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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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3 mars 2005

1 seul Pôle de Compétitivité pour la France : la France Verte.....

Cela peut ressembler à un gag... mais après tout....voilà qui pose à réflexion.... : Et oui certains y pensent ou y ont pensés... : Pourquoi vouloir s'acharner à produire dans nos régions alors que dans le même temps, on produit plus vite et à meilleurs coûts ailleurs...

Ahhhhh... Imaginez donc.... Cette belle Normandie avec son patrimoine, un belle Normandie toute verte,... et surtout débarassée de toutes les activités humaines et livrés à tous les 4X4 des bobos fonçant dans nos campagnes et pouvant enfin satisfaire leurs besoins primitifs et insatiables en toute impunité !!!!  Ce serait le pied.. le Pied Vert ... et Rose !  (Vous pensez que je délire... ce type de "vision" fait pourtant fuhreur à Paris... lisez donc l'article qui suit!)

Article paru dans le Monde :

Allez vite au Salon de l'agriculture, c'est le dernier  !, par Eric Le Boucher  LE MONDE | 26.02.05 | 13h42

France 2035 . Jacques Chirac, contre toute attente, est resté dans l'histoire comme un homme politique plein de courage. Après avoir défendu le monde paysan pendant quarante ans avec un infatigable acharnement lors de chaque conseil européen agricole, lors de chaque sommet du G7, lors de chaque réunion de l'OMC (Organisation mondiale du commerce), lors de chacun de ses voyages, de l'Afrique aux Etats-Unis, le président français s'est finalement rangé aux arguments des réformateurs de la PAC.

Amendée en 1992, puis encore en 1999, la politique agricole commune a rendu l'âme lors du funeste 26 juin 2003 à Luxembourg. Le ministre français de l'agriculture, Hervé Gaymard, seul contre ses 24 collègues, a dû fléchir. Les aides ont été "conditionnées" et "découplées" des productions. Le paysan sera payé pour la sauvegarde du paysage. Rupture. Adieu veaux, vaches, cochons !

Rallumant alors les forces obscures des campagnes et des bois, le monde agricole lui a jeté un sort ce jour-là. Hervé Gaymard a, depuis, perdu sa raison et sa maison. Voilà l'origine secrète de ses malheurs...

LA GRANDE PLANTATION

Le président, lui, a été un grand président. En juin 2005, deux ans après la décision de cette Saint-Barthélemy de la paysannerie française, il s'est projeté dans l'avenir. " Au lieu d'aller à reculons, abordons franchement le nouveau paysage", a-t-il déclaré à ses ministres ébahis. Et, devenu visionnaire, de commander La Grande Plantation. " Du vert, du vert, du vert, expliqua le président planteur. Des millions, des milliards d'arbres. Et des lacs, et des parcs, des biches et des canards, des golfs et des torrents. Je veux un bois immense." L'on planta. De Caen à Reims, d'Amiens à Orléans, on planta. On greffa. Des millions d'hectares. Ce ne fut qu'un gigantesque chantier d'aménagement végétal. On creusa aussi des lacs et des torrents. On bâtit des hôtels de toutes étoiles et des guinguettes. On organisa les parcs de loisirs. Puis les arbres grandirent.

En 2035, l'immense désert céréalier qu'était naguère le Bassin parisien avait laissé place à la verdure. Les Parisiens, qui en 2005 devaient faire 200 km pour rejoindre la campagne et pour en revenir, s'agglutinant chaque week-end en d'immenses embouteillages, avaient la forêt à portée de vélo. Que de temps gagné ! Des tonnes d'essence étaient économisées chaque fin de semaine. Des tonnes de CO2 épargnées. La Grande Plantation avait fait gagner beaucoup d'argent au pays sur le marché des droits à polluer.

EMPLOIS DANS LE TOURISME

La terre d'Ile-de-France, qui d'août à avril exposait sa face sillonnée, retournée, brune, grise, plate et uniforme, offrait un visage de couleurs. Retour aux saisons. A la nature, en bref. Et l'emploi ! Les quelques milliers d'agriculteurs des vides plaines du bassin - culture intensive et productiviste de céréales et de betteraves - avaient disparu. Mais, à leur place, des centaines de milliers d'emplois liés au tourisme et au plaisir avaient été créés. Les paysans, qui, le nez creux, s'étaient reconvertis, avaient fortune faite. La réforme de la PAC avait été le début de leur bonheur... Chirac ? Quel grand président !

Stop ! Fin de la fiction. La réforme de la PAC ne condamne pas tous les agriculteurs à devenir des gardiens de parc. Il semble même que notre exemple du Bassin parisien ne soit pas le bon : les terres y sont assez fertiles pour résister à la concurrence argentine, américaine ou ukrainienne. S'il ne reste que quelques agriculteurs, ce sera là, dans le blé ou l'orge (et c'est d'une certaine façon dommage...).

Mais la ligne d'avenir est bien celle-là : un virage est pris le 26 juin 2003. Les aides jusqu'ici attribuées en fonction de la production et de la région seront calculées par exploitation, rapportées à la surface, et versées sous forme d'une prime unique, qu'il y ait ou non production. C'est le "découplage": le paysan devient gardien du paysage. Si la porte de Versailles n'accueille pas le dernier Salon de l'agriculture, son visage ne sera plus jamais le même. Il ne faut pas rêver de retour en arrière. L'Europe ne sera pas une grande Suisse. Trop cher. Et puis la pression de l'OMC pour abaisser les subventions, sinon les faire disparaître, et pour ouvrir les marchés européens aux produits des pays en développement, cette pression est trop forte, et c'est tant mieux.

TROIS ZONES

Pour autant, toute politique agricole ne disparaîtra pas : le sujet reste électoral (regardez comme le gouvernement s'inquiète d'un vote "non" du monde paysan à la Constitution européenne) et "stratégique" (tout gouvernement se doit d'assurer la sécurité alimentaire des populations). Les aides ne disparaîtront pas.

Mais la projection dans une agriculture libéralisée est instructive. Emergent trois zones. Celle de la compétitivité, dont l'avenir dépend de la force capitaliste des producteurs. Blé, orge, vins peuvent tirer leur épingle du jeu ; viande bovine, lait et sucre vont souffrir, selon Hervé Guyomard, directeur de recherches à l'INRA. Celle d'une agriculture de qualité (fruits, légumes), dont l'avenir dépend du goût (incertain) des consommateurs. Et celle de zones rurales en friche, comme probablement l'ensemble du Massif Central. Le sort de l'élevage, mal défini dans l'accord de Luxembourg, va devoir être précisé, mais l'ouest de la France peut jouer cette carte.

Reste le devenir du "gardien du paysage". Quel paysan acceptera de ne plus produire ? Une fois partis en retraite les agriculteurs du baby-boom, qui restera dans la campagne pour ce "métier"? Comment calculer les aides ?

Tout cet aspect dit " deuxième pilier" est très peu clair, comme le souligne justement Jean-Pierre Butault (Les Soutiens à l'agriculture, éditions de l'INRA). D'autant que l'OMC considère qu'il s'agit d'aides déguisées.

D'où l'idée inverse : ne plus défendre ces espaces comme d'anciennes terres agricoles, mais les voir comme de grands parcs à bâtir pour les touristes et les retraités de toute l'Europe. Il est temps d'être visionnaire et de repenser entièrement la politique d'aménagement des territoires.

Eric Le Boucher

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