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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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24 mars 2021

Le mépris jacobin pour les cultures régionales de France fabrique de la haine de soi!

L'Etoile de Normandie partage avec vous la réflexion suivante proposée par Michel Feltin-Palas, qui milite brillamment pour la défense d'un patrimoine culturel immatériel des langues régionales de France en perdition.

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Les propos de Michel Feltin-Palas sont importants car ils renvoient à une problématique centrale pour tout régionaliste culturel lucide et conséquent avec lui-même:
Le jacobinisme centralisateur et niveleur inauguré autour de la sinistre table du comité de Salut public présidé par Robespierre en 1793 fabrique la haine de soi qui peut à son tour susciter la haine des autres par le poison du ressentiment.
Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor furent les grands intellectuels d'une lucidité qu'il faut toujours avoir sur le lien fondamental qui unit l'identité humaine à sa langue, matrice d'une fierté de soi pour soi-même qui n'a de raison d'être que si elle est reconnue, respectée et partagée avec les autres.
Césaire, le régionaliste martiniquais se souvenant de la Liberté du "marronage" a parlé de "négritude". Senghor, en grand poète normand, fondateur de la Francophonie n'a pas hésité à parler de "Normannité", une identité régionale normande fondée sur la littérature et l'existentialisme.
A leur suite, nous avons proposé de définir la "Normanditude", c'est-à-dire, un rapport lucide, individuel et Normand à l'universel avec un texte toujours à lire sur les ressources normandes proposées sur la droite de la page d'accueil de l'Etoile de Normandie, le webzine de l'unité normande.
Alors que certains gauchistes professionnels du ressentiment, parfaitement irresponsables, sont en train de dévoyer dangereusement les questions d'identité au profit d'un communautarisme victimaire venu des Etats-Unis, les réflexions de Michel Feltin-Palas sont d'une grande utilité:

