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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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7 février 2017

6 février 2017: Tribulations d'un citoyen normand lors d'une réunion plénière du Conseil Régional à Caen

Comme j'ai ouï dire qu'il y avait une nouvelle réunion plénière du Conseil régional de Normandie à Caen et que je n'avais pas encore eu l'occasion d'assister à la grand messe régionale hors les murs prestigieux de l'abbaye aux Dames, bien loin des mânes bienfaisantes de la Reine Mathilde mais tout près de celles, plus bruyantes et intéressées, de la galerie marchande des Rives de l'Orne, au dessus d'un parking souterrain et au bout des voies du chemin de fer, j'ai décidé d'aller faire un tour dans cette grosse biscotte marron édifiée récemment pour abriter les services de l'agglomération de Caen qui prend la démocratie en sandwich entre les grandes vitres de la transparence... L'auditorium est blanc avec du contreplaqué caramel et des colonnes de béton gris: il n'y a pas une seule pierre de Caen. On a l'architecture que notre époque mérite.

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La raison de cette délocalisation de l'assemblée plénière normande qui redécouvre les vertus du nomadisme curial pratiqué autrefois par nos ducs-rois, c'est que l'actuelle salle Guillaume de l'abbaye aux Dames de Caen, qui abritait les réunions plénières de la ci-devant demi-région bas-normande, est trop petite. L'autre inconvénient, c'est qu'elle ressemble à l'intérieur d'un oeuf Kinder... rouennais: dans un futur proche, peut-être qu'une nouvelle salle Guillaume, plus vaste et plus lumineuse, largement ouverte sur l'extérieur par de grandes fenêtres actuellement condamnées, sera disponible pour que les lieux puissent aussi participer de la qualité du débat public qui doit gouverner le présent et l'avenir de la Normandie.

Car dis-moi où tu prends la parole en public et comment tu causes dans le micro et je te dirai quelle politique tu mets en oeuvre...

Dans un vestibule gris et blanc, derrière deux bannières léopardisées, on s'affaire à la distribution des badges. Il y a un tri sélectif: ceux qui ont le droit de porter le badge "invité" peuvent passer derrière la vitre et prendre le café d'accueil et ses croissants avec les élus. On reconnait, dans la foule pressée, des journalistes qu'on voit à la télévision et des élus qu'on voit aussi à la télévision. Franck Besnier laisse son café sur une petite table ronde pour planter sa caméra et son micro devant Laurent Beauvais. Je n'ai droit qu'au badge "public" et un homme en cravate m'invite à monter immédiatement là-haut en empruntant un escalier en bois exotique clair avec des gardes-corps de verre: je me sens obligé mais ce n'est pas pour dire merci. Arrivé là haut sur le balcon réservé au "public", deux jeunes hommes portant costumes ajustés sont absorbés par leurs écrans, petit portable et grand portable. Insupportables avec les fils blancs de leurs chargeurs branchés dans la plinthe. En bas, la même chose ou presque du côté des élus. Il est 10h15 la salle se remplit doucement.

Je redescends car je veux boire un café. Parce que j'avais l'habitude d'en boire un avec les élus régionaux et les journalistes régionaux du temps de l'abbaye aux dames. Impossible de franchir la paroi de verre: le cerbère africain veille à ce que les bons badgés prennent leur café tranquille de l'autre côté. "Bienvenue à Gataca" ai-je pensé brièvement puisque je ne suis pas un être humain augmenté mais un simple citoyen normand!


 La séance commence par l'appel des élus présents effectué par Sophie Gaugain, la première vice-présidente.

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"Hervé Morin !"

"Présent!"

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En introduction au débat de politique générale, le président de région rappelle, figure imposée en cette première séance plénière normande de l'année 2017, quelques éléments de son bilan d'un an qui est un satisfecit: tout le monde roule à droite en France même les conducteurs de gauche. Et, objectivement, de notre point de vue normand (de gauche), le bilan de la majorité conduite par le président Morin n'est pas si mauvais que cela. Faire ce constat d'évidence et d'élégance voilà qui serait parfaitement accordé à la prudence du tempérament normand. On verra plus loin que certains ont moins que d'autres cette lucidité bien normande qui consiste à ne jamais perdre de vue que la vérité n'est jamais forcément toujours du même côté.

Et Hervé Morin de claironner son bilan:

1,3 MILLIARDS investis dans le dossier ferroviaire. Le volontarisme économique: en six mois plus de moyens investis que les deux ex Haute et Basse Normandie réunies sur toute l'année 2015. La contractualisation avec toutes les collectivités territoriales normandes.

Mais aussi d'annoncer les principaux chantiers de l'année 2017:

Le plan pêche normande: moderniser la flottille.

L'économie de la mer: faire rayonner la Normandie (Morin fait du Mélenchon... Tiens, tiens, tiens!)

Présentation du projet culturel normand

Lancement de l'agence de l'attractivité

La confirmation de la carte régionale des formations professionnelles avec un "exercice sans précédent" de diagnostic des besoins des entreprises dans chaque bassin d'emploi normand.

