NOSTALGIE FERROVIAIRE: quand les trains normands étaient à la pointe du confort et de la vitesse...
Souvenirs, souvenirs... du temps où la Normandie était à la pointe du progrès et de l'innovation ferroviaire (1847 -1944)... Puis, à nouveau, entre 1969 et 1980. Depuis, plus rien!
Alors que les nouveaux trains OMNEO arrivent en Normandie, zoom sur l'histoire du chemin de fer normand avec un historien ferroviaire. Quand la Normandie était à la pointe...
Samedi 8 et dimanche 9 février 2020, les Normands vont découvrir les premiers trains OMNEO, les nouveaux trains commandés par Hervé Morin, le président de la Région Normandie.
L’occasion pour Clive Lamming, un historien ferroviaire, de revenir sur l’histoire du chemin de fer normand. Quand la Normandie était la première région à accueillir les trains à grande vitesse, les « turbos » trains…
Lire aussi : Venez découvrir le nouveau train de la Région Normandie dans votre gare
Normandie-actu : Pouvez-vous nous raconter la naissance du chemin de fer normand ?
Clive Lamming, historien ferroviaire : En 1847, la ligne Paris-Le Havre était achevée. Si la première ligne de chemin de fer a été inaugurée en 1823, les Normands ont été les premiers à bénéficier d’une ligne équipée d’un télégraphe pour assurer la sécurité.
La Normandie, c’était le grenier, le jardin, la plage de Paris. La région était alors très bien desservie par le chemin de fer. On pouvait faire l’aller-retour entre Paris et Le Havre dans la journée, en comptant un peu moins de quatre heures de trajet aller et quatre heures retour.
En 1848, la Normandie reçoit les premières « voitures salons » de l’Américain Pullman entre Paris et Deauville, les trains de luxe décrits notamment par Marcel Proust… Les côtes de toute la façade Manche sont alors très fréquentées.
Le tourisme de luxe se développe de manière exemplaire en Normandie, jusque dans les années 30, les années folles, où l’on pouvait faire Paris-Deauville en 1h30 ! Il faudra attendre 1920 pour que les Parisiens se tournent vers la côte d’Azur.
Avant la Seconde Guerre mondiale, de 1935 à 1939, les départs des paquebots étaient même programmés avec les trains normands. On mettait en place des « trains paquebots » aux couleurs chatoyantes entre Paris et Cherbourg par exemple. Ces trains prioritaires n’avaient pas d’horaire fixe et prenaient le départ dès que le paquebot avait annoncé lever l’ancre…
Lire aussi : La Région Normandie va acquérir 27 nouveaux trains Omnéo pour 2022
La Seconde Guerre mondiale a dû venir jouer les trouble-fêtes…
Effectivement. Depuis 1878, la Normandie était reliée avec la Bretagne et la Vendée grâce aux trains. Mais après la Seconde Guerre mondiale, la région perd une grande partie de ses relations ferroviaires avec les autres provinces.
Les lignes de chemin de fer sont abandonnées et on décide de tout transférer sur les routes après 1945. C’était un choix économique. Le lobby pétrolier l’emporte face au ferroviaire. Et pourtant, même à l’époque des locomotives à vapeur, le ferroviaire consommait dix fois moins qu’une voiture et 20 fois moins qu’un avion…
Lire aussi : EN IMAGES. Découvrez les futurs trains normands, au cœur de la « bataille du rail » d’Hervé Morin
Alors qu’aujourd’hui, la Normandie attend avec impatience des trains plus rapides, est-ce vrai que nous étions la première région à accueillir des trains à « grande vitesse » ?
Oui. Avant le choc pétrolier de 1973, la Normandie accueille les premiers trains à grande vitesse en 1969 pour le premier modèle dit ETG (Élément à turbine à gaz), puis il est remplacé à partir de 1976 par le deuxième modèle plus rapide, offrant plus de places, dit RTG (Rame à turbine à gaz) qui dure jusqu’en 2004.
En 1969, ces trains arrivent entre Paris et Caen, ils permettent de rouler à 160 km/h au lieu de 120 km/h et permettent de faire Paris-Caen en 2h20 au lieu de trois heures. C’est notamment grâce à d’éminents universitaires de Caen que ces premiers « turbos trains » sont testés en Normandie.
Les lignes seront ensuite électrifiées dans les années 1980, 1990. Et le premier Train à grande vitesse, le TGV que l’on connaît aujourd’hui, est né en 1981 entre Paris et Lyon.
Lire aussi : Entre Caen et Le Havre, pourquoi le trajet en train dure près de… trois heures ?
Comment voyez-vous l’avenir du chemin de fer normand ?
À part quelques cafouillages sur l’accueil des nouveaux trains OMNEO en gare Saint-Lazare, ces nouveaux trains sont plutôt une bonne nouvelle ! En Normandie, les lignes qui existent sont encore bien utilisées. Car aujourd’hui, le ferroviaire va mal partout en France, beaucoup de lignes sont vides et inutilisées. C’est un grand problème national, alors que la prise de conscience écologique est là.
Mais si vous voulez des trains, il n’y a pas le choix, il faut payer. La privatisation de la SNCF et l’ouverture à la concurrence ne seront pas des solutions. Un train n’est pas un avion. Un train est directement lié au rail et on ne peut pas mettre n’importe quel train sur n’importe quel rail. Il faut savoir que les trains hollandais, suisses ou encore belges ne pourraient pas rouler sur nos rails. Quand l’un a besoin de 15 000 volts pour fonctionner, l’autre en a besoin de 1 500…
Il y a également des problèmes d’écartements entre les différents trains, certains ne s’emboîtent pas dans tous les rails… Bref, on ne peut pas faire n’importe quoi, il y a beaucoup d’incompatibilités. C’est pour cela que la privatisation est difficile et peut être dangereuse pour la sécurité…
EN IMAGES. Découvrez les trains de l’histoire du chemin de fer normand :