ROUEN, technopôle du MADRILLET: les experts de l'intelligence artificielle se donnent rendez-vous en Normandie
Le rayonnement international de la Normandie "région Monde" se confirme: avec le tourisme patrimonial, culturel, balnéaire, ou mémoriel qui existe depuis près de deux siècles en Normandie, l'Impressionnisme, l'Armada, le DDay, la réussite du premier forum mondial pour la Paix à Caen il y a quelques jours, la Normandie confirme une réputation internationale que notre région peut aussi avoir dans des domaines plus discrets, moins "grand public":
On le sait ici pour la filière équine. Mais on le sait moins pour certains domaines plus pointus tels que la recherche fondamentale sur les ions (à Caen avec le GANIL), les motorisations et les mobilités du futur (au technopôle du Madrillet à Rouen), l'aéronautique, le lin, le flaconage de luxe, mais aussi les nouvelles technologies numériques et les objets connectés où les ingénieurs et entrepreneurs Normands sont en pointe (ex: la mise au point du moteur de recherches Qwant, le système de reconnaissance facial embarqué sur l'Iphone X...).
A l'ombre des vieilles pierres normandes ou des grands souvenirs d'une histoire régionale mondiale se fabriquent plus discrètement les réputations normandes du futur. C'est dans ce contexte normand plutôt favorable à l'innovation que le technopôle du Madrillet s'apprête à recevoir une grande conférence scientifique internationale francophone (il n'y a pas que les Américains sur le sujet...) consacrée à l'intelligence artificielle:
La conférence en apprentissage automatique, rendez-vous annuel des chercheurs francophones dans le domaine du Machine learning, aura lieu à Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), du 20 au 22 juin 2018. (Illustration ©Adobe Stock)
La 20e édition de la conférence en apprentissage automatique aura lieu cette année à Saint-Étienne du Rouvray (Seine-Maritime) à l’Institut national des sciences appliquées (Insa), sur le site du Madrillet, du mercredi 20 au vendredi 22 juin 2018. Ce grand congrès annuel constitue le rendez-vous des chercheurs francophones spécialisés dans le domaine de l’intelligence artificielle.
Ils viendront présenter leurs travaux, participer à des échanges et des démonstrations. Plus d’une centaine de doctorants, ingénieurs ou leaders du monde industriels sont attendus. Pour le Litis, laboratoire de recherche associant l’université de Rouen, du Havre et l’Insa, et organisateur de l’événement, il s’agit d’une vitrine très importante.
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Reconnaissance faciale ou vocale, vision par ordinateur, traitement automatisé du langage : depuis une quinzaine d’années, le domaine du deep learning, ou apprentissage profond en français, est en plein essor. Il touche aussi bien le confort quotidien, que des choses plus cruciales, comme le diagnostic médical ou la sécurité des personnes.
Fin mars, le gouvernement français a lancé un grand plan ambitieux afin de ne pas rater le train en marche. Les progrès dans la recherche de l’apprentissage automatique, ou machine learning, ne sont pas étrangers à cet élan positif. La conférence de juin porte sur les dernières avancées théoriques et les applications pratiques dans ce domaine.
Caroline Petitjean enseignante-chercheuse à Litis, explique en quoi consiste ce secteur pluridisciplinaire réunissant informatique, mathématiques appliquées, neurosciences et sciences-humaines :
Le machine learning est un moyen d’apprendre à une machine à faire une tâche donnée. Un peu comme quand on apprend à un enfant ce qu’est un chien. Il le voit une fois dans la rue, une fois dans un livre, puis encore dans d’autres situations et il va se construire une idée tout seul de ce que c’est. La machine suit le même procédé avec son propre système.
Rouen compte l’une des cent personnalités françaises les plus influentes dans le domaine, selon l’Usine nouvelle, en la personne du chercheur Stéphane Canu. Il sera évidemment présent lors de la conférence, aux côtés d’autres pontes du domaine. Parmi les Français, le rendez-vous accueillera Chloe-Agathe Azencott, chargée de recherche à Mines ParisTech et fondatrice du groupe Women in machine learning and data science (WiMLDS), ainsi qu’Antoine Bordes, directeur du centre européen de recherche en IA de Facebook à Paris.
L’événement comprendra aussi des intervenants étrangers comme John Shawe-Taylor, directeur du Centre for computational statistics and machinelearning à l’University college de Londres.
À côté de la conférence plénière, une compétition rassemblant des chercheurs académiques et industriels aura lieu. Elle est mise en place en partenariat avec l’université de Cambridge et la marque Nvidia. « Tout un tas de texte de Français qui apprennent l’anglais ont été recueillis, précise Caroline Petitjean. Grâce à des algorithmes, chaque participant devra prédire automatiquement quel est le niveau des élèves. Les résultats seront confrontés à une expertise linguistique. »
La start-up caennaise Iketube, spécialisée dans la fabrication d’interfaces homme-machine hautes-performances, viendra présenter des tablettes tactiles très grand format. Pour couronner le tout, les organisateurs espèrent la présence de Transdev et Renault, avec leurs véhicules électriques autonomes, mais rien n’est encore certain de ce côté.