Investissements: confirmation du volontarisme normand pour porter des projets stratégiques en terme d'intelligence territoriale et d'attractivité malgré la baisse de 30 millions de la dotation globale de fonctionnement allouée par l'Etat. 30% d'investissements en plus par rapport aux deux ex Haute et Basse. L'effet démultiplicateur du retour à l'unité normande est donc bien réel: il n'est ni de droite, ni de gauche. Il est normand. L'épargne disponible reste à 220 millions et l'endettement reste modéré. Les dépenses de fonctionnement ont baissé de 4% en 2016 et la masse salariale n'a cru que de 0,9%. Bien entendu, Marc-Antoine Jamet qui préside pour le Parti Socialiste la commission régionale des finances, a dû dire le contraire par la suite mais je n'ai pas pu assister à toute la plénière...

Et c'est alors qu'Hervé Morin aborde un point plus polémique: il a fallu procéder à la régularisation de la situation statutaire et salariale de... 107 agents travaillant jusqu'à présent dans les deux ex demi-régions normandes... "Surtout dans l'ex Haute Normandie ! J'ai découvert avec effarement que la lutte contre la précarité salariale et professionnelle n'était pas la priorité de la gauche socialiste, dumoins dans l'ex région Haute-Normandie".

Morin ajoute aussi que la région va investir 3 millions d'euros dans les lycées privés "pour que tous les lycéens normands soient traités de la même façon sans discrimination et pour en finir avec un conflit idéologique d'un autre âge" en faisant référence à la posture laïcarde d'un Le Vern à l'encontre de l'enseignement privé secondaire essentiellement catholique...

Ensuite, les dossiers normands majeurs sont passés en revue:

"Nous allons reprendre en main l'Axe Seine. Celui de Rufenacht, pas celui du CPIER. Il s'agit de développer la région parisienne vers l'Ouest et sa façade maritime normande. Nous allons faire étudier via un cabinet spécialisé la possibilité de fusionner les grands ports maritimes normands. Le CESER sera saisi du sujet. Il y a une révision générale de la gouvernance des ports à faire. L'organisation actuelle n'est pas efficace. Il faut fonctionner à l'instar des grands ports maritimes du Nord de l'Europe qui ont des élus locaux à la direction."

On voit donc que nos considérations sur le "communalisme" portuaire commencent à trouver un certain écho...

Morin raconte ensuite que lors d'un récent passage à Bruxelles, les autorités européennes (du côté de la Commission et du Parlement) se sont réjouies de voir la Normandie à nouveau présente sur la carte de France: "il faut absolument renforcer et vite notre ambassade normande à Bruxelles. Là-bas, ils sont très attentifs à tout ce qui se passe dans les régions. Chaque année, il y a 20 milliards de fonds européens destinés aux territoires qui ne trouvent pas preneur faute d'instruire les dossiers. Il faut donc une grosse team Normandie (sic!) à Bruxelles associant la région, Caen, Rouen, Le Havre, les 5 départements, l'université, les grandes entreprises régionales et les portuaires. Il faut chasser en meute et vite pour saisir les appels à projets." Il faudrait que la nouvelle grande ambassade normande à Bruxelles soit opérationnelle en juin prochain.

Pour finir, un peu de sport (il y en aura encore après avec les deux Nicolas qui siègent dans l'opposition):

Rénovation complète du centre sportif régional d'Houlgate afin de positionner la Normandie comme base arrière d'entrainement des Jeux Olympiques 2024

Aide de 30 euros pour chaque jeune normand pour adhérer à un club sportif.


 Le débat commence alors avec une première intervention de Laëtitia Sanchez (EELV) à qui on dit en rigolant de faire... court:

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En effet, après des considérations stratosphériques, l'élue verte finit par descendre sur terre du côté du littoral du Cotentin pour dénoncer, à juste titre, l'amendement déposé par le sénateur Philippe Bas, par ailleurs président du conseil départemental de la Manche, visant à assouplir la loi Littoral en matière d'urbanisation sur le bord de mer. Il n'y a donc pas qu'à Washington où les vérités alternatives touchant au changement climatique sont appréciées: du côté de Saint Lô aussi. Elle dénonce aussi le désastreux parti du monomode route-camions pratiqué par le port du havre (86% de l'éclatement des conteneurs en 2016) qui fait du grand port maritime normand un port plus cher que ses concurrents directs de la Rangée nord-européenne où le report modal vers la route ne dépasse pas 40% du trafic. On en déduira que Mme Sanchez a jeté un oeil au dernier dossier paru dans l'hebdomadaire "Le Marin" ou qu'elle a lu l'Etoile de Normandie... puisque son éclair de lucidité est allé jusqu'à contester la pertinence économique et écologique d'accueillir au Port de Rouen jusqu'à 400 navires par an, y compris des... superpanamax. Ambitieux en effet!

