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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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23 juin 2009

Compte-rendu du Colloque de CAEN

Compte-rendu du Colloque de CAEN de ce weekend. Merci à BEN pour cet excellent document. MHAP

 

 

A CAEN : UN REVEIL NORMAND ?

Colloque de CAEN,  20 juin 2009 (9h00- 14h00) Abbaye aux Hommes/ Hôtel de Ville

« Sortir de notre réserve ! Normandie, Grand Paris, quel aménagement du territoire ? Quelle stratégie pour la grande agglomération caennaise face au Grand Paris ? »

Personnalités présentes :

  1. Politiques :

    M. Philippe DURON, député maire (PS) de Caen, président de l’agglomération Caen la Mer et du syndicat mixte « Caen-Métropole »

    M. Laurent BEAUVAIS, président du Conseil Régional de Basse Normandie (PS)

    M. Yves GASDOUE, maire et président de la CU de Flers (PS)

    Mme Dominique LEFRANCOIS, maire de Troarn, présidente de la commission « Pays de Caen-Métropole »

    M. Dominique VINOT- BATTISTONI, maire de Biéville-Beuville, président de la commission « Aménagement du Territoire » à Caen la Mer (spécialiste en urbanisme)

    Mme Clotilde VALTER, conseillère générale du Calvados (PS)

    M. Luc DUNCOMBE, conseiller municipal d’opposition au CM de Caen

  1. Spécialistes :

    M. Vincent FOUCHIER, directeur général adjoint de l’IAURIF, délégué à la coordination du schéma directeur de la région Ile de France, membre du conseil scientifique du Grand Paris

    M. Philippe SUBRA, géographe et géopoliticien (revue « Hérodote ») professeur à l’institut français de géopolitique de Paris (Paris VIII Saint Denis)

    M. Michel SAVY, géographe des transports et de la logistique, professeur à l’université de Paris XII et à l’Ecole des Ponts et Chaussées.

    M. Lionel ROUGE, géographe du périurbain, maître de conférences à l’université de Caen

    M. Pascal BAISNEE, président du pôle de compétitivité TES (transactions électroniques)

    M. Sydney GALES, directeur du GANIL

         COMPTE RENDU DES DEBATS AVEC NOS COMMENTAIRES

    Introduction par Philippe DURON

    Le député maire de Caen commence par souligner la passion qu’aurait pour la Normandie le président de la République Nicolas Sarkozy dans toute une série de déclarations et de prises de position (ex : devant l’assemblée des maires de France en novembre 2008 pour souligner l’absurdité de l’existence de deux Normandie). Mais la dernière annonce du 29 avril 2009 sur un projet de LGV pour un TGV Paris/ Le Havre en moins d’une heure combiné à celle d’un Grand Paris étendu jusqu’au Havre qui semble donner la préférence au projet de l’architecte urbaniste Antoine GRUMBACH a semé le trouble : cette annonce est-elle vraiment compatible avec le projet de long terme d’une « réunification normande » ?

    Est-ce compatible avec les annonces actées et confirmées par Dominique Bussereau, secrétaire d’état aux transports le 6 avril dernier à Caen pour moderniser l’actuel réseau normand au départ de la gare Paris St Lazare pour un coût de 4,5 milliards, sans promesse de LGV nouvelle, suite à l’amendement déposé par le député maire de Caen portant sur la  modification de l’article 11 de la loi cadre « Grenelle de l’Environnement » qui n’avait pas prévu au départ un développement ferroviaire pour la Normandie ?

    Y a-t-il dans ce Grand Paris présenté par Antoine Grumbach un risque de « dislocation des Normandie, de la Normandie » ?

    Il y a donc une incohérence manifeste ! Interrogé, Dominique Bussereau reste muet pour le moment renvoyant la responsabilité de gérer les deux projets ferroviaires en concurrence pour la Normandie au préfet Jean-Pierre DUPORT, chargé du Grand Paris au ministère des Transports. Le ministre attend, visiblement, une  clarification politique...

    C’est le moment de réagir, de réfléchir et de proposer : « Notre destin ne doit pas se décider ailleurs et sans nous » a fermement précisé Philippe DURON en ajoutant qu’il y avait au moins un mérite à cette situation c’est qu’elle devrait nous obliger à réfléchir et à renforcer la cohérence des territoires normands dans le but d’éviter les « logiques de dislocation  de la Normandie ».

    Prise de parole de Laurent BEAUVAIS, président du CRBN

    L’actuel président de la République semble méconnaître le fait régional qui a désormais toute sa légitimité après plus de 20 ans de décentralisation : l’actuelle vision « néo-colbertiste  centralisatrice » du chef de l’Etat ne doit pas faire reculer l’institution régionale. La réforme prévue des Collectivités territoriales ne doit pas affaiblir l’institution régionale (ne pas « cantonaliser », selon le mot d’Adrien Zeller, la région avec ce projet inepte de mandat unique territorial fusionnant conseiller général et conseiller régional)

    Citant le grand géographe normand Armand FREMONT, Laurent Beauvais nous invite à la lucidité: « il y a une ombre portée de Paris sur les territoires périphériques du Bassin Parisien et nous avons une relation privilégiée plus qu’ambivalente avec Paris ». Concernant la région Basse Normandie, Caen y occupe naturellement la première place et la place centrale à condition d’y avoir un réseau opérationnel des petites villes bas-normandes en relation avec Caen (préoccupation déjà présente dans le schéma régional de la DATAR en 1972, année de la division en deux « Normandies »)

    Mais la perspective d’une « réunification » est plus que jamais d’actualité : il faut avec la Haute Normandie une démarche « gagnant / gagnant » et la Basse Normandie ne manque pas d’atouts à mettre dans la future corbeille du mariage (les ports et la pêche, l’aéroport de Deauville, le pôle scientifique et universitaire de Caen, le pôle Movéo, la filière nucléaire, la filière équine et agro-industrielle, la culture et le tourisme patrimonial). Les coopérations privilégiées avec la Haute Normandie doivent se poursuivre (si Levern en veut !) sans oublier les liens avec l’Ouest (Bretagne et Pays de Loire).

    Concernant la proposition Grumbach : « c’est trop focalisé sur le Val de Seine » et concernant l’annonce du TGV Paris/ Le Havre : « faire le pari de la prendre au sérieux » et agir très vite pour imposer l’option « sud » qui permettrait un vrai aménagement du territoire au service de toute la Normandie ce qui implique, outre les 75km de voies nouvelles à construire entre St Lazare et Mantes, une gare rive gauche Saint Sever pour une connexion dans l’agglo de Rouen au futur TGV Nord bis contrairement à l’actuel projet de faire une nouvelle gare des betteraves, ce coup-ci, dans le Vexin à 25 km au Nord de Rouen et un tunnel ferroviaire sous l’estuaire de la Seine pour desservir autant Caen que Le Havre...

