Quand un Etoilien est publié cela s'annonce

Les Cahiers Léopold Delisle, un ouvrage de Philippe Cléris disponible pour la modique somme de 12 euros à Caen (Harmonia Mundi; Brouillon de Culture; Publica; Guillaume; Le Marque Page) et à Rouen (l'Echo des vagues) . A ne pas manquer !

Organistes, facteurs et maîtrises à Caen de 1562 à 1793, une esquisse du portrait de la ville en musique.

Entre 1562 et 1687 surtout, la ville de Caen connut une vie musicale brillante au moment elle était aussi devenue "l'Athènes normande" à la suite de Malherbe, avec son académie et son université. Rouen, alors était la capitale française de la musique d'orgue et le couple Paris Versailles fixait le goût officiel, celui du Roi et de la Cour ainsi que la nouveauté esthétique... Ce qui n'a pas empêché les Caennais à s'intéresser à la musique italienne dès les années 1650 dans le sillage de la Contre Réforme catholique romaine après avoir été une ville toujours fidèle à Henri IV et bienveillante à l'égard de la Réforme protestante ( au contraire de Rouen qui fut à la fin des guerres de religion une place forte de la Ligue des extrémistes catholiques...).

Cette étude permet donc d'approcher autant que faire se peut un objet par nature insaisissable, la musique, mais qui l'est d'autant plus à Caen en raison des aléas historiques que nous savons: la Révolution de 1789 et 1944 ont détruit la plupart des orgues anciennes et nous n'avons plus à notre disposition la musique originale qui fut composée et interprétée sous les voûtes des églises caennaises. Mais une recherche minitieuse dans les archives permet de restituer assez précisemment ce visage musical perdu et notamment ses acteurs, musiciens et musiciennes, facteurs d'orgues, maîtres de musique, serpentistes, violistes  et autres joueurs en bande qui animaient les églises et les lieux publics de la ville à l'occasion des nombreuses cérémonies qui rythmaient la vie des Caennais de cette époque. De ce verger musical bien fleuri on tirera pour la postérité le plus beau fruit, à savoir Sébastien de BROSSARD, fils d'un maître verrier du bocage né à Dompierre en 1655 qui fit ses études à Caen dans les années 1670 avant de terminer sa brillante carrière comme maître de musique du grand Bossuet à la cathédrale de Meaux. Le Normand Brossard, nourri par les muses caennaises, fut en 1703 l'auteur de la première encyclopédie musicale jamais écrite...

Le XVIIIe Siècle fut plus terne même si Caen voit apparaître dès 1740 une institution de concerts publics qui permit de faire entendre de la musique en dehors du cadre fonctionnel des églises. Mais les facteurs et les organistes les plus talentueux de Caen venaient de Rouen tandis qu'à la fin de la période, peu avant la Révolution, Paris renforçait son influence...

La Révolution fut une catastrophe d'un point de vue musical: des 18 orgues de l'Ancien Régime 3 seulement survécurent. Les maîtrises disparurent mais l'enseignement musical réapparut très vite sous l'Empire dans les églises avant d'être rationalisé et nationalisé avec la création de l'institution du Conservatoire...

Après 1944 et les destructions de la Libération, il ne reste plus que comme unique témoin de la facture d'orgue du XVIIIe siècle, que la superbe boiserie de l'orgue Cavaillé-Coll de l'abbaye aux Hommes. Les archives privées dans lesquelles on aurait pu trouver des partitions brûlèrent dans les bombardements...

En 1987 on recrée une maîtrise à Caen qui donne des auditions gratuites et ouvertes à tous tous les samedis en période scolaire dans l'ancienne église des Jésuites.
En 1997 on installe un orgue neuf dans l'église Saint Pierre qui permet de jouer la musique des XVII et XVIIIe siècles
Face à l'engouement du public pour la musique "baroque", des concerts publics animent les bars et les cafés depuis 2004.
Enfin cette étude historique est la première sur le sujet depuis les travaux de l'organiste Jules Carlez dans les années 1890.