Pour finir, Mme Sanchez nous a proposé un survol en deltaplane des majestueuses boucles de la Seine "qui mériteraient d'être classées" (à l'UNESCO? On est d'accord) en compagnie de Georges Pompidou qui, cigarette au bec et au volant de sa DS, dénonçait, dès les années 1970, "la nature funèbre" enfermée, tel un décor de théâtre, dans de grands parcs alors qu'il faudrait défendre et protéger la "nature habitée et cultivée" pour en finir avec une vision utilitaire et instrumentale de la Nature: Laétitia Sanchez citant Pompidou nous démontre que l'écologie politique n'est pas forcément de gauche... Mais que l'on roule à gauche ou à droite, Mme Sanchez (ça nous a finalement rassuré) a voulu terminer sa longue intervention en rappelant son opposition rabique au contournement autoroutier Nord- Est de Rouen réclamé récemment par Vianney de Chalus avec un argument pour le moins curieux: "Vianney de Chalus nous dit que Rouen est le seul goulet d'étranglement sur l'axe autoroutier européen désormais continue qui va de Stockholm au Nord à Lisbonne au Sud et que le contournement Ouest-Nord Ouest de la région parisienne n'est toujours pas achevé. Ces échelles ne concernent pas la Normandie qui n'a pas à financer cet équipement". Mme Sanchez est bonne en écologie mais plutôt nulle en géographie mais elle a raison pour ce qui est du financement: l'Etat est totalement aux abonnés absents sur ce dossier essentiel.

Les journalistes en rang d'oignon sur le côté droit de la salle dressent soudain l'oreille: Nicolas Mayer-Rossignol prend la parole pour nous proposer son numéro habituel... Et c'est reparti pour un tour!

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Tout d'abord, le beau damoiseau s'en tient à quelques obséquiosités républicaines en saluant la mémoire d'un élu du Cotentin récemment disparu puis en félicitant les nouveaux présidents d'intercommunalités qui viennent d'être élus, notamment David Nicolas, le maire d'Avranches.

Mais rapidement, le volatile reprend ses habitudes:

"M. Morin, si je comprends bien, avant 2015 tout était catastrophique et je ne comprends pas votre vindicte contre les Haut-Normands. Vous avez une dent contre l'ex Haute-Normandie? Mais qu'est-ce que les Haut-Normands vous ont-ils fait? Pourquoi? Je sais que vous faites campagne et que ce n'est pas facile pour vous en ce moment. Mais faites en sorte de traiter tous les Normands de la même manière."

Avant d'enchainer sur la promotion de la haute technologie hollandaise d'enfumage de l'Axe Seine avec les "éléments de langage" suivants:

"Bernard Cazeneuve à Bayeux et à Rouen a confirmé l'engagement de l'Etat auprès de la Normandie. Ce n'est pas une mascarade. Avec 300 millions apportés par l'Etat sur un total de près d'un milliard, le CPIER Vallée de la Seine est le mieux doté de France ! Il ne faut pas faire de sectarisme. La dépollution du site de Pétroplus est pris en charge de même que le dragage du chenal du port de Rouen. Il faut saluer le rôle de l'Etat"

Mais il ne faut pas oublier que Nicolas Mayer Rossignol est le maître incontesté dans l'art de peindre une morinade et c'est impressionnant!

"Depuis peu, les citoyens mais les institutionnels constatent un éloignemement de la Région, un désengagement vis-à-vis de certains partenaires. Le G6 normand avec les départements, on se demande à quoi il sert. Et le Mont Saint Michel, le joyau de la Normandie, vous dites que la région doit se désengager alors qu'il faudrait mettre le paquet. Même chose avec les parcs naturels régionaux: vous voulez vous désengager du parc des boucles de la Seine normande? Les parcs régionaux sont pourtant très utiles à l'attractivité normande".

Mais pour peindre une belle morinade il faut parfois s'abstraire des règles élémentaires de la perspective:

"Vous parlez d'une relance de l'Axe Seine avec une coopération renforcée entre la Normandie et l'Ile de France. Mais sachez que Valérie Pécresse snobe la Normandie. Elle ne dépensera pas un euro de plus pour nous. En revanche, elle a trouvé 100 millions pour aider au financement du Canal Seine Nord Europe (voulu par Martine Aubry, c'est nous qui précisons) et les Normands vont payer de leur poche la nouvelle gare Saint Lazare. Vous n'évoquez que la coopération régionale avec la région parisienne, mais qu'en est-il du Centre Val de Loire, pour le Perche, le maintien du Caen-Tours (que Philippe Duron voulait supprimer, c'est nous qui précisons)? Qu'en est-il de la coopération avec les Pays de la Loire et la Bretagne alors que nous avons en commun le nautisme et les énergies marines renouvelables" (Voir sur l'Etoile de Normandie, le bilan désastreux de la coopération Basse-Normandie / Bretagne dans le cadre du pôle Mer-Bretagne et on comprendra pourquoi Hervé Morin a raison de se montrer prudent...)

