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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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21 mai 2021

Le billet de Barreau: la Normandie a besoin de "paysans de nature"

L'Etoile de Normandie publie le dernier billet de Barreau qui nous invite à réfléchir sur notre patrimoine rural et agricole: un patrimoine naturel et culturel menacé!

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Normande versus Prim’holstein que disent les résultats économiques ? (web-agri.fr)

La Normandie a besoin de « paysans de nature »

Le projet « Paysans de nature » est né en Vendée, à l’initiative de paysans et d’une association de protection de la nature. Il vient de 3 constats principaux :

-le constat du déclin de la biodiversité sauvage

Les scientifiques, aidés par les réseaux d’observateurs naturalistes bénévoles, le disent et le redisent : la biodiversité qu’on croyait commune connaît une érosion très forte. Presque 80 % de la biomasse d’insectes a disparu en 30 ans, 1 million d’espèces seraient menacées de disparition.

En France, près de 40% des oiseaux des zones agricoles ont disparu en 30 ans. Pour des espèces comme le Verdier d’Europe ou le Tarier des prés, le déclin atteint plus de 50 %.

La biodiversité des campagnes qu’on disait  « ordinaire » ne sera bientôt plus qu’un vague souvenir…

-le constat agricole

Entre 1988 et 2013, plus de la moitié des fermes françaises a disparu (soit plus de 500 000) . Cette dynamique se poursuit : entre 2013 et 2022, 161 000 chefs d’exploitation auront cessé leur activité, et seulement 71 000 personnes se seront installées.

Mais les espaces laissés par ces départs ne retourneront pas à la nature : ils sont repris par des exploitations agricoles existantes qui s’agrandissent, mécanisent et intensifient toujours plus leurs pratiques (drainages, engrais de synthèse, pesticides, plantes mutagènes, élevages concentrationnaires…) avec pour corollaire :

  • la destruction des habitats naturels,

  • la déstructuration des sols,

  • la pollution de l’air, de l’eau,

  • et des impacts sur la santé humaine.

La surface moyenne des exploitations a ainsi augmenté de 34 ha en 25 ans. C’est un constat inquiétant pour les paysans, toujours plus isolés, l’alimentation des populations locales mais aussi l’environnement (qui dit ferme plus grande et moins de main d’œuvre dit en générale augmentation de la mécanisation, des intrants).

-Le constat sociétal et institutionnel

La forte augmentation de la demande en produits issus d’agriculture locale et respectueuse de l’environnement n’est plus à démontrer. Les achats de produits bio ont été multipliés par 8 entre 1999 et 2017.

En revanche, la biodiversité sauvage, souvent affaire de spécialistes, est restée jusqu’à assez récemment la grande absente des débats environnementaux. Si les Français se sont pendant longtemps peu occupés de biodiversité sauvage, l’Observatoire national de la biodiversité nous indique, dans son rapport de 2018, qu’un quart d’entre eux jugent désormais que l’érosion de la biodiversité est un des problèmes environnementaux les plus préoccupants.

Chacun perçoit qu’il y a un lien entre la société consumériste, le réchauffement climatique, la perte de biodiversité, nos modes de consommation, la santé, l’agriculture, etc.

Par ailleurs, celles et ceux qui s’intéressent à l’évolution des territoires ruraux ne peuvent que constater la puissance des politiques agricoles successives au regard des politiques de protection de la biodiversité. Portées en haut lieu par l’industrie agro-alimentaire, elles sont relayées dans la plupart des organes décisionnels locaux par un petit nombre de personnes qui ne sont pas représentatives de la population française, malgré l’importance des choix, en matière d’agriculture, sur la santé et l’environnement de tous.

Si l’on ajoute à cela l’extrême complexité de l’administration agricole, tous les ingrédients sont réunis pour que les décisions soient opaques et inaccessibles aux citoyens. Et les politiques environnementales restent, toujours, la dernière roue de la charrette.

Les objectifs :

Le projet et l’association Paysans de nature viennent du lien entre ces 3 constats : le déclin de la biodiversité en zone agricole, l’enjeu de renouvellement de la population agricole et les attentes de la société.

La surface agricole représente plus de 50 % de la surface du territoire français, alors que la surface des aires protégées pour la nature n’est que de 1,37 % !

On voit donc que la gestion future des espaces agricoles est à la croisée de tous les enjeux de société actuels. Le renouvellement et le profil des paysans gestionnaires de nos territoires est le facteur clé de l’avenir de la biodiversité en zone rurale.

En d’autres termes, nous devons dépasser les outils actuels de protection de la nature, qui ont été efficaces pour quelques espèces et des espaces restreints, mais qui ont été insuffisants pour endiguer le désastre biologique auquel on assiste aujourd’hui.

Tel est l’objectif du projet Paysans de nature : multiplier les espaces dédiés à la conservation des espèces sauvages, en contribuant à installer des paysans et paysannes acteurs de la protection de la nature, en s’appuyant sur les politiques agricoles et environnementales existantes, avec une gouvernance territoriale, citoyenne, militante.

