Brexit ET Covid... Trop c'est trop pour l'économie maritime normande!
Dans son histoire millénaire, la Normandie, fille de la mer et du fleuve, a toujours pâti dans son économie maritime d'une crise de relation entre les îles britanniques et le continent européen: tout le monde connaît, par exemple, la guerre de Cent ans des XIV et XVe siècles. Mais bien peuvent savent qu'il en eut une seconde de 1688 à 1815 entre la France et l'Angleterre qui condamna durablement notre Normandie maritime à l'atonie car le canal de France ou d'Angleterre, autrement dit, la "Manche" était devenu un espace de tensions, de guerres et de conflits.
Pour être encore plus clair: la Normandie ne s'est jamais aussi bien portée durant toute son histoire que lorsque la paix était solidement établie avec l'Angleterre ou, mieux encore, lorsque l'Angleterre, elle-même, était... normande!
C'est ainsi que la prospérité des ports normands était grande aux XII et XIIIe siècles, puis, à nouveau, aux XVI et XVIIe siècles jusqu'aux erreurs géopolitiques tragiques de Louis XIV poursuivies sans désemparer ou presque jusqu'à la chute d'un petit caporal corse... Il faudra attendre l'Entente cordiale de 1815 confirmée en 1830 pour voir le magnifique décollage portuaire du port du Havre par exemple...
Le XXe siècle et ses deux grandes guerres mondiales ne feront que confirmer jusqu'au tragique de l'été 1944 cette dure et profonde loi règle la géopolitique normande: la Normandie pour prospérer notamment sur mer a besoin d'une relation de confiance et de paix avec l'Angleterre.
Le quai de Southampton du Havre, départ historique du paquebot pour l'Angleterre dès le XVIIIe siècle, dans sa version en béton reconstruite après un malheureux bombardement de la Royal Air Force britannique en septembre 1944...
Avec la crise européenne du Brexit, un nouveau temps d'incertitudes s'ouvre pour l'économie maritime normande, notamment pour le secteur essentiel du trafic transmanche. Les dernières nouvelles sont inquiétantes car aux complexités du Brexit s'ajoutent les complications de la crise sanitaire du Covid-19 avec, bien entendu, à Paris l'habituelle nonchalance d'une bourgade rurale qui méconnait les larges horizons marins...
Comme d'habitude, dans cette galère, les Normands vont devoir ramer et souquer seuls!
Pour Hervé Morin, le plus inquiétant est l’avenir des compagnies maritimes normandes dont l'activité a, selon lui, déjà baissé de 60% à 70% à cause de la crise sanitaire.
La Grande-Bretagne a annoncé, jeudi 13 août, que les personnes en provenance de France et se rendant outre-manche seront, dès samedi matin, soumises à une quarantaine de deux semaines. Cela concernerait 160 000 personnes, selon les estimations du gouvernement britannique. Une décision "absolument ahurissante" selon Hervé Morin, le président de la région Normandie, invité de franceinfo ce vendredi : "Les compagnies maritimes seront dans une situation absolument dramatique."
Pour Hervé Morin, le plus inquiétant est l’avenir des compagnies maritimes : "C'est le lien transmanche qui sera complètement à terre, avec des conséquences pour les compagnies maritimes absolument colossales. C'est ça le sujet. En plus de cette nouvelle, il y a plein d’éléments qu'on ne connaît pas, déplore le président de région. Est-ce que cela s'applique aux chauffeurs poids lourds ? Si ça s'applique aux passagers, quels qu'ils soient, et aux chauffeurs poids lourd, alors clairement les compagnies maritimes seront dans un situation absolument dramatique."
La disparition du tourisme britannique
"Globalement, pour la Normandie, on a deux millions de passagers qui prennent le bateau sur l'un des ports normands. On est déjà aujourd’hui sur une baisse d'activité de 60% à 70%", indique Hervé Morin. Le président de la région Normandie s'inquiète aussi des conséquences pour les chauffeurs poids-lourd qui vivent de l'activité de fret. "Derrière, on a notamment une grande compagnie, Brittany Ferries, qui emploie 2 000 à 2 500 marins et qui loue des bateaux à une société dont l'actionnariat est le conseil régional, ajoute Hervé Morin. On voit bien qu'il y a toute une série de conséquences qui sont considérables."
"Cette année, on avait déjà un peu de tourisme britannique, mais très clairement, ce tourisme britannique va purement et simplement disparaître", regrette le président de la région Normandie. "Nos liens économiques avec le Royaume-Uni, qui sont relativement importants, vont aussi en prendre un coup. Cette décision est absolument ahurissante. Il va falloir urgemment que le gouvernement mette en place un plan pour le transmanche, car sinon des compagnies risquent purement et simplement de disparaître", conclut-il.
Commentaire de Florestan:
Pavillon F dit "Foxtrot". Elevé seul dans la mâture, il signifie: "je suis désemparé! Obligation de communiquer avec moi."
https://www.orange-marine.com/content/108-guide-pavillons-bateau