Pour qu'une morinade soit réussie il faut simplifier pour ne pas fatiguer l'oeil et en mettre plein la vue:

"Concernant les trains, vous dites que les autres régions vont faire comme la Normandie qui a été pionnière. D'accord mais les autres régions ont négocié avec l'Etat des contreparties. Pas la Normandie" (Mais c'était qui le Premier ministre en 2016 ? Nicolas Mayer Rossignol aurait pu, au nom de la défense de l'intérêt général normand, fournir à Hervé Morin le petit guide de survie en face de Manuel Valls... )

Et quand la morinade est peinte, il faut bien la refourguer à la clientèle avec de solides arguments commerciaux:

"Et au CESER qui, pourtant, représente la société civile régionale, on ne vous y voit pas souvent. La Normandie est réunifiée. Il faut maintenant la rassembler" (ça c'est du slogan!) "En cessant cette communication permanente, cette présence sur tous les plateaux télé à Paris, ce marketing territorial qui est plus à votre gloire qu'à celle de la Normandie et qui manque de modestie ! Occupez vous plutôt de suivre le dossier de classement des plages du Débarquement à l'UNESCO" (histoire de rappeler que l'art de la morinade n'existait pas en 1944...)

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L'autre Nicolas prend la parole:

On résumera la pensée du vice-président d'un Front National qui veut supprimer les régions par les mots clefs suivants: déclin; révolte populaire; puissance publique; état fort. Jacobinisme? Supprimer les régions mais... "on soutient la promotion de la Normandie". Donc: "on s'inquiète des finances, car les politiques régionales sont exhorbitantes. C'est une gabégie". L'art de la synthèse paradoxale au Front National confine au surréalisme.

Le train? "Le problème principal c'est la rénovation des voies. Il ne faut pas engouffrer des millions dans la monumentale gare de Saint Sever". Et bien oui, justement, il y a des voies de chemin de fer à rénover... surtout sur la rive gauche de la Seine. Nicolas Bay s'interroge, non sans raison, sur l'avenir du projet de fabrication d'éoliennes marines plutôt en rade dans le port de Cherbourg et finit par dire que le financement des études pour la future "chatière" entre la darse de Port 2000 et l'intérieur du port du Havre est une bonne chose. Ah quand même...

Puis, il s'inquiète: "en 2016, le trafic des grands ports maritimes normands de l'Axe Seine a baissé de 2,4%. Michel SEGAIN, le président d'Haropa (sic!) pousse un cri d'alarme ! On propose en réponse, une politique de gribouille: fusionner les ports avec l'argent de la région tout en dédouanant l'Etat de ses responsabilités financières, notamment sur le dragage du chenal de la Seine. Il ne faut pas gérer au fil de l'eau"... Justement, l'eau, Gribouille connait bien!

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Le maire de Dieppe, Sébastien Jumel ne pouvait que rebondir en prenant un ton solennel pour dire l'essentiel:

"Nous constatons l'humiliation technocratique des territoires. Un fou furieux est devenu président des USA. Le champion de la droite prône la rigueur pour tous sauf pour lui-même et sa famille. La vraie politique ce n'est pas ça. Gouverner ce n'est pas culpabiliser les modestes. Ce n'est pas renoncer à corriger les inégalités territoriales. Le SRADDET est un nouvel outil pour la région et c'est bien: nous sommes en Normandie et l'aménagement du territoire est notre affaire mais cela ne doit surtout pas dire que ce n'est plus celle de l'Etat! J'entends dire que l'Etat n'est plus qu'un bal de limousines noires dont on ne peut plus rien attendre. Il ne faut pas renoncer: soyons fiers d'être normand pour obtenir le désenclavement et une meilleure attractivité avec le concours de l'Etat stratège. On est tous d'accord avec cela. Par exemple: la normandisation des emplois, on est d'accord mais elle va butter contre l'Europe néo-libérale qui nous impose sa directive sur les emplois détachés. Il nous faut un Etat stratège sur lequel nous appuyer: la Normandie reste sans TGV. Les jeunes Normands n'ont pas accès à l'offre "TGV Max" réservée aux jeunes. Le Paris-Dieppe a été supprimé pour saluer l'arrivée dans les bureaux parisiens de la SNCF d'un ancien président de région. Nous avons la chance en Normandie d'avoir un magnifique maillage de villes moyennes: c'est la raison pour laquelle on supprime les écoles d'infirmières et les hôpitaux de proximité et que les finances des départements et des communes sont asphyxiées. Où est passé l'Etat stratège?

La carte régionale des formations manque d'ambition par rapport au profil industriel et maritime de la Normandie. Où est l'ambition énergétique régionale? Le CESER doit être saisi pour en faire la prospective. Face au gâchis d'Aréva passé à la moulinette de la mondialisation financière que fait-on? C'est stratégique pour l'avenir de la Normandie. Pour faire vivre les régions, il faut un Etat stratège qui puisse coopérer avec les régions. Dire: l'Etat est mort vive les régions ça ne marche pas. Non! Il faut réagir aux côtés de l'Etat car ce qui est régional est national et vice-versa. Surtout en Normandie."

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En tant que chef du groupe majorité régionale dans l'Assemblée normande, David Margueritte distribue ses réponses aux uns et aux autres:

A Mme Sanchez, il propose de revenir sur le terrain des vaches normandes. A un NMR ayant la mémoire courte et qui s'interrogeait sur l'éventuelle acrimonie d'Hervé Morin contre les Haut-normands, il propose de se souvenir de ce que le Haut-normand qu'il fut a fait ou n'a pas fait pour les ex Bas-Normands... Ambiance. Il précise que le CESER n'est pas ignoré et qu'il est régulièrement saisi par le président de région.

