L'opération se révèle presque aussi laborieuse que le travail des moines copistes du Moyen-Âge qui reproduisaient et ornementaient à la main les ouvrages religieux. Depuis une dizaine d'années, chaque page des manuscrits de l'ancienne bibliothèque du Mont Saint-Michel est numérisée.
Mais la tâche touche enfin à sa fin. Au nombre de 199, les ouvrages devraient tous être consultables sur internet au début de l'année 2017, via le site de l'université de Caen (Normandie) qui hébergera cette «bibliothèque virtuelle». Alors que certains sont millénaires, et que les plus récents datent du XIVe siècle, ces manuscrits pourront ainsi être accessibles à tous en libre accès dans une résolution maximale.
Textes religieux ou profanes aux superbes enluminures, ils témoignent de la vie intellectuelle et spirituelle des moines bénédictins, qui ont fondé l'abbaye sur le Mont Saint-Michel au Xe siècle. Étoffées au fil des années par les congrégations religieuses locales, les bibliothèques de l'abbaye étaient «l'une des plus grandes d'Occident au Moyen-Âge», selon Francetvinfo.
Depuis la Révolution et la confiscation des biens du clergé, les manuscrits sont recueillis par la bibliothèque patrimoniale d'Avranches qui les a sauvés de la destruction. Après la création d'un «Scriptorial» en 2006, qui exposait les ouvrages par petits groupes, cette initiative témoigne de la volonté de partager au public ces trésors historiques. Page après page.
Voir enfin l'exposé du projet pour faire rayonner davantage Avranches comme porte de la Normandie, coeur du pays du Mont St Michel:
http://www.lagazettedelamanche.fr/2017/01/08/patrimoine-le-musee-des-manuscrits-ecrit-son-avenir/
Le Scriptorial d'Avranches abrite les premiers écrits de l'abbaye du Mont-Saint-Michel. Dix ans après sa création, l'équipe est recomposée. Un nouveau projet se dessine pour 2017.
04/01/2017 à 16:55 par pascalebrassinne
Annie Parent, adjointe aux affares culturelles de la ville d'Avranches, Julie Romain, directrice du service patrimoine et David Nicolas, maire d'Avranches veulent faire du Scriptorial un établissement culturel majeur du Grand-Ouest. -
Son architecture de béton jouxte les vestiges des remparts de la ville, derrière l’hôtel de ville. Le Scriptorial abrite depuis dix ans, les manuscrits du Mont-Saint-Michel, déposés à la ville depuis la Révolution française.
Conçu à l’origine comme un équipement touristique, il doit être reconnecté à sa vocation patrimoniale et intégré à un projet plus global : celui de la ville d’Avranches dans laquelle bat le cœur de la baie du Mont-Saint-Michel.
Le maire d’Avranches, David Nicolas a fait de ce projet culturel un des axes de sa campagne électorale. Historien lui-même, il a d’autant plus à cœur de « remettre les richesses patrimoniales de la ville, propriété de tous les Avranchinais, au centre de la politique culturelle ».
Après une année 2016, marquée par le dixième anniversaire, et une fréquentation en hausse de 17 % par rapport à 2015 – 22 000 visiteurs entre le 1er février et le 30 novembre – malgré une conjoncture maussade pour le tourisme, le Scriptorial semble inscrit dans une dynamique positive.
Depuis deux ans, le service patrimoine de la ville s’est restructuré. Il a été réduit à douze agents qui se répartissent entre le musée d’art et d’histoire (près du tribunal), la bibliothèque patrimoniale aussi appelée fonds anciens (à l’étage de la mairie) et le Scriptorial (place d’Estouteville). Julie Romain en est la directrice depuis 2015. Sa mission : se projeter dans les dix ans à venir pour « rédiger un projet scientifique et culturel commun aux trois structures, dont le Scriptorial est la caisse de résonance. Un projet qui place les richesses de la ville en son cœur ». Pour exemple, le maire cite les manuscrits, raisons d’être du Scriptorial, et relativement « peu présents » dont la découverte n’a lieu qu’après « un très long cheminement. Il faut faire évoluer cette architecture de béton dans son contenu ».
L’idée est donc de ramener les manuscrits dans la première salle.
Les collections, souvent déconnectées du propos, seront remises en valeur au sein d’une scénographie repensée. Le parcours va évoluer pour rendre le musée plus accessible, recentré sur les manuscrits et une offre numérique actualisée.
La bibliothèque numérique en cours de création pour 2017 en collaboration avec l’université de Caen, la collection de sculptures médiévales, celle des moules à enseigne de pèlerinage s’ajouteront à l’offre.
L’équipe travaille pour ce faire avec des historiens, des scientifiques, des conservateurs et des partenaires multiples : culturels bien sûr, mais aussi associatifs et sociaux de France et Outre-Manche.
Le maire, David Nicolas veut en faire « un patrimoine d’exception qui dialogue avec le Mont-Saint-Michel, qui est une émanation de la ville d’Avranches, d’où venait Aubert, son fondateur. Il y a un lien génétique entre Avranches et le Mont avec une histoire qui déborde largement de la baie. Il faut faire du musée des manuscrits un outil de développement local, un site incontournable de Normandie ».