Faut-il renoncer à sa culture régionale pour être français ?
Après avoir passé des vacances en Corse, certains de mes amis sont revenus choqués, en me racontant plus ou moins toujours une scène ressemblant à celle-ci : "Je suis entré dans un bar, j'ai lancé un sonore "bonjour". Eh bien, tout le monde a continué à parler en corse, pour bien me faire sentir que je suis un Continental."
Je comprends parfaitement à quel point ce type de comportements peut mettre mal à l'aise. En revanche, il me paraît important d'en expliquer l'origine et je vais pour cela m'appuyer sur un livre tout à fait remarquable de l'écrivain franco-libanais - et académicien - Amin Maalouf, Les identités meurtrières,
que je résume ici à grands traits.
1. Chaque individu possède plusieurs appartenances. Prenons l'exemple de Charles de Gaulle. Certes, il était français - ô combien - mais il était aussi catholique, général, intelligent, doté d'un caractère fort, père d'un fils et de deux filles, dont l'une gravement handicapée, avait grandi à Paris en conservant des attaches dans le Nord et résidant en Haute-Marne, etc. Charles de Gaulle avait donc plusieurs appartenances. En revanche, il avait une identité unique, qui résultait précisément de la combinaison de ses différentes appartenances.
2. Cette règle vaut pour tous les individus qui peuplent cette planète, des plus humbles aux plus puissants.
3. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si chacune de nos appartenances pouvait s'épanouir librement. Malheureusement, il arrive parfois que l'une d'entre elles soit blessée, et cela suffit à ce que notre identité tout entière soit atteinte. "On a souvent tendance à se reconnaître dans son appartenance la plus attaquée", écrit justement Amin Maalouf. Quelle que soit l'appartenance en question - la langue, la religion, la couleur de peau, la classe sociale, l'orientation sexuelle, etc - c'est elle que nous aurons tendance à mettre en avant, au point dans certains cas de la voir envahir l'identité tout entière.
4. C'est ainsi que s'explique la saynète du bar corse. Parmi les habitants de l'île, beaucoup savent leur culture menacée. Blessés dans l'une de leurs appartenances, certains expriment cette souffrance de manière ostensible, et parfois en effet de manière agressive.
5. Ils ont sans doute tort de réagir ainsi, mais il me semble juste de remonter le fil des événements. Culturellement, l'histoire de France s'est accompagnée de la lente imposition du français dans des territoires où elle était auparavant inconnue. Plus grave : on n'a pas seulement cherché à faire du français la langue commune de notre pays, ce qui aurait pu s'entendre, mais sa langue unique.
6. Les réactions que cette entreprise a pu et peut encore susciter - en Corse comme ailleurs - en résultent. "Si celui dont j'étudie la langue ne respecte pas la mienne, parler sa langue cesse d'être un geste d'ouverture, il devient un acte d'allégeance et de soumission", souligne Amin Maalouf, qui poursuit: "Lorsqu'on sent sa langue méprisée, sa religion bafouée, sa culture dévalorisée, on réagit en affichant avec ostentation les signes de sa différence. Lorsqu'on se sent, au contraire, respecté, lorsqu'on sent sa langue respectée, alors on réagit autrement."
7. Notons d'ailleurs qu'il en va de même chez de nombreux amoureux du français. Pourquoi certains d'entre eux, interroge Amin Maalouf, réagissent-ils avec vigueur contre les anglicismes ? "C'est que la mondialisation apparaît aujourd'hui à leurs yeux synonyme d'américanisation, répond-il. Ils se demandent quelle place aura demain la France dans ce monde en voie d'uniformisation accélérée, que vont devenir sa langue, sa culture, son rayonnement, son mode de vie." C'est exactement cela : en entendant les tubes anglo-saxons envahir les ondes, les anglicismes se multiplier dans les médias, les Mc Donald's et autres Burger's King gagner nos rues, ils se sentent blessés dans l'une de leurs appartenances, donc dans leur identité tout entière.
La solution n'est pas simple à mettre en place, mais elle peut s'énoncer clairement : personne ne devrait avoir à renoncer à sa culture d'origine. Cela n'a rien d'impossible : c'est même exactement la démarche suivie par l'Union européenne. Sur le Vieux Continent, les Allemands peuvent continuer à parler l'allemand, les Italiens l'italien, les Suédois le suédois, etc. Il est même probable que l'Union éclaterait si l'un de ses membres prétendait imposer son idiome à tous les autres.
Pourquoi, dès lors, voudrait-on qu'en France il faille renoncer à être Corse (ou Basque ou Breton ou Alsacien) pour être un "bon" Français ? Pourquoi l'appartenance nationale devrait-elle écraser l'appartenance régionale ? C'est cette uniformisation qui provoque les réactions excessives qui peuvent surgir ici et là. Et c'est de mon point de vue retourner les choses que de reprocher aux victimes de cette situation de se comporter parfois avec maladresse.
A LIRE AILLEURS:
Cet aphorisme d'Umberto Eco a donné son titre à la pétition lancée pour s'opposer à l'instauration de l'anglais comme seule langue de travail de l'Union européenne.
Pendant son quinquennat, François Hollande avait imposé l'anglais au concours d'entrée. Un choix que pourrait remettre en cause Amélie de Montchanin la ministre de la Fonction publique, qui juge cette épreuve potentiellement "discriminante".
C'est à l'unanimité que les présidents de région de métropole appellent à soutenir la proposition de loi du député breton Paul Molac en faveur des langues régionales. Celle-ci revient à l'Assemblée nationale ce 8 avril et se heurte à l'opposition du gouvernement. Une pétition a par ailleurs été lancée pour demander aux députés de soutenir ses principales dispositions.
L'Institut de la langue gallèse - "l'autre" langue de Bretagne, qui appartient à la famille des langues d'oïl -, qui a pour objectif le développement du gallo, propose en prévente la première édition d'une méthode d'apprentissage du gallo.
Longtemps, on a considéré que toute littérature s'écrivant en français relevait de la littérature française. Non, revendique ce livre dirigé par Pascal Rannou. "On peut parler de littérature bretonne comme on parle de littérature québécoise", écrit cet agrégé de lettres modernes. Pour cela, il n'est pas indispensable d'être né ni d'habiter en Bretagne, pourvu que l'on parle de la région dans son oeuvre ou qu'on utilise des bretonnismes. C'est le cas de tous les auteurs recensés ici, d'Alfred Jarry à Louis Guilloux, en passant par Julien Gracq et Pierre-Jakez Hélias.
Signe d'un incontestable renouveau, le site Internet de Radio Poitou, consacré à la langue régionale et à la diversité culturelle en général, est désormais entièrement rédigé en poitevin.
Le 17 mars, le ministre de l'Education a annoncé que la réforme du CAPES, qui avait soulevé un tollé, serait revue. Lors de la version initiale du texte, les coefficients affectés au français étaient supérieurs à ceux affectés au corse...
L'Agence régionale de la langue picarde lance un "Concours pour Chés Tchots". Regroupant 3 épreuves ludiques, il incite les jeunes élèves à découvrir et à faire vivre la langue picarde. Il est ouvert aux élèves de CM1 à la 6e des académies de Lille et d'Amiens.

 

France Culture consacre une série d'émissions à l'histoire de la langue française en commençant par la célèbre ordonnance de Villers-Cotterêts. Il y est utilement rappelé que, contrairement au mythe qui l'entoure, ce texte visait seulement à chasser le latin de la justice et à le remplacer non par le seul français, mais par le "langage maternel françoys", c'est-à-dire toutes les langues comprises à l'époque par les sujets du roi, y compris les langues dites régionales.
A REGARDER
Je vous ai déjà parlé du formidable conteur Yannick Jaulin, nommé aux Molière, qui défend avec courage la dignité de sa langue maternelle, le poitevin-santongeais. Voyez cet extrait de l'un de ses spectacles - en français, je vous rassure -consacré à la "liquidation des vieillards". Inspiré d'un collectage réalisé par l'historien Georges Dumézil, il dit beaucoup, avec talent et émotion, de notre société.
Est-ce le fruit du hasard ou l'expression d'un réel mépris ? Toujours est-il que le garde des Sceaux, interrogé sur la non-ratification par la France de la charte européenne des langues régionales et minoritaires, a choisi de répondre en utilisant le mot "baragouiner". Un terme qui a choqué le député breton Marc Le Fur, qui a rappelé son caractère dégradant : "parler une langue en l'estropiant", selon Le Robert. A sa demande, Eric Dupond-Moretti a fini par présenter ses excuses.
Voir aussi ce communiqué de presse alarmant sur l'avenir de la langue provençale: Frédéric Mistral et les Félibres doivent se retourner dans leurs tombes!

langue régionale

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