6 juin 1944: le tourisme de la Mémoire en Normandie doit rester un pèlerinage laïc qui commémore... un sacrifice humain.
... En évitant de tomber dans l'indécence de l'hérésie d'une exploitation commerciale de la douloureuse Mémoire de l'été 1944.
Pourquoi?
1) Parce qu'on ne peut détruire le Mal (en l'occurrence, le Nazisme) que par un sacrifice (sacrifice des soldats alliés, sacrifice des résistants normands, sacrifice des populations civiles normandes).
2) Parce que notre Liberté retrouvée est fondée sur ce sacrifice humain de l'été 1944.
3) Parce que nous avons le devoir de transmettre dans la piété et la décence aux jeunes générations la Mémoire de ce sacrifice humain.
Le dernier point est essentiel car il justifie le fait que le tourisme de la Mémoire en Normandie demeure, avant tout, un véritable pèlerinage laïc sur les sites historiques de la bataille de Normandie de l'été 1944, dans les cimetières militaires, les monuments commémoratifs, plaques et inscriptions, musées et expositions...
Et l'enjeu est de cultiver cette mémoire, qu'elle ne se perde pas: qu'elle demeure active pour ici et maintenant.
Pour demain:
C'est la raison pour laquelle, contre l'indécence de certains ricanements, nous avons toujours soutenu l'initiative de l'actuel président de la Normande de créer à Caen, un forum de rencontres internationales avec les meilleurs spécialistes mondiaux sur la question de la Paix, la veille de la date du Six juin.
Ou encore: la création d'une cinéscénie d'histoire publique sous la forme d'un spectacle faisant la synthèse des événements de l'été 1944 pour permettre l'indispensable pédagogie à destination des plus jeunes générations et du grand public d'aujourd'hui. Certaines expériences "d'histoire publique" peuvent démontrer par la qualité de la scénarisation et des techniques employées qu'elles peuvent se tenir à la hauteur du sujet traité à condition de respecter le fond et la forme.
A condition que l'esprit de boutique et les éoliennes cèdent, pour une fois, la première place que notre époque médiocre leur réserve d'ordinaire.
A cette aune, on lira avec intérêt le dossier publié le 5 juin 2021 dans le quotidien "Les Echos":
L'incompréhension demeure en France face à la démarche "d'histoire publique" avec une certaine paresse intellectuelle et une mauvaise foi qui font tache chez ceux qui drapent leur bonne conscience dans la mémoire du Jour-J:
Précisons, avant de lire cet article proposé par Philippe Legueltel que ce projet de cinéscénie dédié au Débarquement et à la bataille de Normandie de l'été 1944 ne sera pas implanté sur les sites historiques du débarquement et encore moins à l'orée des cimetières militaires et des monuments commémoratifs mais à Carentan sur un espace déjà consacré à l'accueil du grand public intéressé par l'évocation historique et militaire de l'été 1944 en Normandie.
Précisons, enfin et surtout, que ce projet de cinéscénie est conduit sous l'autorité scientifique nécessaire avec des historiens et avec le soutien du Mémorial de Caen...
Le récit du 6 juin 1944, sous forme d'un spectacle vivant du type « Puy du Fou », suscite la controverse dans une région où le tourisme de mémoire attire encore beaucoup de visiteurs et d'investissements. La saison 2021 risque néanmoins comme l'an dernier de rester très franco-française.
Ce dimanche 6 juin, comme l'an dernier, les commémorations célébrant le Débarquement du 6 juin 1944 seront organisées en comité restreint, crise sanitaire oblige. Seule Florence Parly, ministre des Armées, sera aux côtés de l'ambassadeur de Grande-Bretagne pour inaugurer le Mémorial britannique de Ver-sur-Mer (Calvados), dont la première pierre avait été posée par Emmanuel Macron et Theresa May, alors Premier ministre du Royaume-Uni, en 2019.
Il ne devrait pas en être de même le 6 juin 2024, à l'occasion du 80e anniversaire du Débarquement. Si tout se passe comme ses concepteurs l'ont prévu, les visiteurs des plages normandes devraient pouvoir assister à un spectacle racontant, « de manière contemporaine, fidèle et grand public », l'histoire de ce jour de juin 1944, ce qui précède mais aussi les trois mois de la bataille de Normandie qui ont suivi. Dans un lieu aménagé pour cela sur plusieurs hectares, l'événement serait permanent, se déroulant chaque soir, de mars à octobre.