    Ce sera l’objet de la prochaine réunion du groupe d’élus  de l’association « Normandie Grande Vitesse » le 25 juin prochain au CRBN à Caen.

    En outre, Laurent Beauvais déplore que l’outil « Normandie Métropole » ait été cassé (ndlr: sabotée par son avant- dernière présidente en exercice, Brigitte Lebrethon,  maire de Caen jusqu’en avril 2008, l’association « Normandie Métropole » est en sommeil depuis novembre dernier, d’un commun accord entre les maires des trois villes et agglomérations concernées: sa liquidation financière reste un problème entier…Bref ! Un beau gâchis qui devrait intéresser les journalistes perspicaces…)

    « Il faut d’urgence le remettre en service ! » a-t-il réclamé...sachant que le réseau métropolitain normand avait fait l’objet d’une validation du gouvernement Raffarin au printemps 2005 après un appel à projets de la DATAR… (Quel gâchis ! bis…)

    Enfin, fustigeant le défaitisme « bas » normand (l’adjectif « bas » y invite presque par nature !) le président socialiste du CRBN a dit que « ce que le président veut, le gouvernement peut ! » : il y a urgence de travailler et de jouer « collectif » et d’être « offensif et clairvoyant » et de sortir de notre réserve (d’indiens...), bref ! Il s’agit « de croire en nous-mêmes »

    Intervention de Vincent FAUCHIER, directeur général adjoint de l’IAURIF

    Il n’y a pas qu’un seul projet de « Grand Paris », il y en a dix dans le cadre d’une vaste opération de recherche/ développement et aussi de communication...

    Les notions que l’on retrouvent dans la plupart des projets sont celles de centralité (comment gérer l’hypercentralité parisienne avec les micro centralités qui se développent vaille que vaille dans la « grande couronne » ?) et celle de la mobilité notamment suite à l’annonce faite par Christian Blanc secrétaire d’état au « Grand Paris » d’un anneau de RER de 130 km notamment dans le Nord est parisien. Par contre, la notion de mixité sociale est moins présente dans les projets présentés que celle de mixité fonctionnelle. Les projets les plus réalistes et les plus prudents (donc les plus « sages ») prévoient d’adapter aux futures évolutions et contraintes urbaines les structures actuelles et présentes : requalifier, améliorer, valoriser, reverdir le Grand Paris (cf. projet de l’agence ROGERS « Les Mille projets du Grand Paris »). Cette démarche de « marketing territorial » s’oppose en fait à celle plus lourde et technocratique (et donc moins « sexy ») du SDRIF (schéma de développement régional Ile de France) qui met la priorité sur les infrastructures de transport et la construction de logements (70000 par an) en raison de la forte ségrégation sociale et économique du marché immobilier en région parisienne.

    En sortant du nombril parisien, on s’aperçoit rapidement de l’existence de deux réalités que l’on ne verrait pas si l’on en restait à une vision de Paris vu de Paris... La première c’est que le contournement Ouest/ Nord ouest de la région parisienne n’est toujours pas fait (en clair : la Normandie est une banlieue de la banlieue ouest de Paris). La seconde c’est qu’au-delà de la relation privilégiée domicile – travail entre Paris et ses périphéries, se développent, de plus en plus, des synergies et des flux au sein même des périphéries : on peut même parler d’une « organisation interne au Bassin Parisien » et l’un des réseaux les plus actifs et les plus dynamiques c’est le nôtre ! Les relations inter-cités Caen/Rouen/ Le Havre se développent à l’ombre de la relation privilégiée à Paris...

    C’est donc l’un des principaux enjeux du Grand Paris : développer les liens de périphéries à périphéries pour ne plus avoir des périphéries dominées. Mais il y a du travail à faire car un Paris/ Le Havre en corail classique met autant de temps que l’Eurostar Paris/ Londres !

    Intervention (excellente et stimulante) de Philippe SUBRA, géographe spécialiste de géopolitique (Université de Paris VIII St Denis)

    Il y a deux problèmes :

    • un problème urbanistique.   Comment doit-on faire pour que Paris reste dans la course de compétition   mondiale avec les autres grandes métropoles qui contrôlent toutes   un accès à la mer ? (Avec cette question corollaire : la Normandie doit-elle   être sacrifiée à la réussite de cette ambition ?)

    • un problème de   « gouvernance » du projet de « Grand Paris ». Peut-on y arriver avec   une méthode consensuelle et efficace et surtout, exempte de toute arrière-pensée   politicienne ? Bien sûr que non ! Les rivalités de pouvoir et de personnes   sinon de carrières personnelles et partisanes entre les représentants   de l’Etat, le maire et le Conseil de Paris et les autres collectivités   territoriales de la région francilienne sont plus vive que jamais !   Le bras de fer se joue autour de la validation toujours refusée pour   le moment par le gouvernement et le secrétaire d’état UMP au Grand   Paris Christian BLANC du « SDRIF » (Schéma de Développement Régional   de l’Ile de France) mis en œuvre par la majorité socialiste du Conseil   régional d’Ile de France présidé par Jean-Paul HUCHON avec le soutien   actif de Bertrand DELANOE, le maire de Paris. En cas de création du   « Grand Paris » ; à savoir le retour au département de Seine d’avant   1960 (fusion de Paris intra-muros avec les départements de la Petite   Couronne) avec transformation des communes en communes d’arrondissement   du Grand Paris, le Conseil Régional d’Ile de France n’aurait plus   que les miettes rurales de la périphérie Nord est de la région capitale   à se mettre sous la dent, à moins de devenir une agence fantôme de   l’Aménagement du Territoire d’un futur Conseil du Grand Paris…   Le président socialiste du Conseil Régional IDF a bien perçu le danger   et a même reçu le soutien discret de certains élus UMP des conseils   généraux concernés : Patrick DEVEDJAN président du CG92 et Valérie   PECRESSE, tête de liste UMP pressentie pour les prochaines élections   régionales… Leur soutien au « Grand Paris » est pour le moins modéré !   D’autant plus qu’en cas de création d’une Communauté Urbaine   du Grand Paris, la sociologie électorale risque d’être défavorable   à la droite… Du côté socialiste, on tente de réagir à l’initiative   du président Sarkozy avec la création du « Syndicat mixte d’étude   de Paris Métropole » : qu’ils soient de gauche ou de droite, tous   les élus locaux franciliens ont plutôt intérêt à y être, ne serait-ce   pour ne pas à subir sans réagir la volonté souveraine du Chef de   l’Etat…Ce qui n’empêche pas les élus communistes de la banlieue   Nord Est d’applaudir à deux mains, l’annonce faite par Christian   BLANC d’un RER circulaire de 130km pour la nécessaire desserte de   la banlieue à la banlieue…

