Sédiments du GPM de ROUEN en baie de Seine: la fronde des élus de la Côte Fleurie
Environnement. Cabourg, Dives, Merville-Franceville, Gonneville, Villers et aujourd’hui Trouville. La grogne enfle contre le projet d’Haropa port de Rouen d’immerger ses sédiments de dragage au large de la Côte Fleurie. Explications.
Contrôle externe
Dans l’attente de la réalisation d’un « contrôle externe fait par un organisme indépendant », Henri Luquet a encouragé les maires de la côte normande à faire pression sur le conseil départemental afin qu’il rende un avis défavorable au projet...
« Cette thèse a été réalisée par une étudiante doctorante à l’université de Caen, précise le port, et financée en partie par Haropa « dans le cadre d’une convention de formation par la recherche... » Ce qui est clairement indiqué dans le dossier d’enquête. Rien d’anormal donc dit Haropa, confirmant que cette personne a bien effectué « un remplacement de cinq mois en CDD au port de Rouen, où elle n’est plus aujourd’hui. »
Le port préférant insister sur les conclusions des expérimentations effectuées sur le site du Machu, portant sur l’impact biologique et sédimentaire de l’immersion. : « Les expérimentations ont montré une forte résilience des organismes vivant au fond de l’eau avec entre autres, une recolonisation rapide... » Les poissons reviendraient donc en masse dans les zones de clapages. « Des zones, contrairement à ce qui a pu être dit, où il ne sera pas interdit aux pêcheurs de travailler. »
4,5 millions de m3 de sédiments par an
Ces désaccords se sont exprimés dans le cadre de l’enquête publique organisée dans 68 communes (40 du Calvados, 18 de Seine-Maritime, 10 de l’Eure), du 14 octobre au 17 novembre. L’enquête vise à autoriser le port de Rouen à immerger en baie de Seine orientale, à 11,5 km de l’embouchure du fleuve et à 17, 9 km des côtes du Calvados, sur la zone du Machu, près de 4,5 millions de m3 de sédiments par an pendant 10 ans.
Ces sédiments résultent du dragage nécessaire du canal de la Seine pour permettre aux 3 000 bateaux qui l’emprunte chaque année, d’accéder au port de Rouen.
« Ce ne sont pas des déchets pollués, mais des sables qui arrivent par la marée dans la partie aval de l’Estuaire et qui sont ramenés en mer, précise le port. Des sédiments qui ne peuvent pas être stockés ni utilisés dans la fabrication du béton... »
D’où la nécessité de les immerger. Le site dit de Kannick, utilisé depuis 1977 pour ces dépôts en mer, arrive à saturation. « Le nouveau site du Machu, est plus éloigné de 5 km des Côtes que le site actuel... » A la colère des maires, le port réplique « qu’il travaille à la recherche d’un nouveau site depuis dix ans. Tous les maires concernés ont été invités à des réunions d’information... »
Tous ne sont pas opposés à l’immersion. Le maire de Deauville, Philippe Augier, ayant indiqué récemment, « que toutes les études scientifiques faites montrent qu’il n’y a pas de nuisance... »
Le maire de Cabourg, Tristan Duval, juge à l’inverse que le projet aura de « fortes incidences sur la santé et la biodiversité... »
Ce que réfute évidemment Haropa, renvoyant aux suivis d’expérimentation qui peuvent être consultés en détail sur le site internet de Haropa port de Rouen : www.rouen-haropaports.com
Aujourd’hui l’enquête publique est close. Contrairement à ce qu’avancent certains maires, les Départements n’ont pas d’avis à rendre. La procédure suit son cours, « le port de Rouen répond aux observations faites dans l’enquête publique... » Le commissaire enquêteur émettra un avis favorable ou défavorable.
Et d’ici fin décembre, la préfète, qui pourrait si elle le jugeait nécessaire, passer outre un avis défavorable, autorisera ou non l’immersion des sédiments au large de la Côte Fleurie.
Marie-Christine Urset avec correspondant
mc.urset@presse-normande.com
Commentaire de Florestan:
Tant qu'un préfet aura le droit de passer outre l'avis d'une enquête d'utilité publique, il demeurera vain de parler de démocratie entre deux élections en France. S'il y a bien une région française qui pourrait expérimenter la maîtrise d'usage démocratique des projets d'aménagement, c'est bien la Normandie!