D'ici-là, trois ans de travail, d'explication et de conviction seront largement nécessaires aux promoteurs de ce projet. Ce dernier, depuis qu'il a été rendu public par Hervé Morin, président de la région Normandie, en 2020, suscite controverses, polémiques et oppositions.
Né dans la tête de Stéphane Gateau, réalisateur et producteur et de Roberto Ciurleo, producteur de comédies musicales (« Bernadette de Lourdes »), le récit s'écrit à plusieurs mains. Pour les aider, les deux professionnels ont fait appel à Serge Denoncourt, metteur en scène québécois.
Rebaptisé aussitôt par ses contempteurs de « D-Day Land » et vite qualifié de parc d'attractions, comparé à un « Puy-du-Fou du Débarquement », le projet marque aujourd'hui le pas. « Il est inconcevable et déplacé de faire un spectacle vivant sur la guerre. C'est un manque total de respect aux soldats, notamment ceux qui sont tombés ici. Laissons ça aux musées qui proposent déjà des évocations immersives », tacle Maxi Krause, cofondatrice et porte-parole du Comité citoyen de Ver-sur-Mer pour la défense de notre patrimoine.
Organisée en octobre 2020 à Carentan-les-Marais (Manche), une réunion publique a permis d'en montrer les grandes lignes. « C'est un projet ambitieux qui, sans vouloir réécrire l'Histoire, veut lui être fidèle », plaide Jean-Pierre Lhonneur, le maire de la commune et candidat à l'accueil des installations, non loin des plages d'Utah Beach et d'Omaha Beach.
« Cette polémique repose sur un faux nom et une méconnaissance totale du contenu. Cela nous prive d'un débat sur l'évolution du comportement de nos visiteurs et sur l'avenir de nos musées. C'est dommage », regrette Stéphane Grimaldi, directeur du Mémorial de Caen.
Porté uniquement par des partenaires privés pour un budget compris entre 100 et 200 millions d'euros, le projet pourrait, à terme, attirer 600.000 spectateurs par an. Face aux plages mais aussi dans les terres marquées par la Seconde Guerre mondiale, le tourisme de mémoire attire et rapporte en Normandie.
Cette polémique repose sur une méconnaissance totale du contenu. Cela nous prive d'un débat sur l'évolution du comportement de nos visiteurs.
Stéphane Grimaldi Directeur du Mémorial de Caen.
Pour le seul département du Calvados, qui totalise une trentaine de sites de mémoire, les retombées économiques atteindraient plus de 200 millions d'euros sur une année, selon une étude récente d'Atout France. Boostée par une année 2019 exceptionnelle, celle du 75e anniversaire, avec un pic de fréquentation de plus de 6 millions de visiteurs jamais atteint (5 millions par an en moyenne), 2020 aura enregistré une chute vertigineuse avec une baisse des visites de plus de 80 %.
« Malheureusement, la situation perdure pour cet été avec, à nouveau, l'absence de la clientèle étrangère (47 % des visiteurs), notamment nord-américaine. L'année sera rude encore », déplore Michael Dodds, directeur de Normandie Tourisme. Pour répondre à la demande et préparer l'avenir, les investissements liés au Débarquement se poursuivent sans discontinuer.
Dans le Calvados, d'Arromanches-les-Bains à Longues-sur-Mer, des musées et sites se rénovent. De nouveaux se construisent encore comme ce Mémorial britannique financé intégralement par le gouvernement du Royaume-Uni pour plus de 22 millions d'euros, inauguré ce dimanche 6 juin.
L'offre est de taille avec 94 sites et lieux de visite dont 42 musées et autres lieux (mémoriaux, cimetières, sites naturels…). Le « Jour J » reste même la première thématique de visite dans la région. Le futur projet touristique devrait franchir une nouvelle étape avec une communication publique attendue d'ici septembre prochain. Les plages du 6-Juin n'ont pas fini de faire parler d'elles.
Lire aussi:
Au large des côtes du Calvados, la construction d'un parc éolien vient d'être lancée. Des opposants demandent son éloignement des plages du 6-Juin.
