonne fin de journée,

bien cordialement,

Olivia Wolanin

Chargée de communication & relations presse

SCIC SA à capital variable

Pôle communication et relations institutionnelles

5, rue de la Gare

67 140 Barr

railcoop.fr

+33 (0)6 08 78 72 96

olivia.wolanin@railcoop.fr

 Avec une réponse aussi «bâclée», sans arguments pertinents, ni convaincants on ne comprend toujours pas ce choix... C’est à se demander si elle connaît le secteur concerné ; elle est basée en Alsace, ceci explique peut être cela ! En effet, avec un terminus à Caen en lieu et place de Rennes, il y aurait toujours des Le Mans-Limoges ou Brive-Poitiers…

De même, elle m’affirme "qu'il est difficile de faire Rennes-Poitiers". Certes, mais que dire de la liaison inexistante Normandie-Poitiers ??  J’ajouterai que les rennais ont la chance d’aller jusqu’à Poitiers par Paris en empruntant une LGV de bout en bout (ce qui n’est pas le cas des normands) et que s’ils ne veulent pas se perdre à Montparnasse (peuvent-ils s’y perdre ? Non, c’est un quartier breton !) ils peuvent changer de train au Mans pour aller à Poitiers.


Alors pourquoi ce choix de Rennes au détriment de Caen ?

 

A mon sens plusieurs raisons :

- La métropole rennaise a une attractivité bien supérieure à Caen. Les bretons s’exportent beaucoup. Les échanges sont nombreux avec le reste de la France, bien plus que des normands bien pantouflards, se contentant de mettre trop souvent le cap sur un quai de Saint Lazare. Une métropole aussi attractive au sein d’une région aussi attractive pourrait expliquer ce choix fait depuis l’Occitanie.

- Malgré les belles intentions de Railcoop, détaillées ci-dessus, il faut une rentabilité à la ligne. Les wagons seront davantage remplis sur la partie Le Mans-Rennes que la partie Le Mans-Caen.

- Cette coopérative misant sur un développement sur le territoire national, on peut imaginer aussi la présence de Bretons (se comportant en Bretons!) dans ou autour du projet Railcoop. On sait que ce peuple de lobbyistes est très efficace, qu’ils veillent sur tous les projets et qu’ils interviennent partout pour privilégier leur région. Cela pourrait également expliquer ce choix.

L’absence des normands est regrettable : cela aurait pu être une occasion de plus de faire exister cette ligne Caen-Tours en donnant au passage un peu d’oxygène au département de l’Orne. Cela aurait permis une relation en train de la Normandie vers le Poitou (axe Plantagenêt) et plus ailleurs vers le sud et au-delà même, de faire exister la Normandie sur la carte ferroviaire sans avoir à finir inexorablement dans la nasse des gares parisiennes.

 Nous nous faisons déborder par les autres qui captent les projets avant même qu’ils n’arrivent chez nous. Ici, ce sont des bretons/rennais, ailleurs, ce seront des nordistes/lillois.. sans parler de cette dépendance parisienne terrible car destructrice en même temps qu’elle peut être bénéfique sur certains points.

 Comme il est trop facile de n’accuser que les autres, il faut aussi se regarder sans complaisance. Finalement, nous avons ce que nous méritons. Pas de fierté chez les décideurs et les habitants : des Normands individualistes, absents avec des élus divisés, trop concentrés sur leurs querelles intestines, trop occupés à se livrer à leur sport favori qu’est le clochemerle.

Dans ces conditions, pas surprenant que la Normandie soit une vraie machine à perdre...

 Pour illustrer mes derniers propos et , toujours en lien avec le ferroviaire, je vous renvoie à un article, une pépite découverte dernièrement : « non, Alençon n’a pas refusé le train », au milieu du XIXe siècle.

C’est simplement les Manceaux qui l’ont doublé, avec une complicité normande !

Déjà à l’époque. ..

 https://actu.fr/normandie/alencon_61001/commentaire-non-alencon-n-a-pas-refuse-le-train_37941681.html

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Commentaires
V
Railcoop ouvrira sa première ligne à l’automne<br /> <br /> Actu-Transport-Logistique.fr | Ferroviaire | publié le : 14.05.2021 | Dernière Mise à jour : 14.05.2021<br /> <br /> Auteur Olivier Constant<br /> <br /> https://www.actu-transport-logistique.fr/ferroviaire/railcoop-ouvrira-sa-premiere-ligne-a-lautomne-669616.php<br /> <br /> <br /> <br /> Railcoop table désormais sur l’ouverture d’une première ligne régulière fret à l’automne 2021. L’expérimentation de ce nouveau service dans le Sud-Ouest de la France est prévue sur une durée d’un an.<br /> <br /> .../...
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V
Un article très documenté sur Railcoop :<br /> <br /> Railcoop : la coopérative qui veut faire revenir le train dans les campagnes<br /> <br /> France Culture 03/05/2021 (mis à jour à 05:07) Par Annabelle Grelier <br /> <br /> https://www.franceculture.fr/economie/railcoop-la-cooperative-qui-veut-faire-revenir-le-train-dans-les-campagnes<br /> <br /> <br /> <br /> Demain l'éco | C’est la première coopérative ferroviaire à entrer sur le marché depuis l’ouverture à la concurrence. Railcoop veut remettre des trains en circulation pour accélérer la transition écologique, mais aussi pour faciliter la mobilité entre territoires ruraux et villes moyennes. <br /> <br /> .../...
Répondre
B
Encore un projet qui oublie la Normandie: une entreprise de Charente va lancer ses trains à grande vitesse entre la nouvelle Aquitaine (Bordeaux et Arcachon) et l'Ouest (Poitiers, Tours, Angers, terminus Nantes et Rennes). <br /> <br /> Les normands plus que jamais condamnés à passer par les gares parisiennes s'ils veulent aller au delà de la capitale. <br /> <br /> Notre incapacité à nous ouvrir vers le Sud-Ouest sans passer par les gares parisiennes fait que nous sommes isolés par le rail.<br /> <br /> <br /> <br /> https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/ille-et-vilaine/rennes/tgv-un-operateur-prive-devrait-proposer-des-liaisons-entre-la-nouvelle-aquitaine-et-rennes-le-week-end-fin-2022-2067385.html<br /> <br /> <br /> <br /> https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/la-sncf-bientot-concurrencee-en-nouvelle-aquitaine-sur-la-ligne-lgv-entre-arcachon-bordeaux-poitiers-la-rochelle-2067673.html
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L
... " Pour illustrer mes derniers propos et, toujours en lien avec le ferroviaire, je vous renvoie à un article, une pépite découverte dernièrement : « non, Alençon n’a pas refusé le train », au milieu du XIXe siècle.<br /> <br /> C’est simplement les Manceaux qui l’ont doublé, avec une complicité normande !<br /> <br /> Déjà à l’époque... "<br /> <br /> <br /> <br /> Voir aussi :<br /> <br /> Années 1840 : l'occasion ratée de la ligne Paris-Brest<br /> <br /> Ouest-France M.D. Publié le 15/04/2013 à 18h35 <br /> <br /> https://www.ouest-france.fr/normandie/alencon-61000/annees-1840-loccasion-ratee-de-la-ligne-paris-brest-1048672
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V
Excellente et opportune intervention ! Mais il aurait fallu mentionner Cherbourg, au-delà de Caen, sans complication de prolongement de trajet, et... Le Havre, mais à condition d'admettre, enfin, le besoin d'un franchissement ferroviaire de l'estuaire de la Seine à proximité de cette ville-port !...
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