Concernant le passage de Bernard Cazeneuve à Bayeux et à Rouen venu nous annoncer un ratapoil de plus dans un CPIER Vallée de Seine passablement sous-doté, Margueritte tonne: "Le bilan de François Hollande sur l'Axe Seine est calamiteux: il nous avait promis en 2012 le démarrage des travaux de la LNPN avant la fin de son mandat et l'effet d'éviction de plus d'un milliard d'euros généré par le très coûteux canal seine Nord Europe offert à Martine Aubry fait qu'il n'y a plus assez d'argent pour les projets normands" (On dirait que Monsieur Margueritte a lu l'Etoile de Normandie et qu'il s'est renseigné auprès de quelques uns de nos amis normands...).

Margueritte réplique aussi sèchement à NMR: "Hervé Morin, président de la Normandie est un élu national présent en Europe et à l'international. Vous voulez une Normandie invisible? Vous auriez fait la même chose. Il faut bien qu'un président de région soit à Paris pour avoir des contacts, plutôt bons d'ailleurs, avec une majorité gouvernementale socialiste..."

A Nicolas Bay, renvoyé à ses chères études de rhétorique sur l'art du paradoxe: "Vous voulez faire rayonner la Normandie mais votre patronne veut supprimer les régions. Dites-moi comment vous voulez vous y prendre?"

Et de poursuivre:

"Sébastien Jumel a raison. Nous vivons une époque troublée. Mais je voudrais le rassurer sur la carte des formations: nous allons visiter à partir d'avril 2017 tous les bassins d'emplois normands pour recenser les besoins des entreprises et construire un programme de formations spécifiques pour les chômeurs normands (Il ne faudrait pas que David Margueritte oublie, cependant, l'évidence: dans un bassin d'emploi il n'y a pas que des employeurs, il y a des employés aussi...)

Et pour finir de clouer le bec au rossignol, David Margueritte ne fera aucune fleur en terminant sa tirade sur la question du cumul des mandats aussi largement pratiqué au Parti socialiste avec Monsieur Travert, à la fois député et conseiller régional (l'intéressé proteste du fond de la salle) ou en citant le cas emblématique du Sénateur Didier Marie qui est passé par tous les étages du millefeuilles territorial de la République en confondant, bien souvent, les planchers et les plafonds.

Et de conclure: "la Normandie a besoin de grands débats sur le fond".

On est bien d'accord et sur l'Etoile de Normandie vous pourrez toujours en trouver...


 Vient, ensuite, l'exposé des divers rapports concernant les diverses politiques publiques normandes inscrites à l'ordre du jour et au vote de l'assemblée plénière:

Nous avons assisté aux échanges et aux votes concernant:

- La revitalisation des centres des villes moyennes et des bourgs normands. Rapport de Guy Lefrand.

- La nouvelle politique régionale normande de soutien à la recherche scientifique et à l'enseignement supérieur. Rapport de Françoise Guégot.

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Guy Lefrand, le maire d'Evreux sait de quoi il parle quand il s'agit de reconquérir les centres des villes moyennes et des bourgs normands, notamment ceux qui ont subi la reconstruction d'après l'urbicide de la Libération de 1944. Le maillage urbain normand est exceptionnel par sa densité, c'est l'armature même de notre région et cela devrait être sa principale force. Mais les centres villes, notamment ceux de la Reconstruction se dévitalisent tant au niveau des logements que du commerce. Le bâti des années 1950 s'est déqualifié ou banalisé faute d'intérêt ou d'entretien tandis que l'offre commerciale périphérique n'arrête pas de s'étendre car c'est moins cher et plus accessible. Les centres commerciaux périphériques attirent maintenant des services qui autrefois étaient concentrés dans les centres villes: les entrées de villes s'enlaidissent, les terres agricoles sont bétonnées et les paysages se dégradent. (constat lucide qu'il faut pousser jusqu'au bout: la qualité paysagère est au coeur même de l'identité normande et de son attractivité touristique. Il faudrait que les élus locaux normands soient plus conscients de la nécessité d'entretenir et de valoriser la qualité patrimoniale, architecturale et paysagère de leurs villes pour éviter leur banalisation afin d'en faire à nouveau des destinations touristiques comme c'était le cas... avant 1944: il faudrait, par exemple, que M. Guy Lefrand fasse en sorte que l'ancien théâtre à l'italienne d'Evreux ne soit plus une... ruine!)

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Le plan régional de revitalisation des centres villes va comporter cinq volets:

1) Développer une ingéniérie intercommunale pour gérer la revitalisation des centres des villes moyennes de la Normandie rurale

2) Financer des grands chantiers de rénovation et de restauration de l'architecture de la Reconstruction ( ex: colorisation des façades): le fonds friches de l'EPFN (Etablissement Public Foncier de Normandie) va investir dans les îlots urbains dégradés pour créer des logements.

3) Faciliter, simplifier les projets de réhabilitation de l'architecture des années 1950. Mise aux normes en accessibilité et en isolation. Arrêter la dénaturation et la banalisation de ce patrimoine notamment dans ses éléments décoratifs (ex: portes et fenêtres ou volets typiques remplacés par du PVC à volet roulant électrique)

4) Lutter contre la dévitalisation commerciale des centres villes en facilitant le portage foncier et financier des projets ou de l'activité existante grâce à des contrats entre le conseil régional et toutes les EPCI normandes.