      La situation politique locale en Ile de France est donc pour le moins tendue : après le grand coup de pied présidentiel dans la fourmilière, les fourmis de la politique locale s’agitent en tout sens sur fond de tensions sociales et économiques accrues en Ile de France par la crise actuelle, par la ségrégation immobilière et foncière et par la pénurie générale de logements… Faire preuve d’une vision globale et concertée pour un vrai aménagement du territoire en Ile de France, c’est donc audacieux tant a été poussé loin la « balkanisation » (ndlr : la « Balkanysation » ?) de la prise de décision publique en Ile de France : du fait du statut très particulier de la ville de Paris, le mouvement intercommunal reste très faible en Ile de France… Mais question de « clochemerle » les élus locaux normands n’ont vraiment pas de leçons à donner à ceux d’Ile de France !

      Face à toutes ces arrières pensées politiciennes qui remontent telles des vapeurs nauséeuses du marigot politique francilien, Nicolas Sarkozy a habilement pris le parti de la hauteur de vue en orchestrant une vaste opération de communication autour des projets d’urbanistes et d’architectes pour le Grand Paris du futur notamment pour faire rêver le grand public et surtout, pour avoir la légitimité médiatique de passer en force le moment venu à l’occasion de la future réforme des collectivités territoriales…

      Et la Normandie, là-dedans ?

      « Vous n’existez pas ! » répond le géographe avant de préciser : « si vous voulez vous faire entendre à Paris, faites la réunification ! ».

      Et le géographe parisien d’expliquer comment les élus locaux de la région Nord Pas de Calais ont tout fait pour obtenir le meilleur de la SNCF, à savoir des dessertes en LGV ouvertes sur l’Europe connectées au réseau local des TER : les loobies « tch’ti » ou « breton » fonctionnent, pourquoi n’y aurait-il pas un « lobby normand » ?

      Philippe SUBRA est vivement applaudi par l’assistance et Philippe DURON fait remarquer que le clochemerle normand a stérilisé les projets sur les territoires en développant l’exemple de l’opposition inutile et coûteuse du Conseil Général du Calvados à la création du « Pays de Caen » avant de confirmer que « les Normands n’étaient pas le souci majeur des Franciliens » sauf pour être les habitants d’une « région récréative » dont a témoigné jusqu’ à la caricature la communication touristique de la ville de Deauville, communiquant autrefois sur le thème de « Deauville, 21ème arrondissement de Paris »…

      Table ronde

      (P. Baisnée ; M. Savy ; Y. Gasdoué ; D. Lefrançois ; S. Galès ; L. Rougé ; D. Vinot-Battistoni)

      Intervention de Lionel Rougé

      Lionel Rougé, géographe à l’université de Caen et animateur de la table ronde fait d’abord un petit exposé synthétique de ses travaux sur la périurbanisation : la Basse-Normandie est présentée comme une « périphérie dominée » du Bassin Parisien où les phénomènes d’étalement du périurbain sont importants dans des territoires ruraux irrigués par des petites villes mais de plus en plus soumises à l’attraction urbaine lointaine de certaines agglomérations situées hors de Basse Normandie tendant finalement à réduire le statut de Caen à celui de … capitale de la Plaine de Caen…

      Les analyses du collectif « BEN » sont ainsi confirmées : la Basse Normandie devient un « Ploukistan » par l’assèchement des espaces urbains (les jeunes les mieux formés et les populations les plus compétentes s’en vont, restent les pauvres et les vieux…)

      La solution ? Développer la coopération de projets et de finance entre collectivités territoriales et impulser une vraie politique pour un aménagement économique et social du territoire : et ce jeune géographe toulousain fraîchement arrivé dans notre région de déclarer « la Normandie dispose encore de ressources spatiales généreuses, il faut cesser le laisser-faire! ». Là encore, une bonne remarque d’un géographe venu d’ailleurs qui ne connaît pas, cependant, l’initiative du « 276 » prise par les collectivités territoriales de Haute Normandie pour précisément palier le risque qu’il dénonce en Basse Normandie : une fois de plus, la division a de fâcheuses conséquences dont l’une des plus graves est une certaine méconnaissance réciproque des élites de « Basse » et de « Haute » des dossiers et problématiques de chaque demi-région, du fait que l’INSEE, par exemple, ne publie plus un atlas statistique « normand »…

      Intervention de Michel SAVY

      Le port du Havre, malgré le recul sévère d’activité lié à l’actuelle crise mondiale, demeure le premier port français avec la région parisienne dans son hinterland : la concurrence est rude avec Anvers qui a le même profil et le même niveau d’activité que le port normand. Le Havre est une ville moyenne qui a besoin des agglomérations de Rouen et de Caen pour atteindre la taille critique suffisante pour peser. Un atout et un potentiel encore sous utilisé : la logistique de la Basse Seine normande. La région parisienne, délocalisant ses infrastructures de logistique dans le Loiret et plus à l’ouest en Normandie selon un classique effet de géographie subie « parce que les beaux quartiers ne veulent pas de camions », peut offrir à notre région le statut de première région logistique de France, sachant que la logistique multimodale (fer, route, voie fluviale ou aéroports) est appelée à se développer notament sur des grandes bases spécialisées pouvant créer de nombreux emplois non délocalisables (ex : le projet de Mézidon-Canon qui pourrait permettre l’éclatement des marchandises venues du Havre sur l’arc Atlantique par le réseau ferroviaire). Pour le moment, la logistique en France s’organise sur l’axe traditionnel Paris/ Lyon/ Marseille. Mais dans l’Ouest de la France, l’organisation de pôles logistiques reste à faire : Le Havre a donc une formidable carte à jouer. Cela suppose, au préalable, une vision globale de l’aménagement du territoire d’un hinterland normand, c'est-à-dire de penser le désenclavement de la Normandie vis-à-vis de Paris pour que Le Havre soit, non seulement le port de Paris, mais aussi l’avant-port européen…

      Intervention d’Yves GASDOUE, maire et président de la C.U. de Flers

      Face à la menace de désertification rurale, les petites villes sont condamnées au volontarisme et à la lucidité pour ne pas subir… Le maire de Flers présente le projet Faurécia de Caligny : inauguration d’une usine de 1500 salariés avec unité de RD sur la sécurité des sièges et création d’une école d’ingénieurs avec le soutien de l’ENSI Caen…  Des projets ambitieux et complexes peuvent être réalisés dans les territoires ruraux  à condition de remplir deux conditions :

      • Avoir des pouvoirs   publics locaux techniquement crédibles et compétents
      • Avoir une stratégie   de travail en réseau et en partenariat avec toutes les collectivités   territoriales concernées et avec tous les partenaires publics et privés,   dans le but de ne pas décourager les bonnes volontés des investisseurs   avec la complexité du mille feuille administratif français !