Face à la plage de Courseulles-sur-Mer (Calvados), la mer s'étend encore à perte de vue. Si la pose des 64 éoliennes du futur champ éolien offshore ne sera réalisée qu'en 2024, les premiers travaux de raccordement du parc ont été lancés depuis février par RTE, le responsable du transport de la future électricité. Il s'agit de creuser les tranchées pour acheminer, demain, le courant venant de la mer.
Invisibles pour l'instant, ces éoliennes sont pourtant au coeur de débats depuis maintenant neuf ans. Localisé à plus de 10 km des côtes, le futur parc marin a été attribué par l'Etat à un consortium emmené par EDF Renouvelables en 2012.
Aussitôt, la polémique sur le choix de son implantation, au large des plages du 6-Juin, est née, là ou 150.000 hommes ont débarqué. Elle a rapidement pris la forme d'actions devant les tribunaux engagés par différentes associations. Deux recours sont toujours en cours d'instruction devant le Conseil d'Etat.
« Arrêtons le massacre ! Un éloignement du projet à 50 km des côtes apporterait une triple garantie : des créations d'emplois inchangées, un patrimoine visuel et historique protégé et une meilleure cohabitation avec les autres usagers de la mer. Il n'est pas trop tard, les fondations ne sont pas posées », proteste Elsa Joly-Malhomme, à la tête l'association Libre Horizon, créée en 2013.
Arrêtons le massacre ! Un éloignement du projet à 50 km des côtes apporterait une triple garantie.
Elsa Joly-Malhomme Présidente de l'association Libre Horizon
Lors du débat public, organisé de mars à juillet 2013 en présence de près de 2.000 personnes, chacun a pu faire entendre sa voix. « Des vétérans canadiens qui ont débarqué ici, favorables au projet, m'ont dit : 'Nous vous avons rendu la liberté, c'est à vous d'en faire ce que vous voulez' », soulignera Anne d'Ornano, alors conseillère générale du Calvados.
« Nous avons pris l'engagement de créer un groupe de travail avec les anciens combattants et l'université de Caen pour faire perdurer l'histoire du site du Débarquement à cet endroit. Quant à l'emplacement du parc, les autorisations nous ont été données pour cette zone, nous ne sommes pas en capacité de le déplacer », se défend Bernard Guitton, directeur du projet pour EDF Renouvelables.
D'une capacité de 448 MW, le site offshore occupera une surface totale d'environ 45 km2. A sa mise en service, attendue en 2024, il produira l'équivalent de la consommation annuelle en électricité de 630.000 personnes, soit plus de 90 % de la population du Calvados.
Quant aux partisans du classement des plages au patrimoine mondial de l'Unesco , engagé par la région Normandie, ils s'inquiètent aussi de la présence des éoliennes. Pour l'heure, l'examen du dossier est reporté sans aucune raison avec le parc. Car, même si les futures turbines peuvent poser problème, jamais l'organisation internationale n'a encore classé de sites associés à des conflits militaires récents.
Voir, ensuite, tiré du Daily Mail, ce reportage très émouvant réalisé sur la cérémonie britannique pour le 77ème anniversaire du 6 juin 1944 au mémorial de Ver-sur-Mer, cérémonie retransmise en direct en Angleterre pour les vétérans et leurs familles depuis le mémorial national de l'arboretum d'Alrewas dans le Staffordshire:
'May God bless our veterans': Prince Charles gives video message at unveiling of 'long overdue' British D-Day memorial in Normandy today... 77 years after thousands paid the 'ultimate sacrifice'
- British servicemen and women killed in D-Day landings have been honoured with war memorial in Normandy
- As the sun rose over the French village of Ver-Sur-Mer, British piper Steve Black played to commemorate them
- The names of the 22,442 men and women serving under British command who lost their lives are now inscribed on the pillars of the British Normandy Memorial
Prince Charles today honoured the British servicemen and women who died in the D-Day landings in a video message at the unveiling of a 'long overdue' war memorial in Normandy.
After 77 years, the British Normandy Memorial was opened to commemorate the more than 22,000 troops killed as they landed on the Nazi-occupied shore.
The names of those 22,442 men and women under British command who lost their lives during the invasion are now inscribed in stone pillars at the memorial in the French village of Ver-sur-Mer.
This morning, as the sun rose over the French village of Ver-Sur-Mer, British piper Steve Black played to commemorate the fallen soldiers in a poignant scene.
Draped in the Union flag, Mr Black stood alone on a hillside overlooking Gold Beach, where British troops stormed ashore on June 6, 1944.
