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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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14 août 2009

Tribune libre du collectif BEN dans La Manche Libre, 14 /08/09

 

« Soyons conquérants de nous-mêmes ! »

Réflexions pour un vrai projet régional normand

Deux articles récemment parus dans La Manche Libre (édition du 18 juillet dernier) me conduisent à partager avec vous quelques réflexions sur l’avenir de notre région, au moment même où des décisions définitives sont à prendre : les responsables de notre région seront-ils capables de prendre ces décisions par eux-mêmes pour que l’avenir de la Normandie reste EN Normandie ?  Les débats sur  le « Grand Paris » ; l’avenir du port du Havre ; le TGV normand ; la réforme à venir des collectivités territoriales ; les déclarations et les nombreux déplacements de Nicolas SARKOZY dans notre région, indiquent que la Normandie fait l’objet d’une attention toute particulière au plus haut sommet de l’Etat : Le moment est donc venu de prendre la Normandie au sérieux… en Normandie !

Car il y a une question régionale normande qui réclame une  solution urgente !

La crise économique ne fait que rendre visible jusqu’à la caricature les faiblesses structurelles de notre région : la situation est grave, l’avenir, inquiétant. Notre région manque de perspectives, de dynamisme, de projets : la menace d’une dislocation de l’espace normand relégué au statut peu enviable de périphérie dominée et divisée du grand ouest parisien ou du grand ouest breton est bien réelle…

La sanction la plus cruelle de cette situation est la fuite massive de nos jeunes les plus diplômés, à raison d’un flux de 4000 jeunes par an (pour les deux régions normandes) : cette véritable saignée, cumulée avec l’installation, dans  les campagnes et sur les littoraux encore préservés de notre région, de retraités  venus de la région parisienne, entraîne un vieillissement accéléré des populations normandes dont les impôts servent à payer la formation initiale d’une jeunesse qui part nourrir le dynamisme de grandes agglomérations comme Paris, Rennes, Nantes , Lille voire … Le Mans !

Avec son profil industriel ou agro-industriel, avec ses usines parfois polluantes qu’on a su ne pas vouloir ailleurs (le nucléaire  sur nos côtes et la pétrochimie dans le val de Seine), avec ses bas salaires (15% de moins par rapport à la moyenne nationale en Basse-Normandie, à peine moins en Haute-Normandie) pour des emplois trop souvent précaires ou peu qualifiés, avec un sous encadrement persistant (6% d’emplois cadres en Basse-Normandie contre 11% en moyenne nationale !) qui fait que 50 % des emplois industriels normands dépendent de sièges sociaux situés ailleurs (record national !), avec des capitales régionales endormies, avec une image qui s’est ringardisée, la Normandie est devenue une région répulsive pour sa propre jeunesse !

Les jeunes les moins bien formés et les moins mobiles, souvent issus des classes populaires déjà touchées par le précariat sinon le chômage, demeurent ici dans les « bassins de vie » que l’on ose encore nommer « bassins d’emplois » de ces nombreuses petites villes normandes encore trop souvent enclavées : un chiffre, là encore, résume cruellement la situation…  A Lisieux, en 2008, le revenu mensuel médian s’élevait à … 578, 16 € !

Les divisions de notre Normandie nous empêchent d’avoir les idées, l’ambition  et les forces nécessaires pour avoir les projets et les stratégies que le 6ème potentiel économique régional national ou le PREMIER potentiel industriel et maritime français mériterait d’avoir !

Car cet espace géographique et historique normand, occupé par les cinq départements actuels et dont on fêtera en 2011 les 1100 années d’existence, est triplement divisé !

A la division inutile en deux collectivités territoriales régionales depuis 1972, s’ajoute la division sournoise entre une région riche,  la Normandie urbaine littorale de l’Estuaire et du val de Seine que certains verraient bien définitivement avalée par  le « Grand Paris », et la Normandie des « Ploucs » plus pauvre et marginalisée de la ruralité et des petites villes en déclin dont le sort alarme l’excellent docteur Cuche…

A ces deux divisions, se superpose, hélas, une troisième qui achève de stériliser la prise de décision sinon l’avenir en Normandie: faute d’une vision globale et partagée de la région  à l’échelle pertinente, les collectivités territoriales normandes, trop enclines à sombrer dans le localisme, ont encore beaucoup de mal à travailler ensemble même si des progrès sensibles ont été réalisés…  Malheureusement, la guerre de « clochemerle »  perdure entre les trois grandes agglomérations normandes, notamment entre Rouen et Le Havre, et nous empêche d’avoir la renaissance métropolitaine nécessaire pour que la Normandie soit enfin prise au sérieux à Paris et ailleurs…

Ces trois divisions cumulées depuis 38 ans ont eu pour conséquence de briser un « espace vécu régional » commun, de maintenir entre nous, un esprit défaitiste,  fataliste de résignation ou d’auto dénigrement qui fait dire aux « Bas » que les « Hauts » sont des « Parisiens hautains » et aux «  Hauts » que les « Bas » sont des « Ploucs soumis aux Bretons » (paroles entendues à l’occasion d’un derby de football entre le Stade Malherbe et le HAC).