        Mais ce qui a été le plus déterminant pour la réussite de ce pari risqué et réussi d’ouvrir entre Flers et Condé sur Noireau, bassin industriel « sinistré » un site nouveau et ambitieux, c’est le soutien de l’agglomération caennaise, capitale régionale et du conseil régional, partenaires essentiels pour la réussite des projets dans les petites villes  de Basse Normandie.

    Le maire de Flers s’est déclaré « interpellé » par le projet Grumbach en se posant la question des conséquences territoriales de tels arbitrages : « il faut éviter l’effet corridor avec Le Havre, au bout ». Le maire de Flers aurait-il lu la « Nausée » de Jean-Paul Sartre évoquant « Bouville », la ville du Havre de sa jeunesse tout au bout de tout qui l’écoeurait tant ? Il précise avec raison : « On risque d’avoir une Basse Normandie, territoire interstitiel coincé entre le Grand Paris et la Bretagne ! » avant d’ajouter, avec beaucoup de finesse, que ces annonces et projets avaient au moins le mérite de « relancer le débat sur la réunification entre Haute et Basse Normandie d’une bonne manière, non pas en reparlant de la querelle de la capitale mais en posant le problème de l’aménagement du territoire : quel pôle d’équilibre entre la Normandie et l’île de France ? »… Et de conclure en rappelant quelques vérités élémentaires de toute bonne analyse géopolitique, à savoir qu’il y a toujours « des rapports de force et qu’il ne faut pas faire d’angélisme » mais aussi : « quand on touche à l’essentiel, on met la politique politicienne de côté, on se met d’accord et on fait l’union sacrée »

    Les Normands se réveilleraient-ils ?

    Intervention de Sydney Galès, président du GANIL

    Il y a trente ans, comme à Flers aujourd’hui, le GANIL a été crée dans un champ à la périphérie Nord de Caen. Il s’agit d’un accélérateur d’ions lourds et il n’y a que cinq structures comparables dans le Monde entier ! Régulièrement, Caen accueille des colloques scientifiques internationaux consacrés à la recherche fondamentale en sciences physiques. Autour du GANIL s’est développé un campus unique au monde avec de nouveaux outils et projets (CYCERON ; ARCADE et SPIRALE II) qui vont placer le site caennais au meilleur niveau mondial dans la recherche nucléaire appliquée à la médecine mais pas seulement car SPIRALE II (200 millions d’euros d’investissements apportés par toutes les collectivités territoriales concernées) vise, ni plus ni moins, à reproduire le fonctionnement du soleil… Et Sydney Galès de dire que finalement, avec le départ du projet « Soleil » sur le plateau de Saclay c’est bien la « région parisienne qui est une banlieue de Caen et non l’inverse ! » puisque les chercheurs en physique nucléaire de la région parisienne vont régulièrement à Caen… Cet exemple brillant illustre parfaitement ce que nous n’avons jamais cessé de dire : ce n’est pas parce que Paris est trop près d’ici qu’il ne serait pas possible de faire ici des projets mais le contraire ! C’est parce qu’il n’y a pas assez de projets pour mettre en valeur le potentiel de notre région que Paris s’approche, dangereusement, de nous ! D’ailleurs le directeur du GANIL précise, lapidaire : « il faut survivre, si on ne fait rien on disparait ! » avant d’ajouter qu’avec le GANIL de Caen et la filière nucléaire présente dans toute la Normandie (Haute et Basse) il y aurait moyen de valoriser cette filière et ses compétences pointues dans le cadre d’un véritable pôle de compétitivité (cette idée a fait l’objet d’un récent rapport du CESR de Basse Normandie) : en clair, la Normandie qui subit pour le moment que les inconvénients du Nucléaire (pollution symbolique ; risque de radioactivité ; lignes à haute tension ; mono-activité) pourrait davantage mettre en valeur ses avantages dans le cadre d’un réseau qui aurait une réputation scientifique internationale… Et Sydney Galès de conclure : « les réseaux solidaires sont plus forts dans la compétition territoriale, il faut s’associer avec les autres acteurs ».

    Intervention de Dominique Lefrançois, maire de Troarn

    Dans le pays de Caen, effet « clochemerle » oblige ! on a un gros retard à rattrapper notamment pour accompagner l’étalement du péri-urbain et la mise à niveau des équipements publics pour des populations ayant de plus en plus d’exigences… Notre analyse du collectif « BEN » : Une fois de plus, il y a intérêt à ce que les collectivités territoriales travaillent plus en concertation, notamment dans une logique de coopération de projets et de finances : les grandes ressources budgétaires que permet le partenariat « 276 » en région Haute-Normandie  sont précisément mises à la disposition des projets des inter-communalités ce qui fait dire, à juste titre, que la Haute Normandie est à la fois plus riche et plus solidaire et que la Basse Normandie est à la fois plus pauvre et plus… divisée !

    Intervention de Pascal Baisnée, président du pôle « TES »

    Ce sont les services qui vont créer les nouvelles industries : en France, 70% des entreprises spécialisées dans les transactions électroniques sécurisées viennent à Caen. « On vient même de Paris ! » précise Pascal Baisnée… Le pôle « TES » de Caen, c’est près de 40% des entreprises créées récemment dans le secteur, 1500 emplois directs, 120 membres et 93 entreprises associées pour la desserte d’un marché représentant un million d’emplois industriels (quelques noms d’entreprises installées à Caen : EFF ; Innov Elitt ; Eurodemat ; Evamed ; Ingelis ; NXP ; Orange lab ; Proxyconcept ; TBS Internet ; Tokheim ; SAP ; etc…)

    Intervention de Dominique Vinot-Basttistoni, maire de Bieuville-Beuville

    Il y a aussi un « grand pari » de l’agglomération caennaise c’est de rester au « centre de sa région » . Mais pour cela il faut avoir la volonté d’agir, avoir une ambition, un projet d’agglomération pour animer la tête d’un réseau de villes sur toute la région. L’agglo de Caen a ses atouts : l’excellence scientifique et universitaire de son plateau Nord ; l’émergence du campus « Efficience » autour du pôle « TES » et l’arrivée prochaine d’un pôle « éco-construction » et d’un pôle « métiers du Livre et de l’édition » avec la venue à Caen du patrimoine de l’ancienne Imprimerie Nationale qu’il faut mettre en relation avec l’IMEC qui conserve et valorise les archives des principales maisons d’éditions françaises sur le site de l’abbaye d’Ardenne. Le profil culturel et scientifique de l’agglo de Caen s’affirme. Commentaire du collectif « BEN » : la décentralisation à Caen d’une Grande Ecole serait une idée intéressante aussi… (depuis Mexandeau, les élus y pensent…)

    Mais l’agglo de Caen a des handicaps : son relatif enclavement et son manque d’accessibilité vis-à-vis de Paris et surtout un déclin de son attractivité métropolitaine sur le reste de la Basse Normandie… (ndlr : on se demande bien pourquoi !)

