Hervé MORIN: la Normandie au coeur et au corps car la Réunification a réveillé l'économie normande...
L'Etoile de Normandie livre à la sagacité de ses lecteurs les deux articles suivants récemment parus dans les éditions de Ouest-France:
Nous poursuivons notre présentation des sept têtes de liste des élections régionales des 20 et 27 juin 2021. Le sortant, Hervé Morin, premier président de la Normandie réunifiée, est candidat à un second mandat et favori de l’élection.
« Bonjouuuuur monsieur, depuis combien de temps vous travaillez là ? Quarante ans ? J’ai eu M. Macron au téléphone, il vient de m’annoncer que vous alliez rester plus longtemps. » Courbé devant lui, Hervé Morin s’intéresse au machiniste de l’usine de la Manche, à son métier, à ses passions, à ce qu’il fera à partir de lundi, quand il sera à la retraite.
Il a la même aisance avec le patron. Ce jour-là, chez Chéreau, le n° 1 en Europe de la fabrication de remorques frigorifiques pour poids lourds, il partage avec Damien Destremau, le PDG, la fierté de participer au rachat du groupe par des capitaux 100 % français, dont le fonds Normandie participations qu’il a créé. On parle millions, fonds d’investissement, réseaux professionnels.
Hervé Morin réclame au patron un soutien financier pour aider à la mobilité des stagiaires. Affaire conclue. « Vous penserez à mettre un drapeau normand à l’entrée de l’usine ? » Le pas rapide et un peu chaloupé, le président file déjà. Un autre sujet l’attend, ou une autre ville, ou une autre rencontre.
« Je me sens à ma place »
Hervé Morin vit la campagne des élections régionales à son rythme : sans pause. Élu de justesse en décembre 2015 premier président de la Normandie réunifiée, le président des Centristes mène la course en tête à quelques jours du premier tour. Après un mandat dans l’opposition du conseil régional de Haute-Normandie au cours duquel il a brillé par son absentéisme, c’est avec l’image de dilettante qu’il s’est installé dans le fauteuil de président le 4 janvier 2016.
Cinq ans et demi plus tard, ses opposants, étourdis par le nombre de ses déplacements et de ses communications, disent qu’il a été en campagne tout son mandat durant. La Région, une révélation ? « Je me sens à ma place, dit l’ancien ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy. J’aime ce que je fais passionnément. Le dernier sondage me place en tête mais ça reste un sondage. Ce qui me fait plaisir, c’est que la majorité des Normands interrogés, qu’ils votent pour moi ou pas, disent que le bilan est bon. » Il est de ceux qui ont le plus incarné la fonction de président de Région depuis la création des grandes régions, mais à quelques semaines de son soixantième anniversaire, Hervé Morin assure « en avoir fini avec la vie politique nationale ». Sans pour autant ménager ses coups contre le gouvernement, et déroulant des idées parfois détonantes.
Centristes comme lui, Républicains, MoDem, non-encartés, ses colistiers et colistières « n’ont qu’un parti, la Normandie » et pas une étiquette sur l’affiche. « Cette liste, c’est ma liste, pas celle des partis, dit-il. Et elle ne changera pas entre les deux tours. »
Cette grande Normandie, il la voulait. Il l’a construite avec le souci de l’équilibre entre les territoires, entre Caen, Rouen et Le Havre. Il a réuni pendant ses premières années de mandat les présidents de Départements en G6. S’est appuyé sur les intercommunalités, beaucoup pendant la crise. « Il ne faut pas rompre l’équilibre entre la Haute et la Basse-Normandie, ça reste toujours fragile. »
La vie au quotidien
Deux salles, deux ambiances. Une heure plus tard, des brins de paille sous les pieds et l’odeur de purin dans le nez, Hervé Morin scrute le robot de traite de la ferme des Anquetil, à Auvers (Manche). Le bien-être animal, les fonds européens, l’énergie solaire. L’heure tourne. « Là, il est dans son élément, on va avoir du mal à le faire partir », souligne sa collaboratrice. Il est d’ailleurs « exploitant sur moyenne exploitation » sur les listes du ministère de l’Intérieur.
C’est dans sa ferme, à Épaignes (Eure), qu’il passera la journée du premier tour, après avoir tenu son bureau de vote dans la matinée. Il est favori mais doute toujours. Il porte sûr de lui mais sonde, tout le temps. Il craint le score du Rassemblement national. S’insurge des propos du candidat du parti d’extrême-droite. « Il joue sur la peur. La Normandie ne doit pas être le paillasson de Marine Le Pen. Dites-le aux lecteurs. La Région, c’est leur quotidien. Je parle des trains, je parle des cantines, je parle des filières courtes. La vie des Normands, c’est sérieux. »
Commentaire de Florestan:
https://www.ouest-france.fr/elections/regionales/regionales-en-normandie-entretien-la-reunification-a-joue-un-grand-role-sur-le-dynamisme-a4b24cdc-c92d-11eb-ac42-ca641a364e8f
Comment se porte l’économie normande ? Ses atouts, ses faiblesses. Tour d’horizon avec Sébastien Bourdin, professeur de géographie économique à l’École de management de Normandie.
Sébastien Bourdin est professeur de géographie économique à l’École de management de Normandie.
Comment se porte l’économie normande ?
La réunification a joué un grand rôle sur le dynamisme normand. Elle a permis de faire discuter entre eux des acteurs. La Normandie bénéficie de plusieurs atouts : l’énergie, l’industrie, la filière automobile, l’agroalimentaire, l’aéronautisme… Ces points forts ont permis à la région d’afficher une belle dynamique au regard du territoire français, voire européen.
