Après la crise du CORONAVIRUS: revoir totalement l'aménagement sanitaire de la Normandie
Dans la dernière édition disponible de la Chronique de Normandie (n° 621 daté du 6 avril 2020) Bertrand TIERCE nous propose de réfléchir non sans raison au jour d'après la crise dans le domaine le plus directement concerné: l'aménagement du territoire normand en matière de santé publique et médical sous la responsabilité de l'Agence régionale de la Santé (ARS) dont le directeur (la directrice en Normandie) rend compte directement auprès du Premier ministre.
S'il y a un domaine où il faudra dire sinon démontrer la différence entre un avant et un après la crise actuelle c'est bien celui de la santé publique.
Pourquoi?
La crise sanitaire exceptionnelle d'épidémie démontre qu'un service public ne relève pas que de la seule gestion comptable à court terme et qu'un hôpital ne peut s'assigner les mêmes objectifs de rentabilité qu'une banale société anonyme à responsabilité limitée.
Dans le drame sinon la tragédie qui se déroule sous nos yeux il y a, au départ, ce péché originel de la loi du 21 juillet 2009 "HPST" (pour Hôpital Patients Santé Territoire) qui a fait de la gestion la plus rationnelle possible des hôpitaux l'alpha et l'oméga d'une modernisation du service public de la santé dans le cadre d'une Révision Générale des Politiques Publiques qui nous obligent aujourd'hui, plus de dix ans après, à dépenser sans compter pour ne pas avoir à trop compter nos morts.
Voir le lien suivant:
La terrible tarification aux actes (T2A) et la soi-disant réduction des plateaux hospitaliers sous prétexte de ne pas avoir le nombre d'actes suffisants pour maintienir la qualité et la sécurité des soins ont fait des ravages en aggravant les déserts médicaux dans les territoires les plus ruraux et les plus périphériques de nos régions.
Les Agences régionales de la Santé auraient dû être l'instance d'une planification au service de l'intérêt général régional d'un authentique aménagement du territoire respectant toutes les mailles d'un filet de protection de la santé des populations: bien souvent, les ARS furent surtout des instances de "cost killing" (on le dit en anglais, ça fait plus sanglant...) avec les habituelles lubies de restructurations, mutualisations, fermetures...
Il faudra faire le bilan de ce désastre: évaluer les évaluateurs des ARS. A commencer par le rôle d'urgence qu'elles doivent en principe jouer en ce moment pour piloter l'effort de guerre sanitaire contre le covid-19 sur le territoire régional.
A priori, en Normandie les choses se passent plutôt bien et on s'en réjouira entre l'ARS, la préfecture de région, la région Normandie et les autres grandes collectivités régionales. Ailleurs, en France, notamment dans les régions les plus fortement touchées par l'attaque du covid-19 les comptables gestionnaires qui peuplent les ARS semblent dépassés. Il faut gérer les urgences en bricolant, en improvisant car la bonne gestion du monde d'avant a fait qu'on n'avait plus rien... zéro stock:
C'est ainsi que dans le Grand Est les surblouses des soignants seront des sacs poubelles...
Avec un directeur d'ARS de la région dite "Grand Est" qui, en pleine crise, continue de courir après les certitudes du monde d'avant tel un canard sans tête...
Quand il ne s'agit pas de réquisitionner les masques péniblement achetés à l'étranger par un conseil régional...
Décidément! Le jacobinisme comptable gestionnaire à la mode de Bercy "en régions" (pour ne pas dire "en province") est une catastrophe qui s'ajoute à la catastrophe.
Les gestionnaires ne savent pas gérer une crise majeure: laissons cela aux militaires et à des hommes et des femmes politiques qui ont encore le sens de l'Etat et du service public!
Et pour revenir à l'analyse de la situation en Normandie, en lisant ce qui suit, on ne pourra que prendre vraiment au sérieux l'une des affirmations avancées par Bertrand Tierce:
"... le propos est aujourd'hui inaudible."
S'il s'agit, encore, de faire disparaître du territoire normand des capacités d'accueil hospitalières ou médicalisées pour des questions de gestion comptable.
https://www.lamanchelibre.fr/actualite-805581-caen-le-chu-de-caen-affiche-son-cri-d-alarme