    Réactions et interventions de personnes présentes dans la salle

    Le collectif citoyen « Bienvenue en Normandie »

    Tout d’abord félicitations pour cette initiative : face au projet d’un Grand Paris étendu jusqu’au Havre il faut réagir, il faut surtout agir. Le collectif « BEN » suit tous ces dossiers depuis trois ans et avait alerté sur les projets d’Antoine Grumbach dès novembre dernier. Il nous reste peu de temps pour proposer quelque chose d’alternatif. Trois remarques pour tout dire au plus vite :

      • La Nature a horreur   du vide
      • Il faut unifier   (et non pas réunifier) le projet régional et métropolitain normand
      • Le Havre pour être   autre chose que le port de Paris, à savoir être l’avant-port européen,   aura besoin de Caen et de Rouen : la « réunification » de la Normandie   est désormais une vraie urgence !

    Mme Josette Travert, présidente de l’Université de Caen

    Un exemple illustre parfaitement la dynamique positive d’un réseau entre une agglomération centrale et les petites villes qui maillent un territoire c’est l’organisation de l’université de Caen Basse Normandie avec ses antennes et ses IUT. Pour tenir compte de l’échelle pertinente : depuis janvier dernier, un Pôle Régional d’Enseignement Supérieur regroupe les forces des trois universités normandes (ndlr : un PRES qui, aux dernières nouvelles, a du mal à démarrer tant ont été prises de mauvaises habitudes avec 38 années de division…). Et Mme Travert de préciser : « qu’il était bon d’être conscient de nos faiblesses mais qu’il convenait surtout de défendre nos atouts et ce d’une même voix, surtout à Paris »

    Un représentant du patronat local

    « Les idées de rassembler la Normandie ça ne marchera pas » a-t-il précisé arguant qu’il y a désormais trop d’intérêts divergents dans le « puzzle normand ». Et de préciser : « il y a des potentiels en friche depuis trop longtemps, c’est lamentable ! ». Commentaire du collectif « BEN » : on sera d’accord avec le constat, mais le défaitisme de certains décideurs « BAS » normands confondant allègrement les causes du déclin régional avec les conséquences d’une éventuelle « réunification » est désormais HORS SUJET !!!

    Mme Clotilde Valter, conseillère générale du Calvados

    Rappelle l’importance de la dynamique économique et logistique de l’Estuaire de la Seine et de Port 2000 pour l’avenir du Pays d’Auge et qu’il y a une urgence économique et sociale à un vrai désenclavement de la ville de Lisieux.

    M  Luc Duncombe, conseiller municipal de Caen

    Rappelle très utilement qu’il faut sortir de notre « passivité » de bas-normand : Caen et son territoire régional forment un seul élément cohérent. Face aux prétentions du Grand Paris que faut-il faire ?

    • « Etre ensemble   pour peser ensemble »
    • Et surtout : « éviter   deux réflexions parallèles qui s’ignorent, l’une bas- normande,   l’autre haut-normande. Les Rouennais sont aussi inquiets que nous.   Il faut une réflexion normande commune : nous avons un bien commun,   l’Estuaire de la Seine »

    Conclusion du colloque par Philippe DURON : esquisse d’un bilan de la division normande et perspectives conquérantes

    Peut-être pour la première fois, on esquisse à Caen, officiellement, le bilan du déclin métropolitain normand conséquence directe de 38 années de division administrative :

    Philippe DURON commence son propos par l’évocation de  certaines occasions ratées pour le maintien du dynamisme économique et métropolitain de l’agglomération caennaise, par exemple la colère d’un préfet de région devant le manque de réactivité des élus locaux qui n’osent pas candidater pour la venue de TOYOTA sur le site de l’ex SMN (Colombelles à l’est de l’agglomération) qui finira par aller à Valenciennes. Puis il fait le bilan d’un vrai déclin métropolitain de Caen depuis 40 ans commencé par la restriction de l’aire académique caennaise qui s’étendait, à l’orée des années 1960, sur les cinq départements normands plus la Sarthe et la Mayenne (Normandie-Maine). Il évoque ensuite le bon vieux temps du Caen de ses études, époque où Caen « était une vraie capitale régionale avec deux quotidiens régionaux : Ouest France et Paris Normandie »… Puis il insiste sur les puissantes tendances centripètes venues de Rennes, Nantes, Le Mans ou Paris qui menacent désormais la Basse Normandie de dislocation (nous disons « demi-région » bas normande, l’expression n’a pas été utilisée mais ça viendra !) avant de poser trois grandes interrogations qui sont aussi celles qui ont justifié la création de notre collectif « Bienvenue en Normandie » :

      • « Les périphéries   du Bassin Parisien doivent-elles être passives ? Il faut réfléchir   très vite à notre place dans le Bassin Parisien. C’est une question   qui  est posée  depuis le schéma d’aménagement Delouvrier   de la Basse Seine dans les années 1960. Or on constate que l’actuelle   proposition Grumbach trop centrée sur le Val de Seine manque d’ambition.   Il faut revenir à une vision d’ensemble Baie de Seine... »
      • « Qui sommes nous ?   La Haute Normandie doit-elle être un satellite industriel et portuaire   du Grand Paris ? La Basse Normandie, une réserve d’Indiens destinée   à la récréation des Franciliens ? Le débat sur une région normande   unifiée ou non va s’accélérer »
      • « Caen peut –elle   avoir des fonctions urbaines supérieures ?  Aujourd’hui, à l’échelle   européenne, 100 000 habitants, c’est trop petit. Il faut un réseau   et Normandie métropole nous manque cruellement. Dans ce réseau métropolitain,   Caen peut préserver son rôle de capitale en Normandie avec l’appui   du réseau des villes secondaires de Basse Normandie  (notion de subsidiarité   et de solidarité : les petites villes doivent pouvoir s’appuyer sur   le réseau métropolitain de tête pour réaliser les projets qu’elles   ne peuvent pas faire elles-mêmes)

