16 octobre 2017: Réunion plénière du CONSEIL REGIONAL de NORMANDIE à CAEN
Ce lundi 16 octobre 2017 avait lieu à Caen dans l'amphithéâtre de l'hôtel d'agglomération de Caen La Mer la première réunion plénière du Conseil Régional de Normandie depuis l'arrivée de la nouvelle majorité gouvernementale au Gouvernement et à l'Assemblée nationale. Les sujets chauds, très chauds qui détermient l'avenir même de la Normandie ne manquent pas... Face à l'offensive néo-jacobine du pouvoir central, qui n'a pas les moyens financiers de ses prétentions, un moment politique girondin et normand est arrivé:
https://www.normandie.fr/assemblee-pleniere-du-16-octobre-2017
Le 16 octobre 2017
Collectivités. En cette grande période de flou politique où la droite, qu’elle soit UDI ou LR, cherche sa voie par rapport au gouvernement LREM, le président de la Région Hervé Morin n’avait pas pris de position très claire dans le cadre de ses fonctions officielles. Il affiche désormais une grande réserve, taclant un gouvernement central jacobin, incapable de faire des économies mais surtout il prône plus de libertés pour les régions considérant que désormais elles sont les seules à pouvoir apporter au pays l’agilité dont il a besoin.
Session Plénière de la Région aujourd’hui, en ouverture, Hervé Morin, fait un point de déjà 18 mois d’action dans une Normandie réunifiée. La Région a su bénéficier d’une conjoncture économique porteuse ce qui n’a pas souvent été le cas dans le passé comme on le voit dans la synthèse Insee de l’année 2015 Portrait de la Normandie.
Aussi le Président rappelle-t-il le sauvetage de 300 entreprises grâce au dispositif ARME dont nous avons souvent parlé et donne les chiffres particulièrement satisfaisants établis par l’ordre régional des experts comptables, sur la base d’un baromètre national, et Pôle Emploi : « le chiffre d’affaires moyen journalier des PME normandes a augmenté de 3,4% au 2ème trimestre 2017 par rapport à 2016, contre 2,5% au niveau national. La Normandie est la région française où la baisse du nombre des défaillances d’entreprises est la plus forte, avec une diminution de 9,9% au 4ème trimestre 2016 contre 8% au niveau national. Et c’est en Normandie que les intentions d’embauche augmentent le plus en 2017, avec une hausse de 28,1% ».
Il ne s’agit pas de crier victoire mais de constater que les frémissements d’un changement sont là.
Formation et numérique
Les axes prioritaires de la Région s’appuient sur la formation avec la parution du Livre Blanc pour tenter de sortir du marasme du chômage endémique avec ce scandale de 10.000 postes non pourvus en Normande malgré le grand nombre de chômeurs (cf. notre dossier sur ce sujet). Cette démarche originale d’établissement d’une carte des formations par bassin d’emploi a amené la Région : « à se porter candidate à un élargissement par expérimentation de ses compétences au secteur de l’emploi et à un pilotage complet de la formation professionnelle et de l’orientation. »
Autre axe prioritaire le numérique avec des budgets de 25 millions d’euros pour la connexion au haut débit d’ici à 2025 et un plan massif de 60 millions d’euros pour l’équipement des lycées en ordinateurs et en tablettes.
Agilité des collectivités territoriales
La Normandie se met sur les rails du développement mais le Président de la Région s’inquiète de la politique jacobine de l’actuel Gouvernement : « Je ne voudrais pas que cet élan soit aujourd’hui freiné, affecté ou remis en cause par la vision jacobine qui guide l’exécutif de notre pays » affirme Hervé Morin.
Il souligne que l’état planificateur et stratège est un monstre de lourdeur caractérisé par l’impuissance et de rappeler que : « sur les 50 milliards d’économies annoncées entre 2012 et 2017, l’Etat est péniblement parvenu à réduire son budget de 5 milliards d’euros sur les 18 milliards prévus alors que, dans le même temps, les collectivités territoriales ont contribué à hauteur de 9 milliards d’euros, sur les 11 prévus, à l’effort national de baisse ? »
Il en profite pour porter le fer sur ce qu’il souhaite que la Région récupère : la gestion des ports : « Que dire de la performance de nos grands ports pilotés par l’Etat, quand Anvers traite 4 fois plus de conteneurs que le port du Havre alors que les deux ports étaient quasiment même niveau il y a 30 ans ? »
Confusion entre décentralisation et déconcentration
« L’Etat a été jusqu’à partager avec les maires l’exercice pourtant régalien de la sécurité ». C’est bien là le problème : l’Etat partage car il veut rester partout, quitte à maintenir une organisation territoriale source de confusion, de gaspillage et d’inefficacité ; alors qu’il devrait concentrer ses efforts sur les grands domaines régaliens et laisser les grandes stratégies territoriales et de développement aux collectivités qui sont en prise avec les difficultés locales et dotées d’organisation qui leur permet d’être audacieuses, souples et réactives.