Unveiling the memorial virtually from London, Prince Charles said: 'As I said when I first became aware of the plans for this long overdue British memorial, it has for many years been a concern to me that the memory of these remarkable individuals should be preserved for future generations as an example of personal courage and sacrifice, for the benefit of the wider national and, indeed, international community.
Prince Charles today honoured the British servicemen and women who died in the D-Day landings in a video message at the unveiling of a 'long overdue' war memorial in Normandy.
As the sun rises over the French village of Ver-Sur-Mer, British piper Steve Black plays to commemorate the fallen soldiers in a poignant scene. The names of those 22,442 men and women who lost their lives during the invasion of Nazi-occupied France are now inscribed on the pillars at the British Normandy Memorial.
Draped in the Union Jack, Mr Black stands alone on a hillside overlooking Gold Beach, where British troops stormed ashore on June 6, 1944.
Veterans watch the official opening of the British Normandy Memorial in France via a live feed during a ceremony at the National Memorial Arboretum in Alrewas, Staffordshire on Sunday.
The French Air Force Patrouille de France Team perform fly over the Normandy coast at the official opening ceremony at Ver-sur-Mer
'May God bless our Veterans, the families and all those who paid the ultimate sacrifice as a result of the operations around D-Day and during the Battle of Normandy.'
Hundreds of veterans, their families and relatives of the fallen gathered at the National Memorial Arboretum in Staffordshire today to watch the unveiling virtually.
The veterans, who could not travel to see the opening in Ver-Sur-Mer due to Covid-19 restrictions, wore their uniforms and medals as they sat under umbrellas in rainy Staffordshire to watch the event remotely.
'I know just how much our incomparable Veterans had hoped to be in Normandy today to see "their" Memorial for themselves,' Prince Charles said.
'Despite having to watch via satellite link, this in no way obscures the enormous regard, and admiration, in which we hold our Veterans or diminishes our debt of gratitude to the more than 22,000 men and women whose names are now permanently inscribed in stone in this place of honour above Gold Beach.'
Hundreds of veterans, their families and relatives of the fallen gathered at the National Memorial Arboretum in Staffordshire today to watch the unveiling virtually.
Veterans and their families sing during the ceremony as they watch the opening of the British Memorial in France virtually from Alrewas, Staffordshire.
A veteran becomes emotional while watching the official opening of the memorial from the National Memorial Arboreturm in Alrewas, Staffordshire.
Commandos of the 50th (Northumbrian) Infantry Division of the British Army coming ashore from Landing Craft Infantry at Gold Beach in Normandy, France, on 6 June 1944.
Troops from the 48th Royal Marines at Saint-Aubin-sur-mer on Juno Beach, Normandy, France, during the D-Day landings, 6th June 1944
Several ceremonies are scheduled Sunday to commemorate the 77th anniversary of the decisive assault that led to the liberation of France and western Europe from Nazi control, and honor those who fell.
On D-Day, more than 150,000 Allied troops landed on the beaches code-named Omaha, Utah, Juno, Sword and Gold, carried by 7,000 boats. This year on June 6, the beaches stood vast and empty as the sun rose, exactly 77 years since the dawn invasion.
The memorial in Ver-sur-Mer, which was opened by Prince Charles virtually, includes the names of servicemen and women from more than 30 countries who were under British command.
Until now, there has never been a single memorial to British servicemen who lost their lives in the D-Day landings and the wider Operation Overlord - which saw Allied troops retake Normandy from Nazi occupation.
Mr Black stands alone as he looks out on to Gold Beach on top of a hillside in Ver-sur-Mer, Normandy, where thousands lost their lives.
A veteran watches the official opening of the British Normandy Memorial in France via a live feed on Sunday.
Voir enfin:
https://actu.fr/normandie/ouistreham_14488/leon-gautier-le-dernier-survivant-du-d-day_42324023.html
À 98 ans, Léon Gautier est le dernier survivant des 177 hommes du commando Kieffer. Le seul bataillon français qui a débarqué en Normandie le 6 juin 1944.
Quelques jours avant le 77e anniversaire du Débarquement en Normandie, Léon Gautier nous reçoit dans sa maison à Ouistreham (Calvados) où il vit depuis 29 ans. À quelques centaines de mètres de là où il a débarqué le 6 juin 1944.