Et si le comité départemental de tourisme de la Manche a l’impression que les Manchois « n’aiment pas assez la Manche » c’est que le conseil général de la Manche n’aime sans doute pas assez la Normandie !

Que faire ?

Tout d’abord, ouvrir les yeux et prendre la mesure de notre situation : l’autodérision peut nous y aider. C’est, par exemple, toute l’ambition des cartes postales diffusées avec succès par la joyeuse équipe d’Heula. C’est aussi repartir à la reconquête de nous-mêmes, de notre culture, de notre identité régionale : la Normandie est un bien public universel à préserver dont le nom est connu dans le monde entier ;  une valeur ajoutée formidable avec un patrimoine culturel inestimable ; des savoir-faire exceptionnels (savons-nous que 90% des flacons de parfums de luxe vendus dans le monde entier sont fabriqués chez nous ?). La Normandie est une évidence pour les autres : pourquoi ne le serait-elle plus pour nous autres Normands ? Hollywood prépare une grosse production sur Guillaume le Conquérant pour 2011 et l’acteur Philippe TORRETON prépare  un projet similaire pour France 2 … Pendant ce temps là, le conseil général de la Manche persiste à financer depuis 2003 sur l’aire de Gouvets (A 84) une vitrine régionale « Espace Manche Bretagne » sans aucune contrepartie réelle  de nos « partenaires » bretons alors qu’il serait tellement plus pertinent d’envisager le Sud Manche comme « le pays du Mont Saint Michel, porte sud de la Normandie » avec la promotion du Scriptorial d’Avranches, de Villedieu cité de l’art du cuivre et de Granville, cité maritime préservée future ville d’art et d’histoire…

Il nous faut donc apprendre à travailler de nouveau ensemble, à penser « normand » à développer un « lobby normand » à Paris, Bruxelles et à l’international : bref ! Faire comme les… Bretons !

Exemples : développer la coopération entre les grandes et les petites villes dans une logique de réseau pour garder ici notre avenir économique. C’est le pari réussi du maire de Flers qui a su garder l’équipementier FAURECIA avec le soutien de tous les partenaires publics et privés concernés. La coopération des collectivités permet de faire venir dans nos petites villes des compétences techniques et des forces financières pour monter des projets ambitieux. Développer une coopération étroite de finances et de projets entre les grandes collectivités : c’est le pari réussi depuis 2006 entre le conseil régional, les deux conseils généraux et les grandes intercommunalités de Haute- Normandie (Contrat « 276 ») qui a permis de lever plus de 3 milliards d’euros pour financer des projets de développement local jusqu’en 2013 ! On n’ose pas imaginer l’impact d’une telle politique de coopération financière entre les cinq  départements, les grandes agglos et un futur conseil régional d’une Normandie réunifiée ! Face à un état central qui se désengage, face aux inquiétudes légitimes que soulève la future réforme des collectivités territoriales, nous aurions là un puissant outil pour faire un vrai aménagement du territoire et garder l’avenir dans nos villes et nos terroirs pour qui voudrait « vivre et travailler au pays » !

Les récentes annonces du chef de l’Etat sur le « Grand Paris » et un TGV « Paris Le Havre » ont au moins eu le mérite du coup de pied dans une fourmilière normande bien endormie dans la gestion de son propre déclin : notre région n’a plus de projets et la Nature a horreur du vide ! C’est pourquoi, on saluera la mobilisation véritablement « normande » de tous les grands élus de Basse-Normandie derrière Laurent Beauvais, le président du Conseil Régional, pour obtenir une vraie desserte TGV de la Normandie en tenant compte des intérêts « haut » et « bas » normands en plaçant, ensemble pour un coût raisonnable et dans un agenda réaliste, Caen, Rouen et Le Havre à une heure maximum de Paris…

Avec la prochaine fusion des deux chambres régionales de commerce normandes, le projet d’un festival international sur l’Impressionnisme, la construction d’un réseau urbain et métropolitain, la mise en route d’un Pôle Régional d’Enseignement Supérieur normand, le développement d’un réseau de ports normands « porte océane de l’Europe », d’un réseau international des amitiés normandes, l’organisation en 2014 des « jeux équestres mondiaux », la fin du désenclavement et la promotion d’un développement local  durable des petites villes, des littoraux et des zones rurales par la promotion de produits de qualité et labellisés, cette question du TGV, symbolique à elle seule du mépris dans lequel a sombré notre région divisée et affaiblie, montre que la « réunification » de la Normandie n’est pas une utopie encore moins une lubie : c’est la condition même de notre reconquête de nous-mêmes sinon de notre… survie !