    Enfin, pour terminer, Philippe DURON rappelle l’importance d’affirmer une identité régionale  forte pour imposer son point de vue à Paris : le temps de la « ville subtile » décrite par JM Girault est révolu, Caen et la Normandie doivent se montrer « conquérants » en faisant…«comme les Bretons ! »

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Réactions du CM de CAEN

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Réactions de CAEN Métropole

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Commentaires
F
On vient de l'apprendre et c'est une excellente nouvelle!<br /> <br /> L'Etat a le projet d'élargir le périmètre géographique de l'actuelle Directive Territoriale d'Aménagement de l'Estuaire à la ... Baie de Seine toute entière!<br /> <br /> Une DTA est une disposition administrative qui organise la collaboration des services de l'Etat en région sur des zones stratégiques pour l'avenir du pays. Elle est mise en oeuvre par les préfets concernés par la zone géographique d'application.<br /> <br /> L'actuelle DTA validée par le Conseil d'Etat en 2005 allait de l'Ouest de l'agglomération caennaise à l'Est de celle du Havre (grosso modo, de Bayeux à Fécamp): l'objectif était alors d'accompagner le développement du port du Havre (Port 2000)<br /> <br /> Or on vient d'apprendre que le CESR de Haute-Normandie vient de se saisir de la question d'étudier les conséquences d'une DTA "baie de Seine" qui irait de CHERBOURG à DIEPPE, envisageant dès lors l'essentiel du littoral de notre région et l'ensemble de son potentiel portuaire: cette DTA élargie souhaitée par l'Etat permettrait d'organiser le réseau des ports normands indispensable pour faire réellement de la Normandie, la porte Océane de la France et de l'Europe.<br /> <br /> Rappelons que la Normandie est un corps multiple qui vit grâce à trois organes qu'on ne peut dissocier:<br /> <br /> 1) Le VAL de SEINE (ROUEN) qui permet notre relation privilégiée à Paris<br /> <br /> 2) Un val de Seine qui s'élargit sur un ESTUAIRE (Le HAVRE) ou s'épanouit le troisième potentiel industriel portuaire et urbain de France<br /> <br /> 3) Un estuaire qui s'élargit sur une BAIE de SEINE (CAEN, CHERBOURG) qui permet à l'ensemble, Val de Seine et Estuaire d'être véritablement normand, à savoir, comme le disait superbement Michelet, "ce visage de majesté qu'offre la France face à l'Angleterre et face au Monde"<br /> <br /> La logique d'Antoine GRUMBACH est désastreuse puisqu'en limitant ses réflexions au seul Val de Seine, il prend le risque de renforcer la soumission de la Basse Seine normande dans son rôle assez mesquin de corridor industriel et urbain soumis à la région parisienne. Piège dans lequel Paul DELOUVRIER était déjà tombé en 1965 avec son SDAU de la Basse Seine qu'il avait fallu corriger dès 1969 avec un SDAU "élargi", déjà! à l'Estuaire de la Seine...<br /> <br /> Si cette nouvelle DTA est mise en place prochainement par l'Etat, il faudra alors mettre en place la collectivité régionale territoriale pertinente pour co-piloter ce nouveau territoire, plus pertinent et plus cohérent: on a donc la confirmation que LE POTENTIEL NORMAND EST PRIS TRES AU SERIEUX PAR L'ETAT...<br /> <br /> C'est une bonne nouvelle pour tous les partisans et acteurs de l'UNITE NORMANDE!
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Y
Reprise ici du bon article du 3 juillet sur la réunion de Caen du 20 juin à propos du Grand Paris, paru dans l'excellent Normandie-Magazine (pour lire ou s'abonner : http://info.normandie-magazine.fr/ ).<br /> <br /> "Grand Paris : les Bas-Normands montent au créneau" Le 3 Juillet 2009 <br /> <br /> « Quelle stratégie pour l’agglomération caennaise face au Grand Paris ? » Caen Métropole et son président, Philippe Duron, ont lancé la mobilisation. Samedi 20 juin, à la mairie de Caen, les élus présents en rang serré ont affirmé leur volonté de ne pas se laisser faire.<br /> <br /> La proposition de Nicolas Sarkozy, le 29 avril dernier, de « mettre Le Havre à une heure de Paris » a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans une nuit calme. <br /> <br /> À Rouen comme à Caen, la pilule a eu du mal à passer… D’autant que cette annonce fracassante n’est pas sans risque, ni pour la Haute, ni pour la Basse-Normandie : la première se faisant manger toute crue par l’Île-de-France et la seconde devenant « une réserve d’Indiens où les Parisiens viendraient prendre un bol d’air le week-end », entre Bretagne et « Francilie » !<br /> <br /> Vu de Caen, ce projet d’un Grand Paris jusqu’au Havre est « une fausse bonne idée qui ne prend pas en compte l’aménagement du territoire normand depuis cinquante ans », s’insurge le député-maire, Philippe Duron, par ailleurs président de Caen Métropole. « Le rapport Louvrier (1965) et la Datar (Direction de l’aménagement du territoire) ont toujours pensé la cohérence de l’estuaire autour des trois pôles de Rouen, Caen et Le Havre. »<br /> <br /> Tout d’un coup, en s’affranchissant de cette complémentarité, en ne pensant la vallée de la Seine que comme une voie d’accès et de sortie de l’Île-de-France, « on met en danger l’existence même de la Normandie. En dehors de l’annonce politique, nous nous devons de réagir et de proposer. Il n’est pas envisageable que notre destin se décide sans nous. L’utilité de cette annonce du président Sarkozy, c’est qu’elle nous oblige à réfléchir à la façon dont les territoires normands peuvent s’intégrer dans la problématique francilienne afin que le Grand Paris ne soit pas synonyme de dislocation ou de disparition de la Normandie. »<br /> <br /> Avec pour enjeu la survie même de la Normandie, Haute et Basse réunies, les élus bas-normands semblent avoir choisi et décidé de ne pas se laisser faire. Philippe Duron, en chef de file, prêche l’offensive : « Sortons de notre réserve ! Cessons d’être modestes. Je dis qu’aujourd’hui, avec un président fracassant comme Nicolas Sarkozy, on n’est plus dans le temps de la subtilité. Les Normands doivent raviver la flamme de leur passé conquérant, fédérer les troupes pour monter ensemble à Paris et à Bruxelles… et dire que cette région à un avenir. »<br /> <br /> Pour le maire de Caen, la Normandie doit se fédérer pour exister et se désenclaver : « Je n’étais pas favorable à la mise en sommeil de Normandie Métropole qui réunissait Le Havre, Caen, Rouen et leurs agglos. Cette association retrouve son sens. Anne d’Ornano, pour le Calvados, est d’accord pour une démarche en commun, tout comme Laurent Beauvais, président de la Région Basse-Normandie ». Présent à l’ouverture du colloque, celui-ci a rappelé le travail de la Région pour la modernisation du ferroviaire (plan 2020).