Devant Roland-Garros, il prend le temps de s’assurer que Gaël Monfils égalise à un set partout avant d’éteindre la télé : « je reprendrai tout à l’heure ».
Actu : Que gardez-vous en mémoire du 6 juin 1944 ?
Léon Gautier : On a débarqué à Colleville-sur-Orne alors (aujourd’hui Colleville-Montgomery) à 7 h 20. On était parmi les premiers. Les Français du commando Kieffer faisaient partie des barges 523, la mienne, et 527. Sur la plage cela a été assez facile.
C’est-à-dire ?
LG : Dawson le chef du commando n°4 (dans lequel Kieffer était intégré) nous avait dit avant de débarquer : messieurs les Français à vous l’honneur. Il valait mieux avoir 50 m d’avance sur la plage avec les tirs.
C’était quoi votre mission ?
LG : Rentrer dans les terres et prendre à revers les blockhaus de toutes les plages jusqu’à Ouistreham.
Racontez-nous cette journée ?
LG : Après avoir débarqué on a pris la route de l’intérieur à Colleville qu’on a longé jusqu’au casino de Ouistreham. De là, retour sur la plage de Colleville pour récupérer nos sacs qui contenaient 15 jours de vivres et les munitions. On est reparti à l’intérieur vers Colleville, direction Pegasus. On est arrivé à Amfreville à 18 h.
Le 6 juin, on n’a pas vu le temps passer tellement il y avait de boulot à faire. Sur 177 hommes, dix étaient morts et on comptait une quarantaine de blessés.
Léon Gautier n’a pas été blessé au combat, mais en Angleterre en permission après la bataille de Normandie. « Je me suis blessé à la jambe en sautant d’un train. Ils ne s’arrêtaient pas à toutes les gares à l’époque, ils ralentissaient seulement. »
Peu après, en octobre 1944, il se marie avec Dorothy, jeune Anglaise rencontrée en 1943 (elle est décédée en 2016). « En août 1945 après la guerre je n’avais pas un sou, mais j’ai vite trouvé du boulot. » Expert automobile, Léon Gautier a travaillé en Angleterre puis en Afrique avant de rejoindre la France à Beauvais.
« En 1992, comme une lubie, on a voulu avec mon épouse habiter à Ouistreham. La première maison en vente on l’a achetée et on y est resté. »
LG : Ça ne s’est pas arrêté au 6 juin ?
Un commando, c’est plus pour un coup de main. On devait être là pour quatre jours.
En fait, on est resté 78 jours en Normandie. C’est pas mal hein ?
Le Débarquement, vous l’avez appris comment ?
LG : Officiellement trois, quatre jours avant le 5 juin, reporté au 6 à cause d’une tempête. Mais on pensait bien que c’était imminent. Depuis 1943 on s’entraînait. Trois mois avant le 6 juin, on est reparti en Écosse (où a été créé le 1er commando français) et ensuite dans le Devon pour un entraînement au débarquement de masse.
La traversée de la Manche, c’était comment ?
LG : On a embarqué à Portsmouth à 16 h le 5 juin. On a attendu à hauteur de l’île de Wight et à 23 h on a mis le cap vers la France.
La France, vous l’aviez quittée 4 ans avant ?
LG : Oui j’étais sur le Courbet (un cuirassé) en juin 1940 (il avait 17 ans), on a rejoint Portsmouth.
Près de Liverpool où on était stationné, des Anglais m’ont parlé d’un général français qui voulait continuer le combat : De Gaulle que personne ne connaissait. J’ai rejoint les forces de la France Libre le 13 juillet 1944.
De Gaulle, vous l’avez rencontré ?
LG : Une première fois en octobre 1940 et une autre fois après la guerre, on a visité sa maison à Colombey.
Pendant quatre ans vous n’avez pas vu votre famille ?
LG : J’étais de Rennes, j’y suis retourné après la guerre. En 1943, grâce à la Croix-Rouge, mes parents ont su que j’allais bien.
Depuis le décès d’Hubert Faure (17 avril 2021), vous êtes le dernier du commando Kieffer ?
LG : Oui je suis le dernier survivant. Mais il faut bien partir un jour. La vie, ça va, ça vient, j’en suis conscient.
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Et en 1944, la mort, vous en étiez conscient ?
LG : Non on n’y pensait pas. À cet âge-là (21 ans) on croit que ça n’arrive qu’aux autres.