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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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9 mai 2015

Aux origines du FEDERALISME NORMAND: Caen et la Normandie pendant l'insurrection girondine de l'été 1793

Connaissez-vous Jérôme Pétion de Villeneuve, ancien maire de Paris réfugié à Caen pendant l'été 1793?

Image illustrative de l'article Jérôme Pétion de Villeneuve

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9r%C3%B4me_P%C3%A9tion_de_Villeneuve

Et les autres ? Wimpffen, Puisaye, Buzot, Gorsas, Barbaroux, Guadet, Salle, Louvet ?

Certainement pas hélas ! Par contre nous connaissons et admirons le courage "romain" de notre très chère Charlotte Corday qui, a elle seule, réussit à sauver du désastre total cette tentative d'insurrection conduite depuis notre bonne ville de Caen contre les prétentions à la dictature d'une commune insurrectionnelle parisienne "de la Montagne" en assassinant le premier héraut moderne du meurtre de masse (Marat).

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Fondamentalement, il s'agissait surtout de défendre la première constitution issue des débuts de la Révolution française: la très équilibrée et décentralisatrice constitution de 1791 issue du magnifique consensus politique et national célébré lors de la fête de la Fédération du 14 juillet 1790.

Mais cette constitution était déjà sérieusement fragilisée par la tentative de fuite à l'étranger de Louis XVI en juin 1791 puis, définitivement menacée depuis l'insurrection de la Commune de Paris du 10 août 1792 qui, devant la menace d'invasion étrangère, met un terme sanglant à la monarchie constitutionnelle (massacres dit de "septembre" dans les prisons parisiennes) avant de proclamer en septembre 1792  la 1ère République Française.

Le parti Girondin qui, jusque-là s'était associé à la "Montagne" (les députés siégeant en haut des gradins de la Constituante puis de la Convention) pour conduire la Révolution, décide d'entrer dans l'opposition et de lutter contre les excès des plus ardents partisans de la Révolution que l'on trouve dans les clubs de Paris... Ils considèrent, non sans raison, que la sérénité des débats de la Convention Nationale n'était  plus assurée dans une ville dont la population avait été afflolée par la progression des armées austro-prussiennes du général de Brunswick finalement stoppées à Valmy le 20 septembre 1792.

Description de cette image, également commentée ci-après

http://fr.wikipedia.org/wiki/Constitution_fran%C3%A7aise_du_3_septembre_1791

Cette histoire malheureuse qui aurait pu être glorieuse est occultée puisqu'elle se termina sous la lame de la guillotine, les massacres et les arrestations arbitraires après une débandade militaire mais aussi par le démantèlement presque complet de l'auguste donjon normand du château de Caen pour punir symboliquement la ville !

Vue du château (1702) depuis les hauteurs où se trouve aujourd'hui l'université de Caen

En effet, afin de punir cet affront, la Convention décrète le 6 août 1793 que « le donjon et château de Caen dans lesquels la liberté et la représentation nationale ont été outragées, seront démolis. Sur les ruines du donjon il sera planté un poteau, sur lequel seront inscrits les noms des députés déclarés traîtres à la patrie ». Les travaux de démolition commencent dès le 18 août.Mais ils ne seront heureusement pas achevés. En 1818 il restait encore des ruines importantes de ce donjon qui fut définitivement arasé au niveau du sol en 1840. Le donjon du château de Caen n'existe désormais en élévation que sur les armoiries de la ville...

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  • L'insurrection fédéraliste de l'été 1793: pour mémoire, voici le rappel bref des faits (fiche Wikipédia):

http://fr.wikipedia.org/wiki/Insurrections_f%C3%A9d%C3%A9ralistes

En avril 1793, devant les menaces réitérées de la Commune de Paris à l'encontre de la Convention, les Girondins s'efforcèrent d'organiser la résistance en province, où ils disposaient d'importants soutiens. Dans le même temps, les Montagnards, envoyés en mission en province pour assurer la levée des 300 000 hommes, s'efforçaient de mobiliser les classes populaires contre l'emprise des notables modérés sur les municipalités et les administrations départementales. Cela conduisit à des affrontements violents, déjà exacerbés par les conflits sociaux, dans des villes comme Lyon, Marseille, Bordeaux, Nantes ou Rouen, toutes villes où les deux camps disposaient d'une clientèle politique habituelle — constituée d'une partie de la classe moyenne et des couches populaires pour la Montagne, d'une bourgeoisie plus huppée et de couches populaires en difficulté à cause du chômage et hostiles aux mesures anticléricales de la Convention pour la Gironde et leurs partisans.

