470 000 PAUVRES NORMANDS
On n'en parle jamais ou si peu!
Et on déplore que les forces politiques légitimes pour porter dans le débat politique public la lancinante question de la pauvreté ne le fassent plus assez car la question sociétale a été jugée électoralement plus profitable que la question sociale:
Les pauvres ne votent pas ou pas assez et quand il leur arrive de voter, ils votent... mal!
Dans une région qui fait encore 25% de son produit intérieur brut dans l'industrie, la question sociale demeure la question populaire "laborieuse" c'est-à-dire, la question des employés qui travaillent dans la fabrication qu'elle soit agro-alimentaire ou non dans le cadre de la petite et moyenne entreprise avec une prédominance des très petites entreprises (TPE) réparties sur l'ensemble du territoire normand mais aussi de quelques grandes usines localisées dans la vallée de la Seine: ce tissu industriel normand encore très dense et diversifié a pour fragilité principale d'être dépendant de grands donneurs d'ordres extérieurs à la Normandie voire à la France.
Revenons à la question sociale: il faut avoir l'honnêteté de dire que la moyenne des salaires normands est en dessous de la moyenne nationale parce que le niveau de diplômes en Normandie reste aussi en dessous de la moyenne nationale. Cela renvoie au profil "populaire" évoqué plus haut.
Par exemple, à Caen, le revenu médian mensuel n'était que de 1600€ en 2019: on est loin des "petits Paris de province" qui s'affichent régulièrement sur le papier glacé des hebdomadaires de la grande presse nationale même si l'augmentation probable de l'exode hors de l'Ile-de-France de Parisiens et de Franciliens à hauts revenus va modifier le profil socio-économique d'une ville comme Caen avec pour conséquence, une augmentation des prix de l'immobilier qui risque de chasser encore plus loin les ménages "populaires":
C'est la raison pour laquelle la jacquerie contemporaine des "Gilets Jaunes" a été si profonde en Normandie sur tous les ronds-points de notre région car les classes populaires laborieuses normandes ont l'habitude de rouler... Sauf sur l'or!
C'est fragilité structurelle peut avoir des conséquences sociales importantes dans un contexte de guerre économique permanente liée à une mondialisation non maîtrisée qui met à rude épreuve le tissu industriel normand:
Hervé Morin, dans la mandature fondatrice du retour à l'unité normande a donc bien eu raison de cibler depuis six ans, cette urgence de renforcer le tissu entrepreneurial normand car la pérénnité des emplois de l'industrie normande c'est le véritable "bouclier social des Normands": éviter qu'un salarié normand ne perde son travail, c'est le point de départ de toute politique sociale digne de ce nom!
On remarquera, d'ailleurs, la connivence politique entre l'actuel président de région normand et les élus communistes normands pour défendre, ensemble, les intérêts de l'industrie régionale: c'est peut-être la raison principale pour laquelle le PCF a refusé de participer à l'alliance PS-Europe Ecologie Les Verts pour une liste commune dite de "gauche" aux élections régionales de juin prochain.
Malheureusement, cette politique absolument indispensable n'a pas beaucoup de prise sur une masse de chômeurs normands pris dans la nasse du chômage de longue durée en raison de difficultés socio-scolaires préalables (par exemple: l'illettrisme reste à des niveaux élevés en Normandie), des difficultés culturelles aussi (manque de savoir-être notamment chez les jeunes) et surtout un niveau de formation insuffisant ou inadapté pour espérer être embauché...
Disons-le clairement: la réforme de l'assurance chômage voulue par Emmanuel Macron avec une opiniâtreté étrange risque d'aggraver la situation des classes populaires normandes:
Dans la Chronique de Normandie (n°683, avril 2021) réalisée et éditée par Bertrand Tierce, on parle enfin des 470 000 pauvres normands!