5) Cibler les quartiers de gare qui sont souvent dégradés (ex: Caen) et la préservation du cadre de vie, espaces publiques, reconversion des friches.

Et Guy Lefrand, élu de l'Eure de conclure en disant:

"La Reconstruction des années 1950 concerne pratiquement toutes les villes de la Normandie. Mais il faut dire que l'ex région Basse-Normandie a été plus imaginative et intéressée par cette problématique typiquement normande que l'ex Haute-Normandie en mettant en oeuvre une contractualisation complète entre l'Etat, l'ANAH, l'ADEME, la Caisse des Dépôts,l'EPFN... Cette politique intelligente bas-normande va donc être généralisée à toute la Normandie".

On pourrait penser que l'ancienne vice-présidente aux finances de l'ex Basse-Normandie, Gaëlle Pioline serait sensible au compliment. Eh bien non:

"Quoi de neuf dans ce plan? Il ne s'agit que d'une opération de communication!'

Mais, une fois de plus, le maire de Dieppe, Sébastien Jumel fait entendre sa musique particulière:

"Je ne suis pas d'accord. Comme Guy Lefrand, je suis maire d'une ville moyenne normande et comme lui j'affronte les réalités. Les villes moyennes normandes sont victimes du retrait de l'Etat et de ses services (ex: la loi Dati sur les tribunaux, la RGPP, la question des sous-préfectures et des bureaux de poste). Tout va aux métropoles. Après il ne faut pas s'étonner que cela vote Front National sur nos territoires et qu'il y ait des jalousies. Les villes moyennes fabriquent pourtant la richesse de notre région. Dans le Pays de Dieppe, 24% du PIB se fait encore dans l'industrie. La vallée de la Bresle fait 90% du flaconnage de luxe mondial. Là encore, la région ne pourra pas faire grand chose seule: il lui faut le soutien de l'état stratège. La reconquête des gares c'est bien mais à condition qu'il y ait au préalable une reconquête ferroviaire et l'achèvement du désenclavement routier. Un aménagement du territoire équilibré ne peut se faire qu'avec le concours d'un état central qui protège. Le Front National est contradictoire car il siège dans ce qu'il veut supprimer. Je vais voter le rapport présenté par Guy Lefrand."

Les élus écologistes annoncent qu'ils vont aussi soutenir le rapport Lefrand:

Laëtitia Sanchez prend la parole en dépeignant le paysage national de la déprise commerciale des centres des villes moyennes françaises en présentant à l'assemblée les constats d'un livre récemment publié par le journaliste Olivier Razemon: "Comment la France a tué ses villes?"

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Le taux moyen national de vacance commerciale dans les centres villes est à 10%. Une étude récente de l'Inspection générale des finances a montré que nous étions dans une surcapacité de l'immobilier commercial par rapport aux chalandises disponibles en population et en pouvoir d'achat. Les seuls centres villes qui s'en tirent sont ceux qui ont la chance et eu l'intelligence d'être des destinations touristiques. Le bilan démographique de la ville centre est souvent négatif alors que celui du péri-urbain est positif. Cela accentue l'étalement urbain et la confiscation des meilleures terres agricoles. Et Laëtitia Sanchez de proposer: "Le tout nouveau SRADDET qui doit piloter l'aménagement du territoire normand ne doit pas oublier cette problématique. Il faut dénoncer la complaisance des commissions départementales d'urbanisme commercial qui ont autorisé deux millions de mètres carrés supplémentaires en 2016 avec un taux d'avis favorable à 59%."

Et de préciser cette réalité indiscutable avec une étude rouennaise plutôt paradoxale quant à la perception des réalités par les commerçants et par les clients du centre ville: 78% des commerçants pensent que leurs difficultés proviennent de la difficulté à se stationner en ville... Mais seulement 21% des clients qui, eux, mettent en avant le manque de qualité urbaine (le bruit, l'enlaidissement des architectures et des espaces publics, la propreté, les ruptures dans la déambulation...)

 "Il faut donc mettre le paquet sur la qualité urbaine surtout lorsqu'il s'agit de la Reconstruction des années 1950".

Bien entendu, le Front National a une toute autre explication:

Monsieur Emmanuel Camoin, tête chenue, ose: "Ce mal ville vient surtout des ghettos communautaires qui gonflent avec la déportation des flux migratoires en provenance de Calais!" (sic!) . On bétonne aussi à outrance les terres agricoles alors qu'il y a de nombreux locaux vides et de nombreux services publics qui disparaissent. La répression féroce du stationnement automobile dans le centre ville fait fuir les clients vers les centres commerciaux de la périphérie."

Puis il lache: "... Mais on va quand même voter de projet minimaliste."

Sébastien Jumel se fait un devoir de lui répondre:

"La Poste prévoit la suppression de 8000 bureaux de poste dans cinq ans. Une étude récente a corrélé la suppression des services publics avec le vote pour le Front National. Il faut d'urgence renoncer à cette austérité!"