La crise éclata après la mise en accusation de 29 députés girondins le 2 juin 1793. Dès le 5 juin 17 députés, dont Condorcet protestèrent contre la mise en accusation de 29 députés girondins le 2 juin et envoyèrent leur motion à leurs commettants. Le même jour, l'administration départementale de la Somme de la Haute-Vienne et des Hautes-Alpes faisaient de même. Le 7 juin, 75 députés appartenant du côté droit de l'assemblée dénoncèrent l'action de la Commune et demandèrent le soutien des départements. De leur côté, plusieurs des députés mis en accusation s'enfuirent pour rejoindre la force armée que la plupart des départements bretons et normands avaient décidé de constituer dans leurs départements pour fomenter des révoltes en les soulevant contre Paris et la Convention. Ainsi, Buzot et Gorsas se rendirent dans l'Eure, Pétion et beaucoup d’autres à Caen, qui devait devenir leur quartier général. De son côté, Brissot se retira à Moulins, Rabaut de Saint-Etienne à Nîmes, Rebecqui à Marseille, Birotteau et Chasset à Lyon

Toutefois, devant l'argument de l'unité des patriotes face à la contre-révolution et à l'invasion, la modération relative des Montagnards à l'égard des girondins arrêtés, la rédaction rapide de la Constitution de l'An 1, le ralliement massif de l'armée à la Convention montagnarde, le gros négoce et les notables locaux, qui disposaient d'une influence et d'une clientèle suffisante pour pouvoir disputer les sections des grandes villes aux clubistes montagnards, étaient trop peu nombreux dans les villes plus modestes pour ébranler l'hégémonie de clubs demeurés fidèles à l'affiliation parisienne.

Les mouvements en Province

L’insurrection toucha particulièrement l’Ouest, le Sud-Est et le Sud-Ouest.

L'Ouest

Le 13 juin, le département de l’Eure, poussé par Buzot et Gorsas, donna le signal de l’insurrection en déclarant que la Convention n’était pas libre et en décidant la levée de 4 000 hommes pour marcher contre Paris ainsi que l’envoi de commissaires à tous les départements voisins pour chercher à les soulever. Ceux de la Normandie formèrent une fédération à Caen. De leur côté, les députés des départements de la Bretagne se réunirent à Rennes.

En Ille et Vilaine, le département et la municipalité de Rennes constituèrent un Comité central de correspondance pour coordonner une protestation. À la mi-juin, des délégués du Finistère et du Morbihan le rejoignirent, tandis que les Côtes du Nord déclaraient plus important de dépêcher des volontaires à Nantes, menacée par les insurgés vendéens. Au total, les Bretons envoyèrent 1 700 hommes en Normandie, 900 du Finistère, 200 du Morbihan, 476 d'Ille-et-Vilaine.

Ce n'est qu'après la fin du siège des Nantes que les autorités des Côtes-du-Nord décidèrent d'envoyer une quarantaine de volontaires, tandis que Nantes expédiait 64 hommes.

Buzot, Guadet, Pétion, Barbaroux, Louvet, Salle, etc., formèrent à Caen une assemblée centrale de résistance à l’oppression, qui jura haine aux anarchistes, promettant de maintenir l’égalité, l’unité, l’indivisibilité de la république, qui leva une armée départementale et qui choisit pour la commander le général Wimpffen, l’ancien défenseur de Thionville.

Image illustrative de l'article Georges Félix de Wimpffen

« Les méchants vous disent :

Félix Wimpffen marche contre Paris ; n’en croyez rien :

Je marche vers Paris, pour Paris, et pour le salut de la république une et indivisible. »

http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_F%C3%A9lix_de_Wimpffen

Wimpffen rassembla à Evreux une petite armée insurrectionnelle de 5 000 hommes et, donnant le commandement de l’avant-garde à Puisaye, partit en direction d' Evreux. La Convention envoya contre cette armée, qui ne comptait guère dans ses rangs que des royalistes, une armée de 1 500 hommes qui, le soir du 13 juillet 1793, attaquèrent à Pacy sur Eure la colonne fédéraliste qui, surprise, se mit à fuir dès le premier coup de canon (bataille de Brécourt).

Wimpffen n'étant pas parvenu à rallier ses troupes, et devant la multiplication des défections, les Bretons décidèrent de rentrer chez eux en emmenant les députés girondins encore présents à Caen. Le même jour, Charlotte Corday assassinait Marat à Paris. Les troupes de la Convention pénétrèrent dans Caen, obligeant les chefs girondins à se réfugier en Bretagne puis en Gironde.


 

Triste affaire que cette débandade militaire avec des chefs Girondins en fuite acculés au suicide (Pétion) ou au martyre comme notre Charlotte choisissant le tyranicide: petite histoire peu glorieuse écrasée par la grande Histoire qui bientôt sera sur son cheval pour asservir l'Europe entière !

Mais c'est au nom de ce fragile et tragique été 1793 oublié de nos mémoires normandes et caennaises que l'idée "fédéraliste" doit pouvoir renaître là où elle fut défendue au prix du sang.

L'esprit girondin et fédéraliste qui a marqué notre histoire normande doit dorénavant nous inspirer aujourd'hui pour qu'à nouveau sur cette terre normande, puisse s'élaborer, pour la France toute entière, une autre façon de gouverner les Hommes et les choses.

Un gouvernement moins autoritaire, moins discrétionnaire ou arbitraire et centralisateur mais plus coopératif, mutualiste, participatif, impliquant désormais la société civile en co-décision des projets, en un mot, un gouvernement plus démocratique !

C'était l'idéal qui animait fermement notre Charlotte Corday "violemment modérée" qui pensait que le traitre à la patrie Louis XVI trop mou avait bien mérité d'être raccourci, qui se passionait pour les modèles de haute dignité morale et politique qu'elle lisait dans les Vies parallèles de Plutarque (quand elle était en pension à l'abbaye aux Dames de Caen) au point d'avoir assassiné celui qui expectorait bruyamment le premier grand crachat totalitaire de notre histoire contemporaine !

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