Dans quels secteurs la Normandie tire-t-elle son épingle du jeu ?
Le dynamisme sur l’emploi est également légèrement supérieur à la moyenne nationale. Entre 2018 et 2019, la baisse du nombre de demandeurs d’emploi est de 1,7 %. Un peu mieux que la moyenne nationale. La même tendance s’observe pour le nombre de contrats d’apprentissage. Sur des secteurs en développement comme la méthanisation, la Normandie fait partie du top 3 des régions françaises. Sur les circuits courts ou l’économie circulaire, des démarches se mettent en place avec les collectivités locales. Dans ces domaines, la Normandie fait plutôt partie du peloton de tête.
Le dynamisme des pôles de compétitivité est également à noter. Ils participent activement au maintien d’entreprises sur le territoire. Ils arrivent à fédérer et attirer.
Le tourisme reste un atout non négligeable. La Normandie a confirmé qu’elle était attractive lors des dernières saisons. Des progrès peuvent encore être réalisés dans des secteurs comme le tourisme de croisière. Caen est un peu frileuse sur ce créneau et Le Havre peut encore se développer.
Sur quels points faibles la Normandie peut-elle faire des progrès ?
Le problème n’est pas nouveau. La Région a un mal fou à retenir les jeunes diplômés. Il faut continuer à travailler sur cette fuite des cerveaux. La mobilité reste aussi centrale. La Normandie a fait le deuil du TGV. Des nouveaux trains sont mis en circulation. Mais la dégradation du service a longtemps handicapé les grandes lignes. Se pose aussi la question des relations entre les villes normandes. Faire un Caen-Rouen en train n’est pas du tout naturel pour les Normands.
Sur quels leviers le conseil régional peut-il s’appuyer pour encore mieux accompagner l’économie ?
Des choix stratégiques doivent être faits et il ne faut pas se rater. Dans son soutien aux Régions, l’Europe se base aujourd’hui sur « la stratégie de spécialisation intelligente ». Chaque Région doit concentrer ses ressources sur ses points forts. Dans le cadre de cette démarche, 440 milliards d’euros sont sur la table pour la période 2021-2027. Il faut aller chercher cet argent. Par rapport à d’autres régions, la Normandie n’a pas toujours été la meilleure pour son action sur ces fonds européens. Il ne faut pas hésiter à mettre des ressources humaines sur ces questions.
Commentaires de Florestan:
Nous partageons dans les grandes lignes les analyses de Sébastien Bourdin de l'Ecole de Management de Normandie même s'il a omis de citer l'un des principaux atouts économiques et stratégiques du territoire normand au niveau national: le développement de l'attractivité du potentiel portuaire, logistique et commercial de la vallée de la Seine.
Les points positifs sont bien identifiés à commencer par l'effet positif de réveil voire de renaissance de la société civile régionale normande grâce à la réunification: c'était déjà le principal effet positif signalé par le rapport INEUM-EDATER sur l'impact d'une réunification de la Normandie rendu public en 2008 par Laurent Fabius malgré l'opposition d'Alain Le Vern ex-président de l'ex-Haute-Normandie qui espérait enterrer définitivement l'idée d'unité normande avec un rapport.
Sans surprise aussi, les points négatifs relevés par Stéphane Bourdin correspondent à ceux du passif de la division, un passif structurel qui va falloir, peu à peu, résorber grâce aux outils de la Normandie réunifiée.
Ce passif de la division normande est constitué des trois réalités suivantes qui sont liées ensemble tant par les causes que par les conséquences
1) le retard normand en matière de diplômes, d'enseignement supérieur et de niveau de salaire.
2) le manque d'attractivité des trois principales agglomérations urbaines normandes à cause d'une maladie mentale endémique qui sévit encore chez trop d'élus normands: le LOCALISME.
3) le retard normand dans l'aménagement et l'équipement du territoire régional au niveau routier ET ferroviaire.
Quant à la gestion difficile et complexe des fonds européens, nous héritons là encore du passif de la division normande pour des raisons idéologiques voire d'égos politiques mal placés:
Alain LE VERN est le grand responsable de cette chienlit normande dans la gestion des fonds européens qui a perduré jusqu'à aujourd'hui en refusant avec opiniâtreté toute gestion commune ou harmonieuse desdits fonds entre la Haute et la Basse Normandie sous prétexte qu'une coopération entre la Haute et la Basse Normandie d'alors pour une gestion commune des fonds européens pouvait apparaître comme une préfiguration d'une future réunification normande dont le sinistre satrape Le Vern ne voulait pas tout comme son patron politique d'alors: un certain Laurent Fabius.
Les fonds européens pour la Normandie ont donc été gérés de façon séparée (pour l'ex Haute d'un côté et pour l'ex Basse de l'autre) jusqu'en 2020, le temps d'en finir avec ce très mauvais coup parti.
Le président normand élu ou réélu en juin prochain aura donc la lourde tâche de procéder, enfin, à la réunification normande en matière de fonds européens.
ARCHIVES DE L'ETOILE DE NORMANDIE SUR LE PASSIF LE VERN EN MATIERE DE GESTION DES FONDS EUROPEENS:
http://normandie.canalblog.com/archives/2018/06/19/36500598.html
http://normandie.canalblog.com/archives/2013/11/12/28419870.html
http://normandie.canalblog.com/archives/2014/12/10/31117190.html
http://normandie.canalblog.com/archives/2013/09/13/28006896.html
http://normandie.canalblog.com/archives/2012/12/29/26014068.html