Normandie ferroviaire: c'est mieux! Mais peut mieux faire... Selon les associations d'usagers.
L'amélioration décisive du service ferroviaire normand faisait partie des grandes urgences régionales au moment de la réunification et de la mise en oeuvre de l'unité régionale et si un sujet particulièrement irritant pour les Normands à bout de patience après des années de galère ferroviaire, devait bénéficier directement de la présence d'un conseil régional normand doté de pouvoirs élargis sur un territoire enfin cohérent, c'était bien celui d'une SNCF normande totalement défaillante.
Hervé Morin, on s'en souvient, avait pris l'affaire en mains dès les premières semaines de la Normandie réunifiée en renégociant directement avec le gouvernement central d'alors (Manuel Valls) un plan de modernisation et de sécurisation du service public ferroviaire normand doté d'un milliard d'euros sans attendre la mise en oeuvre d'une LNPN reportée au delà de... 2030!
Les principales mesures furent de commander un nouveau matériel roulant pour équiper toutes les grandes lignes normandes reliées à la gare Saint Lazare, de rapatrier en Normandie la maintenance des trains normands et de lancer un vaste plan de rénovation des gares et de regénération des voies.
Six ans plus tard, on commence à percevoir les premiers effets positifs de ce plan de sauvetage. Mais ce ne sont que les prémices du printemps ferroviaire normand: la crise sanitaire que nous subissons depuis 2020 a notamment ralenti le déploiement des nouvelles rames "Omnéo" sur les grandes lignes normandes et du côté de la SNCF, le service reste toujours aussi aléatoire sur la question de la régularité des trains.
Enfin, les décisions prise par la région Normandie en tant qu'autorité régulatrice des transports en terme d'ouverture ou de fermeture de certaines lignes ou de certains horaires ne fait pas, par principe, que des heureux...
Moralité: le bilan est positif, certes. Mais il est largement perfectible, notamment sur le terrain de la "démocratie d'usage" si l'on en croit les associations d'usagers des trains normands: il est vrai que dans la culture hyper techno-jacobine de la maison cheminote nationale, la "démocratie d'usage", ça fait désordre...
Surtout dans une maison cheminote nationale qui croule sous une dette... maison colossale et où toute dépense est jugée à l'aune des économies qu'elle pourrait générer par ailleurs.
La Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) Normandie et le collectif de défense des axes ferroviaires du Sud Normandie s’expriment, ce jeudi 22 avril 2021, sur les avancées annoncées hier par la Région, la SNCF et une association d’usagers.
Une réunion de travail organisée avec la Région, la SNCF et les représentants des usagers s’est tenue récemment. « Des avancées pourraient être appliquées à partir de décembre », espérait mercredi 21 avril 2021 Xavier Jacquet, le président de l’Association pour la défense et la promotion du chemin de fer dans l’Ouest de la Normandie, annonçant notamment que le service ferroviaire entre Caen et Rennes pourrait voir la création de deux trains.
Ces annonces ont fait vivement réagir d’autres associations usagers, notamment celles de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) Normandie. Elle dénonce notamment la mise « à l’écart [d] es voix représentatives des usagers des lignes normandes ». Et appelle de ses vœux « de nouvelles avancées pour le service annuel 2022. Les consultations en 2020 n’ont porté que sur le SA 2021 ».
De plus, selon la Fnaut, « les réunions par axe (12, 19 et 20 avril) ont été l’occasion d’une présentation par la SNCF de quelques rares propositions d’adaptations du service, sans qu’il y ait eu au préalable une consultation des associations malgré nos multiples sollicitations depuis le début 2021. Ces réunions interviennent alors que la commande des sillons a déjà été faite le 31 mars. La « concertation » arrive donc quand l’essentiel est déjà arrêté ! »
« Faire passer la pilule »
Les améliorations sont insuffisantes, pointe la Fnaut : « Pour chaque axe, une ou deux améliorations sont mises en œuvre pour « faire passer la pilule » d’un immobilisme global : certaines consistent à revenir sur des errements plusieurs fois dénoncés en rétablissement positivement les arrêts à Yvetot et Bréauté du train 3 119 Paris D 15 h 40-Le Havre et la relation Caen-Rennes en train vendredi et dimanche soir pour les étudiants. » Et de lister de nombreuses « demandes récurrentes toujours pas prises en compte par la SNCF et [qui] ne semblent pas soutenues par les services de la Région », avant d’interroger : « Dans ce contexte où les adaptations se font à dose homéopathique, combien d’années faudra-t-il pour que le service ferroviaire réponde aux besoins des usagers normands dans tous les territoires ? »
Même son de cloche pour le collectif de défense des axes ferroviaires du Sud Normandie, dans deux communiqués portant dans le détail sur les axes Caen-Rennes, Paris-Granville et Caen-Le Mans-Tours. Il se félicite que « les propositions portées depuis plus deux ans pour l’amélioration des dessertes trouvent un écho grandissant au sein des élus et des populations concernées. Pour autant, malgré les engagements de M. Morin auprès de certains d’élus de mettre à l’étude les propositions de partir plus tôt de Granville (5 h 30 avec une arrivée à Paris à 8 h 30) et de Paris (6 h 55 avec une arrivée vers 10 h à Granville), ces améliorations sont restées lettre morte ».
Le collectif se désole : « Dans de nombreux cas, la construction des horaires se fait à présent, sans tenir compte des besoins réels des usagers. Elle est guidée par la rationalisation des coûts de personnel et une utilisation optimale du matériel, dictées par des choix budgétaires, loin de la volonté réelle de développer un des transports les moins polluants. »