Néanmoins, le Président de la région espère que la Normandie sera retenue pour : « expérimenter une nouvelle politique portuaire, le lycée du futur ou encore un pilotage unique de l’emploi, de la formation et de l’orientation. »
Au nombre de ses motifs d’inquiétude l’annonce par le Premier ministre fin septembre : « que l’Etat n’honorerait pas son engagement à compenser le transfert aux Régions du volet économique de l’action des Départements. Pour la Normandie, la perte de ressources s’élèvera dès 2018 à plus de 30 millions d’euros par an. Cette décision est absurde : A un moment où l’action en direction des entreprises et de l’emploi requiert une mobilisation sans précédent, l’Etat « coupe les ailes » des Régions, premiers acteurs dans ce domaine.
Cette réduction brutale de 31 millions d’euros des dotations de l’Etat à la Région Normandie s’ajoute aux 200 millions d’euros de perte cumulée de recettes depuis 2013. La Région Normandie sera donc contrainte de renoncer, à un nombre important d’aides et de subventions dès 2018.
Les salves de l’opposition
Rituellement après la présentation du président les groupes s’expriment. Signalons que personne ne montera au créneau pour défendre le Gouvernement. Où sont LREM de l’assemblée régionale ? Toutefois les points de désaccords ne manquent, Céline Brulin (PC) suit Hervé Morin pour émettre des critiques sur la politique gouvernementale et ses réductions de dotations pour les collectivités mais elle se scandalise « des 4.400 euros/an que devront payer désormais les étudiants en kinésithérapie à Rouen alors que préalablement les études étaient gratuites ».
Hervé Morin remet les pendules à l’heure à rappelant la situation d’iniquité qui régnait. « Face à la gratuité de Rouen les étudiants payaient 4.700 euros à Evreux et 6.000 euros dans l’ex Basse Normandie. Désormais tout le monde est traité de la même manière. De plus les études sont gratuites pour ceux qui s’engagent à exercer en zone rurale ou à l’hôpital, secteurs où le manque se fait cruellement sentir. »
Fidèle aux arguments écologistes Laëtitia Sanchez (EELV) ne manquera pas d’attaquer les constructions de routes et de réclamer « des remises en activités d’anciennes petites voies ferrées comme la liaison Rouen/Evreux / Orléans ». Le Président devra lui faire remarquer que : « la ligne est à moitié démontée et que des maisons y sont construites ». Elle s’émeut aussi de : « l’éventualité d’un second EPR en Normandie et demande la relance d’une éco-redevance régionale pour les poids lourds traversant la Normandie, plutôt que la création du Contournement Est de Rouen. »
Nicolas Mayer Rossignol (PS) à son habitude se complait dans les chicaneries politiques et reproche au Président de Région de critiquer un Gouvernement qu’il a soutenu lors des élections en avril, il trouve le bon mot comme il les affectionne : « avant vous disiez : le renouveau c’est Bruno maintenant vous dites : le cauchemar c’est Edouard ». Ses principales critiques porteront sur le budget et à l’entendre la mandature se terminera dans une apocalypse financière considérant que le rythme des dépenses de fonctionnement n’est pas soutenable alors que dans sa campagne Hervé Morin se proposaient de les baisser.
Il lui sera rappelé qu’il faut bien appliquer les augmentations décidées par le gouvernement Hollande, que le remboursement de la dette laissée par la précédente équipe auprès de l’enseignement catholique s’est élevé à 43 millions d’euros alors que seuls 10 millions avaient été provisionnés. Quant aux dépenses pour les déplacements à l’étranger avec les chefs d’entreprise le Président les assume car ils favorisent l’exportation qui est un axe de développement soutenu par la Région et que Business France a choisi aussi de soutenir.
Ginette Bléry
Commentaire de Florestan:
Hervé Morin tacle fermement Mayer Rossignol qui le critiquait sur les dépenses excessives actuellement engagées notamment sur l'attractivité de la Normandie, entre autres, le coût des futurs panneaux "bienvenue en Normandie" en citant le bilan financier de la fourmi Le Vern dans l'ex Haute Normandie. Un taux d'endettement d'un an à peine dans l'ex Haute Normandie c'était symptomatique d'une absence totale de projet. En 2022 la Normandie, en dépit d'un effort considérable d'investissements de rattrapage, restera encore la région la moins endettée de France.
Sur les ports: Morin le girondin précise qu'il n'entend pas dégager l'Etat des conseils d'administration mais il fustige ces quasi préfets des ports qui restent en poste pendant 3 ans et qui ne font pas de vagues pour ne pas avoir d'emmerdements ! Tous les ports du Nord de l'Europe sont gérés par des collectivités territoriales.
On attend donc la NORMANDISATION de l'Axe Seine.