<br /> <br /> Eh oui, quid du train et des promesses de Dominique<br /> Bussereau, secrétaire d’État aux Transports, de mettre Caen à une heure et demie de la capitale par le train… face au « TGV Sarko » Paris-Le Havre ? « J’ai interpellé Dominique Bussereau et il m’a assuré que la LGV Paris-Le Havre en moins d’une heure, c’était du très long terme (2035). Et que cette annonce ne changeait rien à ses engagements pour le Caen-Paris à moyen terme (2020). Je veux le croire. »<br /> <br /> Mais que pèse une région de trois, et même de cinq départements ? « Elle doit chanter plus fort », rétorque Philippe Duron, et trouver des alliances, comme savent le faire si bien les Bretons, pour « parler d’une seule voix face au pouvoir central. Les Rouennais sont aussi inquiets que nous. Nous devons réfléchir ensemble à la vision estuarienne de la Normandie. » Et après ? « À ce moment-là seulement, la question de la réunification aura un sens. »
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Y
C'est assez répandu en Normandie : discuter localement du Sexe des Anges. Comme à Byzance...<br /> <br /> Et chaque collectivité normande, chacun dans son coin, de vouloir "profiter" et "englober" les paris d'avenir de l'Etat et des collectivités franciliennes autour du "Grand Paris".<br /> <br /> Que le chef de l'Etat Nicolas Sarkozy ou le maire du Havre Antoine Rufenacht fassent leurs projets "dans leurs coins" (c'est à dire avec des visions parisiennes et centralisatrices) n'est pas surprenant... : car ailleurs chacun est rester dans son petit coin, à faire des coins-coins !!! <br /> (il suffit de lire en ce moment ce qui se passe à Paris : les projets d'avenir franciliens soutenus et portés par les Chef de l'Etat sont unanimement déclarés compatibles avec les projets de la Région Ile de France, pilotés par une majorité PS... il semble donc qu'entre Ile- de-France et Normandie il y a de très gros décalage : les mentalités politiques, les cultures politiques ont une avance considérable de plusieurs années en Ile de France par rapport à la Normandie, qui est politiquement très dispersée et désemparée)<br /> <br /> Résultats des Courses : les trains vont sans doute continuer à passer sans s'arrêter pour beaucoup en Normandie !<br /> Si la Normandie est une unité (non encore politique et administrative), elle est aussi une grande diversité.. <br /> Il faut savoir demain gérer ces deux aspects afin surtout d'éviter la dislocation pure et simple de la Normandie : Exigeons une Normandie unifiée et politique maintenant !<br /> <br /> Sans sursaut, peut-être tout du moins la Normandie trouvera-t-elle quelle est la nature du Sexe des Anges... ? Il est grand temps d'agir !
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F
A Kirikoo: certes, je n'habite pas Le Havre mais j'ai lu les 182 pages du Rapport Grumbach et après cette lecture où la géo-histoire et la géopolitique de la Normandie vis à vis de la région parisienne sont complètement ignorées au profit d'une vision naïve d'un Val de Seine, corridor lumineux découpant la nuit normande, RIEN NE PROUVE NI NE PERMET DE CROIRE QUE LE HAVRE SERA TOUJOURS DIRIGE... DU HAVRE ( jeter aussi d'urgence un oeil au rapport Attali sur l'éventualité d'une fusion des ports normands de la Basse Seine avec le port de Paris-Gennevilliers)<br /> <br /> Je le répète si Le Havre peut être autre chose que le port de Paris au débouché d'un "corridor séquanien" il faut cesser d'urgence d'ignorer Rouen et Caen: il faut penser RESEAU NORMAND!<br /> <br /> Quant à dire que la Basse Normandie est une "campagne désertique" lorsque vous me reprochez de ne pas connaître Le Havre, c'est l'hôpital qui se fout de la charité!<br /> <br /> La Normandie occidentale n'est pas un désert rural c'est l'hinterland actif, rurbanisé et industrialisé en amont de l'Estuaire et du grand port maritime havrais. Plaine et agglomération de Caen, Littoral, Pays d'Auge intérieur, Côte Fleurie et de Grâce (Deauville, Trouville/ Honfleur...) forment la partie occidentale de l'aire métropolitaine normande en cours de construction dans le triangle Caen/ Rouen/ Le Havre, voire au-delà! (réseau des villes moyennes à connecter avec ce réseau métropolitain): Kirikoo, relisez le géographe havrais Armand FREMONT qui explique ces choses très bien! Sortez de votre "corridor séquanien" miroir parisien aux alouettes normandes, voyez la Normandie qui existe au delà (Val de Seine en Normandie avec sa Baie de Seine) et ne perdons pas de temps!<br /> <br /> Encore pour Kirikoo: la gare de Rouen,dans le projet annoncé avec fanfares et trompettes d'un TGV "Paris/Le Havre" n'est pas prévue à Bois Guillaume mais à 15km au Nord est dans le plateau du Vexin: d'ailleurs la traversée du parc Naturel du Vexin s'annonce coûteuse, sans même parler de celle du Pays de Caux et de certains sites forestiers ou protégés de la Seine Maritime. On dépassera largement le MILLIARD alors que le gouvernement Fillon et Dominique Bussereau ont accepté, avec les collectivités concernées et RFF, de mettre 4,2 MILLIARDS pour améliorer l'accès ferroviaire actuel de la Normandie à Paris et au reste du pays: cette incohérence entre les deux projets pointée par Mme d'Ornano mais aussi par tous les décideurs, élus et spécialistes sérieux de la géographie normande, ce n'est justement pas sérieux!<br /> <br /> Par contre, la proposition BEAUVAIS de reprendre le projet d'un TGV direct Paris/ Le Havre, annonce présidentielle, pour améliorer un projet gouvernemental (option "Sud") est habile et pertinente notamment parce qu'elle s'appuie sur un projet déjà étudié techniquement, validé par les experts de RFF et dont le financement est déjà en cours de programmation.<br /> Avec ce projet BEAUVAIS, la Normandie aurait deux accès à Paris: Saint Lazare et la Défense pour la connexion à Roissy et au TGV NORD bis<br /> <br /> Toujours pour Kirikoo: Rufenacht est un authentique réunificateur qui a cautionné la mise en sommeil de l'association "Normandie Métropole" le 5 novembre 2008 avec ses compères socialistes Duron et Fabius. A la fin du même mois, le réunificateur Rufenacht invitait le loup Grumbach dans sa bergerie pour parler d'un "Grand Paris étendu jusqu'au Havre". Vengeance contre l'arrogance rouennaise de Fabius au point de refuser au projet de festival international de la peinture impressionniste en Normandie? Ils payent, nous payons aujourd'hui le prix de ces enfantillages!