En pleine tempête du Coronavirus, les îles anglo-normandes craignent de perdre leurs liaisons logistiques avec l'Angleterre!
L'information suivante, nous l'avons vu passer sur le site de la BBC mais pas encore dans la presse régionale française qui pourrait s'y intéresser, à savoir les Bretons de Ouest-France. C'est pourtant alarmant! Surtout pour nous Normands qui avons des liens d'amitiés culturelles et historiques avec les îles dites "anglo-normandes"...
En effet, en pleine tempête du coronavirus, les îles anglo-normandes craignent de perdre leurs capacités logistiques de ravitaillement depuis l'Angleterre: le consortium de compagnies maritimes qui s'en occupait vient d'annoncer la fermeture de ses lignes avec les îles depuis les ports de Southampton et de Bristol. Dans les îles, à Jersey et à Guernesey 80 emplois sont menacés.
Lire ci-après cette brève (en anglais) sur le site de la BBC:
https://www.bbc.com/news/world-europe-jersey-52181908
Eighty people are set to lose their jobs following the collapse of a group of Channel Islands shipping companies.
Channel Island Lines has announced it is going to stop operations immediately.
It blamed "very difficult trading conditions" caused by the coronavirus outbreak.
Channel Island Lines UK, Channel Island Lines Guernsey, Paul Davis Freight and Rockayne Jersey are the companies affected.
Anyone with goods at its depots in Jersey, Guernsey, Bristol and Southampton has been asked to make arrangements to pick them up, the firm said.
Thirty people worked for the group in Jersey, 12 in Guernsey and 38 in the UK.
Grant Thornton is being appointed as administrator and "where possible to assist employees with their statutory entitlements".
Deputy Lyndon Trott, Vice-President of Guernsey's Policy & Resources Committee said the collapse would have a "knock-on effect" in the long-run, but said the supply chain for essentials into the island remained strong.
"From the start we have been open and frank with our community. [The] government will not be able to save every business, despite the measures that are currently in place and additional measures under review," he said.
C'est une nouvelle d'autant plus inquiétante que ce consortium de compagnies maritimes anglaises avaient pu reprendre, non sans mal, le trafic autrefois assuré dans le cadre d'un quasi monopole par la compagnie historique de Jersey "Huelin Renouf" qui avait faillite en 2013 après 80 années d'existence...
https://www.barringtonfreight.co.uk/blog/freight-to-jersey-huelin-renouf-collapse/
Question?
Qui pourrait reprendre ce marché après la crise actuelle qui s'ajoute à celle du Brexit si du côté anglais on fait durablement faillite? La solution est, de plus en plus, du côté continental français: une affaire de concurrence entre Normands et Bretons qui ont déjà avec Saint-Malo toutes les capacités logistiques nécessaires depuis que la Brittany ferries a racheté la compagnie jersiaise "Condor ferries".
Pourtant les Normands ne manquent pas d'atouts: ils ont pour eux l'avantage de l'évidence de la proximité historique et géographique pour opérer de façon privilégiée sur le marché du fret à Jersey, Guernesey et Aurigny avec la desserte d'environ 200000 résidents à l'année dans les îles et une population qui double ou triple pendant la saison estivale.
A condition de positionner nos capacités portuaires pour le fret en direction des anglo-normandes à partir de Granville (fret et vrac) et de Cherbourg (fret et trafic passagers).
Problème: le port normand de Granville qui est, pourtant, le plus proche de Jersey (à moins d'une heure de bateau de Saint-Hélier) n'a pas de projet de développement à la hauteur des enjeux.
Il est toujours géré par le département de la Manche (contrairement à celui de Cherbourg géré par la région) avec un projet qui confond développement portuaire et développement immobilier... Cherchez l'erreur!
Le potentiel existe, en témoigne cette archive du quotidien Ouest-France (2010) avec cet article signé Xavier Oriot:
Il est vrai que c'était il y a... dix ans. Les relations institutionnelles et économiques se sont renforcées entre les îles et la Normandie continentale française notamment depuis la réunification de cette dernière en 2016. La crise en cours est donc l'occasion de démontrer l'utilité de cette politique de solidarité normande avec son outremer immédiat...
https://www.ouest-france.fr/normandie/la-normandie-pignon-sur-rue-lile-de-jersey-547107
La Normandie a pignon sur rue à l'île de Jersey
Sur l'île de Jersey, à l'angle d'Halkett place et de Burrard street, au coeur de Saint-Hélier, le drapeau français et les trois léopards normands flottent sur la façade de la Maison de la Normandie et... de la Manche. Tiens la Manche ne serait plus en Normandie ? « La maison a été créée il y a quinze ans, anniversaire que nous fêtons aujourd'hui, conjointement par le département de la Manche et la Région », rappelle Patrice Pillet, conseiller général de la Manche, pour expliquer le pléonasme.
En ce matin mouillé mais vite ensoleillé, une délégation normande a embarqué à Carteret et Granville pour fêter et conforter quinze ans d'échanges avec les cousins anglo-normands. Dans la grande Assembly room, les Marins du Cotentin dans le pull rayé chantent à tue-tête Marie Jeanne Gabrielle. Même Patrice Pillet y va de quelques airs de cornemuse. « Cette maison a été créée en 1995 deux ans après la fermeture du consulat français à Jersey. Nous tenions à maintenir une présence française qui, au fur et à mesure, est devenue une agence de développement. Je souhaite aussi developper les échanges scolaires. »
Des entreprises normandes répondent aux appels d'offres sur l'île, des matériaux de construction quittent la Normandie pour Jersey et Guernesey. Mais « on doit aller plus loin », souhaite Alain Tourret, vice-président du conseil régional et nouveau président du Comité régional du tourisme. « Il faut relancer la ligne aérienne entre Caen ou Deauville et Jersey. »
Une ligne de fret via Southampton a bien été relancée avec Huelin Renouf Shipping avec Cherbourg deux fois par semaine. « Il faut la densifier. Je pense aux légumes et salades de la Manche. Agrial peut être intéressé ». Alain Tourret une autre idée dans sa poche. Il s'est éclipsé après les discours pour rencontrer les représentants des banques si puissantes sur l'île pour leur parler du pôle de compétitivité des transmissions économiques sécurisées (TES) de Caen. « Ils se sont montrés très intéressés. Ils affirment être sortis de la zone grise des paradis fiscaux. C'est bien qu'ils le disent. »