Mais c'est Rodolphe Thomas, le maire d'Hérouville Saint Clair où les commmunautés culturelles et ethniques sont nombreuses qui se charge de répondre à l'élu frontiste sur le fond: "Vous faites preuve d'une méconnaissance totale quand vous parlez de ghettos communautaires. La région a l'attention de s'occuper de toutes les agglomérations urbaines normandes. Le vrai sujet c'est qu'on a laissé faire pendant ces vingt dernières années, l'étalement commercial à la périphérie de nos villes."

Laurent Beauvais se souvient de l'existence d'un programme européen spécialisé nommé URBAN qui pourrait contribuer efficacement au financement de la revitalisation urbaine normande.

Frédéric Sanchez, président de la métropole de Rouen et qui n'avait pas encore parlé, prend la parole. Hervé Morin l'écoute alors avec attention:

"Je trouve que ce plan manque tout de même d'ambition en dépit du recours à l'EPFN qui travaille à l'échelle de toute la Normandie car il y a un angle mort à savoir la politique de renouvellement des grands ensembles en périphérie des grandes agglomérations normandes, comme celle de Rouen."

Nicolas Bay, frontiste, se fait franc tireur:

"Mais cette bien mal nommée politique de la ville est un lamentable échec sauf pour entretenir un communautarisme électoral"

Jumel renvoie la balle: "Quand votre candidate se ballade dans un petit village de l'Eure planquée derrière une armée de crânes rasés, c'est vous qui faites du communautarisme électoral." (rires dans la salle). Et de préciser: "Il est important de ne pas distinguer l'urbanisme d'avant 1944 ou d'après: il faut traiter le problème de cette déprise urbaine globalement. Je salue le travail du maire d'Evreux".

Guy Lefrand reprend la parole pour préciser qu'il y a tout de même une spécificité liée à l'urbanisme des années 1950 qui est celle des co-propriétés qu'il faut parfois totalement reconstruire (ex: Caen île Saint Jean). A Laurent Beauvais, il précise que le fonds URBAN n'existe plus depuis 2006 et qu'il a été intégré dans les fonds FEDER sous le nom d'URBAN II (On voit que Laurent Beauvais suit bien ses dossiers). A Frédéric Sanchez, Guy Lefrand explique: "s'il y a un angle mort c'est que l'Etat est trop lent dans le cadre de l'ANRU. Nous allons donc développer la contractualisation entre la région et toutes les EPCI concernées à commencer par la métropole de Rouen pour aller plus vite".(Le grand manitou de la métropole de Rouen a semblé être satisfait de la réponse).

VOTE: FAVORABLE  (abstention du groupe Front National)


 

Pour finir, quelques échos du dernier débat auquel votre citoyen normand dévoué aura pu assister: il s'agit de la présentation de la toute première politique normande dans le domaine sensible et stratégique de la recherche scientifique et de l'enseignement supérieur dans le cadre du nouveau schéma régional qui vient d'être élaboré.

Rapport présenté par Françoise Guégot:

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L'objectif principal poursuivi est triple: simplification des procédures (il n'y aura plus que trois dispositifs: deux pour la recherche et un seul pour les établissements). Confirmation et augmentation de l'accompagnement financier des projets. Financement de 90% des thèses par allocations doctorales chaque année soit 8 millions (comme en 2016). 16 millions seront consacrés à une vingtaine de projets structurants notamment dans un domaine où la Normandie universitaire était encore un peu en retard: l'internationalisation des masters.

Dans le cadre de la démarche globale d'attractivité et d'intelligence territoriale normande, cinq réseaux d'intérêt normands ont été identifiés: les sciences humaines; Terre et Mer; Normandie digitale; bio-matériaux; énergies renouvelables.

Et Françoise Guégot de conclure que le projet normand en matière de recherche scientifique et d'enseignement supérieur se plaçait surtout dans la continuité de l'existant mais dans le cadre nouveau de l'attractivité régionale.

Alors que nous étions, quelque peu sur notre faim, à l'écoute de ce rapport quelque peu pressé et superficiel puisque la problématique fondamentale de l'avenir d'une gouvernance normande d'une décentralisation scientifique en Normandie a, semble-t-il, échappé à Madame Guégot, j'espérais bien qu'un élu véritablement intéressé par ce sujet si essentiel allait intervenir et faire les critiques nécessaires...

Du haut de mon balcon de verre, je vis alors la lueur rouge du micro de Laurent Beauvais qui demande à prendre la parole. J'attends avec intérêt son intervention car s'il y a bien, authentiquement, un spécialiste de la recherche scientifique en Normandie c'est bien l'ancien président de l'ex région Basse-Normandie qui a fait du bon travail pour défendre, par exemple, le développement du Grand Accélérateur National d'Ions Lourds, établi depuis les années 1980 sur le plateau universitaire du Nord de Caen.

Laurent Beauvais, grand naïf normand

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Et comme tous les lecteurs de l'Etoile de Normandie (qui ne perdent pas leur temps à lire Ouest-France qui n'en parle toujours pas, pas plus que Paris-Normandie, d'ailleurs...) savent ce qui se trame en ce moment du côté du GANIL, j'espérais bien que Laurent Beauvais allait, enfin, en parler...