<br /> <br /> Tout le monde réclame aujourd'hui la réactivation de "Normandie Métropole": commençons déjà par une réunion des trois agences d'urbanisme concernées!<br /> <br /> Le Grand Paris est un défi (merci à Rufenacht d'avoir dit à Sarkozy que le Val de Seine est plus important pour l'avenir de Paris que l'autoroute du Nord...) qui oblige à être positif et à faire des propositions concrètes et crédibles, réalistes car la Nature a horreur du vide!<br /> <br /> C'est ce que fait avec courage et intelligence Laurent Beauvais, un authentique réunificateur normand, sur ce dossier et depuis le début Beauvais a été reçu par Balladur, Bussereau... a discuté avec le patron de la CCI du Havre sur la fusion dans l'Estuaire, a eu un échange avec Armand Frémont lui-même sur l'avenir de notre région et compte bien rencontrer, de nouveau, Bussereau mais aussi Christian Blanc et Antoine Rufenacht: s' il y en a un qui se bouge et mouille sa chemise pour l'avenir en Normandie, c'est bien lui! Suivez le dossier avec sérieux, SVP merci!<br /> <br /> Biensûr on ne dira pas la même chose de LEVERN et FOURNEYRON qui sont contre la réunification et ne font STRICTEMENT RIEN! Aucune initiative ou presque! Pourquoi?<br /> <br /> Quand on a rien à proposer on n'obtient pas de rendez-vous! voilà -tout!<br /> <br /> Et Fabius? Dès qu'il en aura fini avec son affaire de communauté urbaine à Rouen, il prendra certainement les décisions qui s'imposent pour ne pas rester en dehors de la dynamique créée par les annonces présidentielles: même s'il demeure plutôt silencieux, son intérêt est d'appuyer les démarches de Laurent Beauvais, Philippe Duron et maintenant Anne d'Ornano, de négocier avec Rufenacht un vrai TGV normand et de mettre ENFIN Levern à la retraite!<br /> <br /> A Alnor: d'accord avec toi, la Normandie divisée est menacée de dislocation car on a affaire à un "aménagement UMP du territoire" D'où l'urgence de soutenir la proposition Beauvais!<br /> <br /> A Graup: c'est une citation déjà ancienne des propos de Jean-Léonce Dupont (dans la Manche Libre) un has-been qui confond les causes du déclin normand (la division) avec les éventuelles conséquences d'une fusion régionale...
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G
Quelle place pour Caen dans le futur ensemble “Normandie-Grand Paris”? Et dans le trio Caen-Rouen-Le Havre ? <br /> <br /> Le 29 avril dernier ont été publiés les résultats de la 'consultation nationale sur l'avenir de la métropole parisienne� dans la perspective d'une recomposition territoriale.<br /> Le 19 mai, le député maire PS de Caen Philippe Duron a adressé un courrier au Président de la République dans lequel il souligne que “tout projet de développement de la vallée de la Seine qui n’inclurait pas Caen dans ses réflexions serait déséquilibré et inopérant”. Le sénateur Nouveau Centre et premier vice-président du Conseil général du Calvados, Jean-Léonce Dupont, s’exprime à son tour.<br /> Que pensez-vous de ce qui ressort de la consultation nationale ?<br /> “On parle du Havre “port de Paris”, j’aurais préféré qu’on parle de “l’estuaire, façade maritime de Paris”, ce qui implique un développement de part et d’autre de l’estuaire, sur ses deux façades Nord et Sud.”<br /> Le développement du Havre ne profiterait pas aux Bas-Normands ?<br /> “Que Le Havre ait besoin de son interland, à savoir Paris, cela me paraît évident, mais ce qui me choque, c’est qu’on ne parle que du Havre. Le TGV au Havre est une bonne chose pour les Hauts-Normands, mais pour les Bas-Normands, je ne vois pas pourquoi ce serait une bonne chose. Il y a là un risque de marginalisation de la Basse-Normandie. L’estuaire doit être valorisé : il en va de la place d’Honfleur et, derrière, de l’avenir de Mézidon-Canon, etc.”<br /> Que faut-il faire pour aller dans ce sens ?<br /> “On a déjà vécu, il y a quelques années avec les Directives territoriales d’aménagement (DTA) une initiative où il était question de développer la Haute-Normandie et de garder la Basse-Normandie comme une réserve paysagère et rurale. Nous nous sommes battus, ce combat doit continuer.”<br /> Pourtant, on parle de réunification de la Normandie, vous ne devez pas être le seul à défendre cette idée ?<br /> “Il faut surtout la mettre en actes. Dans la réunification de demain, la Basse-Normandie doit être plus qu’une sympathique réserve d’Indiens. La réunification doit être intéressante pour tout le monde. Pour cela, il faut que l’Etat apporte quelque chose dans la corbeille de la mariée, d’une part le TGV et d’autre part que Caen soit la capitale institutionnelle de cet ensemble. Car Rouen a sa capacité de développement naturelle, avec son poids démogaphique, et Le Havre son poids économique avec Port 2000.”<br /> Partagez-vous l’inquiétude exprimée par Philippe Duron à propos de la place de Caen ?<br /> “Philippe Duron a toutes les raisons de s’inquiéter ! Quels projets a-t-il pour développer Caen ? Il faut positionner notre capitale régionale comme un pôle d’enseignement supérieur et de recherche de qualité. C’est “la” carte que l’agglomération peut jouer. J’en veux beaucoup à ceux qui ont laissé notre université être une des plus perturbées de France. En Bretagne, Rennes 2 a perdu des milliers d’étudiants en l’espace de trois-quatre ans à cause de ce genre de laisser-aller. J’attends des projets, une ambition, que le développement de la Presqu’île avance, qu’on favorise un haut niveau de qualité de vie au bord de la mer. Voilà ce que doit être Caen : une haute équipe intellectuelle dans un cadre exceptionnel - les pieds dans l’eau. Sinon comment voulez-vous faire le poids, avec un peu moins de 200 000 habitants, face à des villes comme Rouen, Le Havre, Rennes, Le Mans avec sa gare TGV...”<br /> Vous défendez également l’aéroport ?<br /> “Il ne faut pas rêver, nous n’aurons pas à Caen d’aéroport international, mais là on retombe dans la même problématique que pour le ferroviaire...”<br /> A qui la faute ?<br /> “C’est quelque chose qu’on aurait dû défendre au niveau de la région, mais on s’est retrouvé avec une région qui n’avait pas de projet dans les cartons...”
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