Le projet va au-delà des labels et certifications bio, dont les pratiques constituent cependant un socle indispensable. Et le projet ne se substitue pas au travail des structures dont l’installation paysanne est le métier.

Et chez nous...

Bien que nous ayons la chance de garder encore des paysages bocagers et que notre race bovine se porte bien, la Normandie n’est pas épargnée par ces constats. La situation reste précaire... par exemple, sur ARTE dans l’émission « invitation au voyage », on nous emmène en reportage dans la Hague sur les pas du peintre Jean François Millet et son thème de prédilection, le monde paysan. Les paysages sont magnifiques mais patatras, un paysan du cru témoigne au côté de ses vaches prim’Holstein écornées…

https://www.arte.tv/fr/videos/098995-096-A/invitation-au-voyage/

Notre agriculture reste trop sur un modèle intensif, productiviste à outrance avec les désordres de tout ordre que cela engendre.

Notre lente et timide conversion à l’agriculture bio démontre si besoin que nous ne sommes pas des précurseurs. Dans 5 ans, 50% des exploitants agricoles partiront à la retraite, il ne faut pas rater en Normandie le virage du « grand remplacement »

 

http://normandie.canalblog.com/archives/2021/05/02/38952052.html

Le « grand remplacement » normand doit se faire sur un mode « paysan » et non « exploitant ».

 Depuis le 5 mars 2021, le réseau « paysans de nature » est devenu une association nationale. Pour l’instant pas de représentation normande, nos paysans peuvent donc prendre leur place dans ce réseau.

 https://www.paysansdenature.fr/

 https://rcf.fr/actualite/devenons-tous-paysans-de-nature


Valorisation et protection du patrimoine naturel de la ruralité normande: le clos-masure cauchois en bonne voie d'être reconnu par l'UNESCO...

https://actu.fr/societe/seine-maritime-les-clos-masure-a-l-unesco-une-nouvelle-etape-franchie-pour-la-candidature_41964706.html

Le clos-masure, élément phare du paysage cauchois, sera-t-il un jour inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco ? C’est tout l’enjeu de la démarche portée par le Département de Seine-Maritime depuis maintenant neuf ans.

Après le grand inventaire réalisé ces dernières années, le processus a franchi une nouvelle étape en mai 2021, avec la remise d’un mémoire de soumission à la liste indicative des biens français, indispensable avant de pouvoir porter la candidature au niveau international avec le concours de l’État. Un événement marqué par la visite du président de la collectivité, Bertrand Bellanger, dans un de ces habitats ruraux typiques à Etaimpuis mardi 18 mai 2021.

Une reconnaissance et des retombées

Le clos-masure désigne un paysage et un habitat rural à l’identité unique, dont découle l’organisation des fermes traditionnelles cauchoises. Bordé par un talus de plusieurs rangées d’arbres hauts, il abrite une maison d’habitation et des dépendances au sein d’une cour herbeuse, comprenant un verger et un potager.

Outre la reconnaissance apportée au patrimoine cauchois, l’inscription au patrimoine mondiale permettrait de protéger les clos-masures, mis à mal par la modernisation de l’agriculture, l’urbanisation et l’évolution des modes de vie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. « Les bâtiments agricoles anciens se dégradent, les alignements d’arbres sur talus sont abattus, les mares sont comblées et disparaissent peu à peu, précise le Département. Les enjeux découlant de cette candidature sont multiples et importants en termes de biodiversité et d’environnement, mais également d’aménagements du territoire, d’économie, d’agriculture, en lien avec la vocation initiale des clos-masures. » Avec des retombées potentielles, notamment d’un point de vue touristique par la reconversion des corps de ferme vers le tourisme vert.

Pour cela, il faudra encore attendre. Les experts du comité national des biens français devraient rendre leurs conclusions sur le dossier du Département dans les prochains mois. « En cas d’issue favorable, le projet rentrera dans une nouvelle ère avec la définition précise du plan de gestion, de nouvelles missions d’inventaire, un élargissement à des partenariats internationaux et bien évidemment la rédaction du dossier de candidature », indique la collectivité. Le processus promet de durer encore quelques années.

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Commentaires
C
Les circuits courts, avenir de l'agriculture normande?<br /> <br /> <br /> <br /> https://www.ouest-france.fr/normandie/calvados/calvados-la-loi-egalim-booste-les-circuits-courts-8d687848-c21c-11eb-a1b7-65dd51ac411d
Répondre
A
Bon billet de la part de Barreau. Je m'en remercie. Mais je me permets de souligner ceci : "Bien que nous ayons la chance de garder encore des paysages bocagers". De moins en moins... Voyez le panopticon pavillonnaire qui arrache les haies et talus pour satisfaire les maires, les promoteurs immobiliers et tous les beaufs qui achètent ces infamies qui leur ressemblent tant... C'est la révolte des brutes contre la culture...
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