Philippe CLERIS,

co-animateur du collectif citoyen « Bienvenue en Normandie »

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Commentaires
F
C'était en AVRIL 2008 sur France Culture (émission "Répliques" Annie Ernaux était l'invitée d'Alain Finkielkraut)<br /> <br /> De quoi rugir avec Flaubert!<br /> <br /> Annie Ernaux était invitée dans l’émission “Répliques”, sur France- culture, ce samedi matin, à parler de son livre -chronique (très percutant et très libre) “les années” publié récemment chez Gallimard. Invitée par Alain Finkielkraut.<br /> <br /> elle n’a pas pu en placer une! comme on dit. ce livre très étonnant est pourtant un balayage magistral de la vie française,vue par une femme qui, en tant qu’enfant,( jeunesse dans un bistrot prés du Havre) adolescente,maitresse,, épouse, divorcée,amante assez exhibitionniste (elle a photographié ses sous- vêtements dans un récent petit livre),.. dans “les années, ” elle fait un récit très concret et vécu:de sa communion solennelle aux trente glorieuses, tout ça comme étant un vaste mensonge officiel,.elle prend la vie au ras de terre,les petits faits vrais, et c’est vraiment étonnant, on s’y retrouve tous.. Elle ramène à un rang modeste les grands mythes de la Libération,remet en perspective les “évènements d’Algérie” ,les célébrations de Mai 68.. et son cortège de gros clichés parisano -parisiens etc etc…..<br /> <br /> Récit décapant, tout de révolte, mais surtout de rappel aux “choses de la vie” (l’émergence des hypermarchés” et l’invention de la pilule pour que les jeunes femmes puissent maitriser leur corps. etc.) etc..Il y a du Flaubert, dans cette démarche, celui de “madame Bovary “qui raconte comment ça se passe dans la tête d’une femme qui s’ennuie dans un vrai bled sous la pluie..<br /> <br /> or, l’interviewer Finkielkraut imposait ses visions, ses opinions politiques, ses citations, des ses lectures, sa vie, sans aucun complexe , alors que le livre, comme toute chronique de vrai écrivain, prend les faits dans leur totalité large et leur multiplicité de sens. Annie Ernaux décrit des mouvements de conscience, ,des sentiments complexes, avec distance, doigté, et prend des points de vie originaux ;elle ôte donc les habitudes et paresses de pensée, et regarde à l’œil nu. .elle apporte sans cesse des nuances, des humeurs aussi, qui forment une épaisseur personnelle merveilleuse.<br /> <br /> Elle est,avec une autre sensibilité, dans le sillage du travail mémoriel de Simone de Beauvoir , celle des “mémoires d’une jeune fille rangée”<br /> <br /> mais en plus sec,plus anguleux. plus corrosif<br /> <br /> . Une fois de plus l’écrivain se voit confisquer sa richesse concrète , les jeux de sa sensibilité, son vocabulaire, son travail sur la phrase, au profit d’une “grille idéologique” qui écrabouille tout.<br /> <br /> oui, une fois de plus. de quoi rugir comme Flaubert dans son “gueuloir”..<br /> <br /> le malaise a culminé quand il a voulu parler de la Normandie,la terre d’enfance d’Annie ernauxelle… alors là, Ernaux casse la baraque.<br /> <br /> Elle s’est figée, révoltée…. Lui parlait de la dette de la France envers les soldats américains: elle ne voulut parler que des bombardements de Caen, du Havre, de Saint Lô et de l’immense traumatisme des populations civiles errant dans les ruines devant les milliers de morts enfouis dans les caves et sous le feu…. Le traumatisme de juillet et aout 44.. ses ruines, ses morts. Il y avait d’un côté le philosophe abstrait et t et de l’autre Antigone! cherchant à donner une sépulture à ses morts.. l’abstrait contre le concret..<br /> <br /> fulgurant moment!! <br /> (source: Le Monde.fr)
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