Voici, en substance et d'après mes notes personnelles, le propos de Laurent Beauvais (seul le prononcé faisant foi...):

"Parler de recherche normande est absurde. Il ne faut pas mettre de l'attractivité régionale à tous les étages. Quand vous parlez de recherche fondamentale à l'étranger, les scientifiques n'ont que faire de savoir si la recherche est normande ou non. La recherche n'est pas régionale mais elle s'organise dans le cadre de grandes coopérations interrégionales: avec l'Ile de France par l'Axe Seine, avec le Centre Val de Loire. Par exemple: l'antenne de sciences-po à Caen dépend de la Bretagne..."

La dernière phrase est terrifiante par sa naïveté!

Bien entendu qu'il faut coopérer avec les régions voisines, à commencer avec la région parisienne, pour faire de la recherche scientifique fondamentale en Normandie ! Personne ne dira le contraire et Sébastien Jumel l'a très justement dit plus haut: ce qui est régional est national et vice-versa. Mais tout l'enjeu est de savoir qui coopère avec qui, comment et pourquoi pour éviter que la coopération en matière de recherche scientifique cela soit:

"Passe moi ta montre normande qui fonctionne aux ions lourds caennais et je te dirai l'heure sur le plateau de Saclay !"

Aborder la coopération scientifique avec lucidité (une démarche d'intelligence territoriale) c'est tout simplement éviter que le peu de matière grise de haut niveau présente en Normandie ne soit définitivement siphonnée par la région parisienne ou les métropoles voisines de notre région.


 

CONCLUSION sur ces tribulations d'un citoyen normand lors d'une réunion plénière du conseil régional de Normandie:

La société civile est autonome et elle en sait autant que ses élus qui décident pour elle: Brisons le plafond de verre qui sépare les citoyens du pouvoir qui se fait pourtant en leur nom!

GANIL ARCHADE

Tandis que Laurent Beauvais déroulait ses naïves évidences, je bouillonnais et tout en bouillonnant, j"écrivis une petite note synthétisant la situation en cours au GANIL (projet de fusion avec l'IRFU Plateau de Saclay dans le cadre du schéma stratégique de développement de la Vallée de la Seine, prise de contrôle par le CEA et risque d'un transfert de la gouvernance du GANIL normand vers la région parisienne).

Comme en bas, devant la barrière de verre qui sépare le monde des hommes normaux (les citoyens normands) des hommes "augmentés" (nos élus) le cerbère africain était toujours là, j'interpellai une employée du conseil régional que je connaissais:

"vous avez accès aux élus qui sont dans la salle?

"Oui.

"Pourriez-vous porter ce billet à Monsieur Laurent Beauvais de ma part? Il me connait."

A peine Laurent Beauvais avait-il terminé son intervention qu'un appariteur surgi de la tribune du fond de l'hémicycle s'approcha de lui pour lui remettre en mains propres mon petit papier.

Il le lut attentivement. Puis leva les yeux et me chercha du regard dans la tribune du "public". M'ayant trouvé, je lui fis un signe de la main.

Son regard posé sur moi ne dura qu'un instant mais il fut intense... Comme un grand point d'interrogation conclu par un sourire énigmatique.

Il plia ma petite note en deux et la glissa sous le brouillon de son intervention posé à sa gauche devant son fauteuil. Puis il prit son smartphone en mains et consulta ses messages.

Et le citoyen normand que je suis osa alors se poser la question suivante:

En savais-je plus que lui?


 

  • Plènière du Conseil régional de Normandie à Caen, le 6 février 2017, revue de presse:

http://www.ouest-france.fr/normandie/region-normandie-herve-morin-presente-un-budget-ambitieux-4784679

http://www.infonormandie.com/Redynamisation-des-centres-villes-et-des-coeurs-de-bourgs-la-Region-met-la-main-a-la-poche_a15773.html

  • La feuille d'informations Normandie XXL vous propose une analyse complète du premier budget primitif normand (2017):

http://www.normandiexxl.com/article.php?id=1977

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Voir enfin l'article de Paris-Normandie qui s'interroge sur l'ambition ou non de la nouvelle région normande:

Région Normandie : ambitions ou manque d’ambitions ?

http://www.paris-normandie.fr/actualites/politique/region-normandie--ambitions-ou-manque-d-ambitions-XA8435088?utm_source=Utilisateurs+du+site+LA+NEWS&utm_campaign=1fbb90e6c9-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_233027d23b-1fbb90e6c9-137315997

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Commentaires
A
une lecture rapide laisse entrevoir chez certains des réflexes jacobins bien établis. <br /> <br /> Heureusement qu'ils n'ont pas eu la majorité...on en serait encore à une gestion comptable d'un budget étatique délocalisé! M.Morin a peu de temps pour imprimer une marque girondine et il doit absolument surveiller son discours. Sa détermination est sa force, elle doit se porter à égalité sur tous les territoire Normands. Les ambassades à Bruxelles mais aussi à Paris (contre pouvoir et rayonnement par ex une "maison de la Normandie" avec bar restaurant) doivent voir le jour et vite!
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