En attendant un GRAND PORT MARITIME NORMAND UNIQUE, l'Axe Seine est une catastrophe logistique
Grâce aux recherches perspicaces de Michel Duval, alias "l'impertinent" sur l'Etoile de Normandie, nous vous proposons de relire ci-dessous les analyses on ne peut plus édifiantes d'un ancien haut-fonctionnaire qui fut, un temps et un temps seulement (et cela fait partie du problème) le directeur du Grand Port Maritime de Rouen. C'était en 2014 sur Radio France Internationale et le diagnostic à lire ci-après vaut toujours...
Rouen veut rester premier port céréalier d’Europe
Rfi Par Claire Fages Diffusion : vendredi 18 avril 2014
Situé sur la Seine en aval de Paris, le port de Rouen agrandit son chenal pour garder son rang dans les exportations de céréales.
Silo à grain dans le port de Rouen. Wikimedia Commons/Nortmannus
Rouen veut rester premier port céréalier d’Europe. La France championne européenne des exportations de grains voit partir la moitié de ses cargaisons de Rouen, dans les méandres de la Seine, au nord-ouest de Paris. Mais lqui veulent transporter toujours plus à moindre coût. Un handicap qui a fait perdre au blé français son débouché égyptien cette année, comme l’explique Philippe Deiss, directeur général du Grand port maritime de Rouen : « L’Egypte, qui est le plus gros importateur de céréales, demande à n’avoir que des cargaisons énormes et que nous ne pouvons pas charger. Et donc au-delà, c’est la France elle-même qui n’exporte plus ces céréales-là, puisque la quantité et la qualité sont sur Rouen, plus que dans les autres ports, qui eux, pourraient peut-être accueillir en termes de tirant d’eau, mais qui n’ont pas la marchandise qui va bien. »
La marchandise, on la trouve facilement dans un rayon de 200 km autour de Rouen, idéalement situé dans le bassin céréalier français, ce qui n’est pas le cas des ports de Dunkerque ou même du Havre certes plus accessibles aux géants des mers. mais autour desquels on trouve surtout du Plus sérieusement, c’est le coût du camion qui est rédhibitoire. Philippe Deiss : « Si vous amenez une tonne de céréales d’Orléans à Rouen, ça vous coûte aussi cher que de l’amener de Rouen en Algérie ! Un conteneur, vous l’amenez de Dijon à Marseille, ça vous coûte aussi cher que de l’amener de Marseille à Shanghai : le coût du [transport] terrestre est énorme. Il y avait des silos au Havre, qui n’ont jamais trouvé leur équilibre économique. Nous avions regardé cela : plutôt que d’investir 200 millions d’euros dans l’approfondissement du chenal, est-ce qu’on pouvait se permettre d’acheminer les céréales jusqu’au Havre ? Non, physiquement, ces céréales-là, si elles ne partent pas de Rouen, elles ne partiront pas. »
Les travaux de désensablement du port de Rouen ont donc repris de plus belle. Pour qu’en 2017 les gros vraquiers puissent faire demi-tour sur la Seine et repartir chargés de blé et d’orge français, vers l’Afrique du Nord ou l’Afrique de l’Ouest.
Commentaire de l'(im)pertinent:
Monsieur Philippe Deiss est le roi des faux-jetons normands ! Il a beau jeu de comparer le coût du chargement au Havre et transport par camion avec le coût du chargement à Rouen et transport par navire en omettant sciemment… le coût du chargement au Havre et transport par… train.
Il a beau jeu d’ironiser sur la situation du port du Havre vis-à-vis du trafic de céréales, lui qui fait partie d’une communauté portuaire rouennaise qui a tout fait et qui fait encore tout, dans la plus grande discrétion, pour entraver le désenclavement ferroviaire du port du Havre à travers l’estuaire de la Seine, qui changerait radicalement la donne ! C’est ce qu’on appelle la prime à la déloyauté, ou encore l’organisation d’une distorsion de concurrence !
Concernant les 200 millions de coût d’approfondissement du chenal en Seine, M. Deiss oublie aussi de préciser le simple coût d’entretien permanent du même chenal, 20 M€ /an ! Tout ça à la charge de l’Etat et, comme c’était le cas jusqu’en 2016, des collectivités territoriales !
Commentaire de Florestan:
Dans le cadre d'un grand port maritime normand unique et placé sous la direction du conseil régional de Normandie, le port du havre pourrait devenir l'avant-port du port céréalier de Rouen.