Secret de polichinelle: l'Etat confime l'utilité publique du Contournement Est de Rouen et rejette les arguments de la métropole
C'est un secret de Polichinelle: depuis plusieurs semaines, les milieux économiques de l'industrie et du port de Rouen étaient déjà au courant. C'est, désormais, officiel: les services de l'Etat confirment l'utilité publique du contournement autoroutier Est de Rouen et rejettent les alternatives proposées par la métropole de Rouen dirigée par une clique partisane écolo-socialiste qui se trouve désormais totalement isolée des autres partenaires institutionnels décideurs de l'avenir économique de la première agglomération urbaine de Normandie: le Nouveau Maître de Rouen va devoir, de toute urgence, atterrir sur le plancher des vaches normandes car l'avenir se décide ici et maintenant et non pas dans les rêves fumeux et bucoliques d'un "monde d'après" qui n'existera jamais!
L’État a rendu un rapport dans lequel il pointe les faiblesses des solutions alternatives au contournement est de Rouen, proposées par la Métropole après son retrait du dossier. Pour la CCI, qui défend toujours ardemment le projet, c’est la preuve que la liaison A13-A28 doit se faire
Boire du petit-lait : l’expression ne semble pas glorieuse mais elle se prête pourtant bien à la mine réjouie des décideurs de la CCI Normandie, Vincent Laudat en tête, quand ils feuillettent le rapport tout juste publié de la DREAL (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Normandie) sur le contournement Est et sur les propositions alternatives de la Métropole pour éviter de créer ce tronçon de 41,5 km mangeant des centaines d’hectares de terres agricoles.
« Le rapport le souligne : le contournement Est répond à une problématique d’intérêt général et les propositions de la Métropole ne peuvent pas être retenues », explique Vincent Laudat.
Le 8 février dernier, en rejetant le financement de ce projet autoroutier, la Métropole avait émis une série de propositions alternatives pour répondre à l’engorgement régulier des routes de Rouen, des propositions s’appuyant pour l’essentiel sur les infrastructures existantes à l’Ouest de Rouen (pont Flaubert, élargissement de l’A150, connexion avec la Sud III). Sans oublier un péage pour les poids lourds au Pucheuil, sur l’A28, voire un parking pour les retenir en cas de congestion.
L’État les dédaigne, chiffres à l’appui, argumentant que ce sont de solutions très coûteuses qui ne désengorgeraient pas le trafic à l’est de la métropole, tout en ajoutant de la circulation à l’ouest, secteur déjà saturé. Mais dans ce domaine statistique la prudence est plus que de mise.
« On ne peut pas imaginer une ville comme Rouen sans périphérique. Aujourd’hui, tous les feux sont au vert pour le démarrage de cette construction », même s’il reste à trouver un concessionnaire.« Il ne faut pas perdre de temps. Le rapport de la Dreal est technique, il n’est pas politique, et il étaye nos points de vue ».
Si Hervé Morin (président de la Région) et Bertrand Bellanger (président du Département 76) sont allés plaider la cause du contournement Est la semaine dernière devant le ministre délégué aux transports Jean-Baptiste Djebarri, il appartient désormais à l’État de lancer les procédures.
Le projet de contournement Est de Rouen (une autoroute à péage) a été formulé il y a 40 ans. Il a été réellement réactivé en 2017 en étant déclaré d’utilité publique. Les opposants au projet ont perdu leurs recours juridiques et la mise en travaux devait être réalisée en 2021.
Mais avec l’élection en 2020 de Nicolas Mayer-Rossignol (PS), la Métropole Rouen Normandie a retiré son soutien financier au projet (66M € sur un 886 M €) et l’État a déclaré qu’il n’allait pas réaliser le programme sans le concours des collectivités locales.
Tant le Département de la Seine-Maritime que la Région Normandie ont annoncé ensuite qu’ils abonderaient le financement pour pallier le retrait de la Métropole.
En février 2021, la Métropole a émis une série de propositions alternatives au contournement Est. Des propositions jugées non crédibles pour la plupart dans un rapport de la DREAL publié le 8 juillet.
Initiative originale menée par des écologistes le 14 juillet et qui se poursuivra chaque 14 du mois à 14 heures : ils ont planté des arbres sur le rond-point des Vaches de Saint-Étienne-du-Rouvray pour marquer leur opposition au projet de contournement Est. C’est à ce rond-point que le tracé de l’autoroute aboutit après avoir traversé la Seine depuis les Authieux-Port-Saint-Ouen via un ouvrage d’art. « À Saint-Étienne-du-Rouvray, autour du rond-point des Vaches, la pollution augmenterait de 15 %, sans parler des nuisances sonores et de la destruction du paysage. Autour du rond-point, ce sont plusieurs écoles, un centre de loisirs, et des centaines d’habitations qui seraient soumises à des risques sanitaires inconsidérés », estiment les écologistes ayant participé à cette action « Coup d’pelle ».
« Le sujet a été débattu en profondeur, en toute transparence, et le vote a été clair. Le maître d’ouvrage est l’État, à lui de dire ce qu’il veut faire », détaille jeudi 15 juillet 2021 la Métropole pour commenter tant la teneur du rapport de la DREAL – qui descend en flèches les propositions de la collectivité pour éviter de créer le contournement Est – que la réaction de la CCI.
Le débat sur l’utilité de ce contournement avait repris de la vigueur lors de la campagne des élections municipales à Rouen quand le candidat Nicolas Mayer-Rossignol (PS), jusque-là soutien du projet, s’est allié à EELV au second tour et annoncé « par conviction écologiste » son opposition au projet, bien avant le premier tour. Propulsé par sa victoire à la tête de Métropole Rouen Normandie, « NMR » a déposé une délibération à son assemblée le 8 février 2021 proposant que la collectivité ne finance plus le projet (66M € sur un milliard environ). La délibération, qui émettait des contre-propositions aujourd’hui critiquées par la DREAL a été adoptée à 64 % au terme de 5h30 de débats acharnés.
Commentaires de Florestan:
On va donc pouvoir concrètement en finir avec l'un des passifs de la division normande qui est l'inachèvement du contournement autoroutier de la région parisienne par le Nord-ouest et l'Ouest: le barreau Rouen-Orléans n'est toujours pas réalisé et la métropole de Rouen est la seule de nos grandes agglomérations urbaines à n'avoir toujours pas un périphérique digne de ce nom.
Le transfert vers le contournement autoroutier d'une partie notable du trafic poids-lourds en transit va permettre de faire baisser la pression de la circulation routière sur les quais de Rouen: la reconquête qualitative du fleuve par la capitale historique de la Normandie va donc pouvoir se poursuivre.
Cependant, le contournement Est ne rend pas caduque l'urgente nécessité de raccorder directement le pont Flaubert à la Sud III (rive gauche) et cela dépend moins de l'Etat que de la métropole elle-même qui doit donner un avenir à son projet urbain d'éco-quartier Flaubert à redéfinir complètement après la catastrophe de l'usine Lubrizol située à proximité...
Enfin, on ne niera pas l'impact environnemental du projet de contournement Est qu'il va falloir sérieusement accompagner, limiter et compenser. On mettra l'accent sur l'urgence patrimoniale de sauver le manoir historique de la Chapelle d'Oissel, haut lieu de l'histoire du duché de Normandie: ce dossier doit être prioritairement pris en charge par la région Normandie et la DRAC Normandie.
Nous allons prochainement écrire un courrier en ce sens et sur ce sujet à Hervé Morin, le président de la Normandie et Frédérique Bourras, la DRAC de Normandie.