L'herbe à éléphant
Une bonne initiative que l'EN salue en la mettant à sa UNE.
Document (article OF: 20.03.2009)
Jeudi, la première récolte de miscanthus s'est achevée sur les terres de Pierre-Yves Robidou. Une plante venue d'Asie qui pourrait bien remplacer le bois de chauffage.
« Le Miscanthus n'a rien de neuf, explique Jean Kerhoas, directeur de Bical Biomasse, une société qui développe cette culture dans toute la France. Cette plante, qui peut atteindre quatre mètres de haut, est arrivée en Europe après guerre. Anglais, Autrichiens et Suisse l'utilisent depuis vingt-cinq ans comme combustible ou en litière pour les animaux. »
Cette « herbe à éléphant » intéresse les agriculteurs de la région. De la plaine de Caen au Mont-Saint-Michel, en passant par le Bessin, cent hectares ont déjà été plantés par une dizaine d'agriculteurs. À mi-chemin entre canne à sucre et roseau, le miscanthus n'a pourtant rien de comestible et sa culture est lente. « Nous venons d'achever la récolte des huit hectares plantés il y a deux ans », admet Pierre-Yves Robidou. Avec son beau-frère, Antoine Henry, ils ont décidé de tenter l'expérience sur leur exploitation de Mosles, aux portes de Bayeux. « Alors que le prix du pétrole était à la hausse, nous voulions produire un combustible écologique et rentable. » Le rendement est bien au rendez-vous, avec plus de 15 tonnes à l'hectare. « Sans aucun engrais et avec un seul traitement la première année. » Le Miscanthus offre également un rendement énergétique supérieur à celui du bois.
Combustible écologique
Le bilan écologique est tout aussi exceptionnel : la quantité de carbone absorbée par la plante pendant sa croissance est égale à celle dégagée par sa combustion. Autre vertu et non des moindres : sa longévité. « Le rendement est assuré pendant au moins vingt ans. » Une fois coupée, l'herbe à éléphant repousse sans trop de soins et permet une nouvelle récolte dès l'année suivante.
Reste maintenant à développer la filière. « La production est pour l'instant trop faible pour intéresser les exploitants de chaudières à bois industrielles, reconnaît Pierre-Yves Robidou. Mais nous avons commencé la vente auprès de particuliers. »
Éleveurs de chevaux et exploitants de zoo l'utilisent également comme litière pour leurs animaux. Tout comme les collectivités et les paysagistes, séduits par ce paillage qui ne présente aucun risque de contamination pour les plantations.
Polyvalent et écologique, le miscanthus pourrait bien faire de l'ombre au maïs et au blé. « Il se récolte avec une simple ensileuse à maïs. » Mais ce bio combustible doit encore gagner du terrain, avant d'intéresser les industriels du chauffage.
Éric MARIE. OF 20.03.2009