Vision étroite d'élus normands
Je reprends ci-dessous l'article paru ce-jour dans Paris-Normandie. La grande agglo de Rouen avec 500.000 habitants fait peur aux petit-poucets seinomarins.
Leurs seuls arguments : la précipitation avec la mise en avant le besoin d'attendre le contenu de la réforme de la taxe professionnelle qui conditionne l'existence même de nos collectivités et d'une réforme institutionnelle qui pourrait déboucher sur la disparition des départements ou leur fusion avec les régions, voire la création de métropoles ... Bouclier bien futile.
La crainte des petit-poucets est légitimée par la peur de voir leur siège de notable rationalisé, la peur de passer à la trappe. J'entends toujours dire que la Politique doit faire sa réforme mais c'est une contre vérité, c'est à l'élu de se recadrer et l'incapacité de certains à le faire qui nuit fortement au développement économique et social.
Bien sûr le rôle de l'élu est compliqué par la nouvelle donne gouvernementale mais n'empêche qu'il ne faut pas lambiner. La Normandie a besoin de grandes métropoles, elles seules bénéficient de l'attention prioritaire du Gouvernement. Une agglo XXL, c'est un vivier d'électeurs qu'il ne faut pas froisser. Pour être fort il faut être riche, avoir des idées et être fortement représenté.
Il y en avait déjà qui étaient contre l'intercommunalité et se laisser bouffer par le Grand Paris n'est pas non-plus une alternative acceptable. Allez Messieurs, regardez maintenant au delà de vos limites communales, c'est là que l'avenir des Normands se joue.
Michel H. A. Patin
Les communautés de Rouen, Seine-Austreberthe, Le Trait-Yainville et bien évidemment Elbeuf. Une grande Agglo, à quatre, annoncée pour le 1er janvier 2010 mais qui ne fait pas encore l'unanimité.
Ainsi, à 17 h 30, quand les conseillers des dix communes vont s'asseoir autour de la table, Didier Marie va devoir se montrer convaincant s'il souhaite obtenir une approbation totale au projet porté avec Laurent Fabius et Rouen.
Déjà, le maire de Tourville-la-Rivière, Noël Levillain (PC) a fait savoir qu'il regrettait « la précipitation » avec laquelle ce projet est présenté. A La Londe (lire par ailleurs), Jean-Pierre Jaouen a d'ores et déjà annoncé qu'il n'était pas favorable au projet, suivi dans ce refus par le conseil d'Orival et son maire, Daniel Duchesne. Le débat s'annonce donc « sportif », même si ce soir, il ne s'agit pas encore de voter l'adhésion à la grande agglomération, mais juste de se prononcer sur le lancement de la procédure.
Pour le président de l'Agglo et l'ensemble des élus socialistes ou le maire de Caudebec, Noël Caru, cette grande agglo présente « la garantie d'un développement pour le territoire » ou « l'assurance d'avoir la capacité d'intervenir sur la scène nationale et européenne qu'aujourd'hui la seule agglomération d'Elbeuf est bien incapable de faire », argumente Didier Marie. Pour lui et Laurent Fabius, l'enjeu est grand dans leur volonté de faire de ce nouveau périmètre intercommunal « la première éco-communauté de France ».
Depuis un an que l'idée germe, les élus des petites communes ont toujours fait savoir leur crainte d'être noyés dans un bassin de population de presque 500.000 habitants. Il n'est donc pas étonnant de les retrouver aujourd'hui fébriles malgré les garanties données sur le maintien de services de proximité, sur le montant des ressources financières de chaque commune et la représentativité des habitants au sein d'une Conférence locale des élus (équivalent l'actuel conseil d'agglomération de 36 élus), anti-chambre du conseil communautaire. Mais rien n'y fait : dans l'agglomération d'Elbeuf comme dans la communauté de Seine-Austreberthe, les « petits » ont toujours peur de se faire croquer par les « gros », même si l'intérêt économique de ce regroupement a été démontré par les études que chacun n'a pas manqué de commander.
P. B. Conseil communautaire, aujourd'hui lundi 6 juillet à 17 h 30 à L'Agglo.
Pourquoi La Londe s'y oppose
Réuni le 29 juin, le conseil municipal de La Londe a abordé le projet de Grande agglomération. Le maire Jean-Pierre Jaouen explique sa position : « Pourquoi un tel forcing, en période estivale, en l'absence de nombreux élus. Pourquoi une telle précipitation alors que nous sommes en attente du contenu de la réforme de la taxe professionnelle qui conditionne l'existence même de nos collectivités et d'une réforme institutionnelle qui pourrait déboucher sur la disparition des départements ou leur fusion avec les régions, voire la création de métropoles. […] Au-delà de la pertinence de ce nouveau territoire, toujours discutable au vu des disparités entre ville centre, les grosses villes de la couronne rouennaise et les petites communes rurales, ce sera pour notre Agglo d'Elbeuf, non seulement une perte d'identité, mais aussi une perte de représentativité avec 21 représentants sur 168, la seule ville de Rouen en ayant 28 ». […] Par ailleurs, pour ce qui concerne la dotation de solidarité communautaire, garantie en 2009 et qui pourrait même légèrement augmenter en 2010, sa progression risque bien à terme de ne plus évoluer ou que très faiblement. » Ainsi, « la commune de La Londe ne formulera pas une réponse favorable à ce projet ».
Ca changera quoi ?
La Grande agglomération aura entre autres compétences, le développement économique, l'équilibre social de l'habitat, et la politique de la ville dans la communauté.
Transports : chaque réseau de transports en commun gardera son identité, ses bus, ses tarifs mais il sera assuré une continuité de territoire et l'augmentation de fréquences des liaisons.
Eau : « Il s'agira d'aller vers une harmonisation des prix. Ce qui profitera aux communes où le mètre cube est le plus cher, notamment sur la rive droite de Rouen », explique Didier Marie qui ne prévoit aucune conséquence néfaste dans l'agglomération d'Elbeuf.
Voirie : la voirie des communes de moins de 4.500 habitants considérée d'intérêt communautaire ou empruntée par les transports en commun sera à la charge de la Grande agglo.