Communiqué des GEOGRAPHES UNIVERSITAIRES NORMANDS pour la REUNIFICATION

L'Etoile de Normandie a reçu le communiqué du collectif des 15 géographes universitaires normands (Caen Rouen et Le Havre) à découvrir ci-après:

Communiqué

Depuis plusieurs années, douze géographes, maintenant quinze, des universités de Caen, de Rouen et du Havre, se rencontrent régulièrement pour approfondir leurs analyses sur la position de la Normandie en France, en Europe et dans le Monde. Ils s'appuient sur une solide connaissance des lieux qu'ils étudient quotidiennement dans leurs recherches. Ils partagent une conviction simple: la Normandie doit être réunifiée. Les déclarations récentes du Premier ministre en fournissent l'occasion: elle doit être saisie.

Depuis Quarante ans la Normandie et ses habitants ont beaucoup trop souffert d'une division artificielle en deux petites régions. Toutes les crises qu'elle a subies, aussi bien en Haute qu'en Basse Normandie, ne peuvent être attribuées à cette seule division. Mais celle-ci a fortement compté, notamment dans le domaine des transports, de l'université, dans l'activité portuaire et surtout dans la recherche de nouveaux projets d'envergure. Entre le Nord, la Bretagne et Paris, la Normandie apparait maintenant comme une zone affaiblie de l'hexagone, alors que ses richesses, comme elles le furent longtemps, devraient être promues au plus haut niveau des exigences contemporaines: façade maritime, Axe Seine, relation avec Paris, agriculture et élevage, paysages, tourisme, histoire, patrimoine culturel... L'unification de la Haute et de la Basse Normandie doit devenir le support d'un grand projet rénovateur.

Les quinze géographes ont écrit un premier livre, La Normandie en débats (OREP 2010). Ils poursuivent leurs recherches en abordant la délicate question de la métropole régionale, source de beaucoup d'inutiles querelles et de divisions. Ils sont prêts à participer aux débats qui doivent s'ouvrir.

Un livre indispensable à lire !

Comments

[Collectif BEN]

@Michel Stevaert: merci beaucoup pour la qualité de votre contribution qui rejoint nos analyses. Nous déplorons comme vous que la réflexion géographique universitaire française qui existe sur la question régionale ne soit pas plus consultée par les instances politiques et, une fois encore, le cas normand pourra démontrer le contraire grâce à la mobilisation des géographes des universités normandes. L'approche est trop technocratique et trop économiste: on confond la carte et le territoire ! Le collectif Bienvenue en Normandie a diffusé un projet de découpage en 15 ensembles territoriaux régionaux cohérents de part la géo-histoire et le potentiel économique: nous avons diffusé cette carte auprès des services du Premier ministre ainsi qu'à l'Association des Régions de France où cette carte a été beaucoup appréciée semble-t-il... Vous pouvez la découvrir sur ce site. Merci encore pour ce message chaleureux depuis la Belgique !

[Michel]

De : Michel STEVAERT, Géographe, Liège, Belgique.

Je suis entièrement d'accord avec votre démarche, que dis-je votre combat, pour réunifier la Normandie.

Mais autant le cas normand paraît évident, autant les fusions qui sont impulsées par Mr. Manuel Valls me paraissent risquées si elles ne sont pas le fruit d'une fine réflexion scientifique.

Ce qui m'a toujours intrigué en France, pays bien moins dense que le mien, ce sont les grosses divergences de population et de densité d'un terroir à l'autre. A côté de régions surpeuplées comme le Nord-Pas-de-Calais ou l'Ile-de-France, on trouve des régions à densités très faibles (comme le Limousin) et, plus étonnant encore : des départements quasiment vides (ainsi de la Lozère qui ne compte pas plus d'habitants que la mini-région germanophone de Belgique).

Certains démographes ont remis en cause l'existence de "la diagonale du vide",en particulier en Midi-Pyrénées. Pour l'avoir expérimenté sur le terrain, en Meuse, je persiste à croire qu'elle existe encore, des Ardennes à au moins le nord de Midi-Pyrénées, avec même une ramification allant du Cantal aux hautes Alpes.

Mais je reviens AU COEUR de mon intervention : je ne crois pas à la création de régions trop grandes. La Normandie aurait la bonne dimension même si, d'après ce que j'ai lu, tout n'est pas règlé ne serait-ce qu'en matière de ville-capitale idéale.



Mais surtout, à l'aune de l'exemple Wallon (ma région), soit le cas belge qu'il ne faut surtout pas imiter (chevauchement de communautés sur base ethnique et de régions sur base géographique + choix d'une capitale centrale(Namur) afin de ménager les susceptibilités des deux provinces les plus peuplées et possédant les deux grandes villes (Liège & Charleroi), soit une capitale déjà saturée etc...)



Même dans une région aussi limitée que la Wallonie (moins de 20.000 km² / 3,5 millions d'habitants), on parvient à avoir une province ,si pas enclavée, sous-peuplée, sous-animée économiquement (le Luxembourg, et ce, malgré la proximité de la France et du Grand-Duché). Pire : on a même une zone en quasi-déréliction économique (bien qu'elle ne dépasse pas les taux de chômages de certaines banlieues urbaines de Liège ou du Hainaut) : j'ai cité la haute Meuse(soit le sud-est de la province du Hainaut, le sud de la Province de Namur et le sud-ouest de la province de Luxembourg).



Je suis persuadé que, en Normandie aussi, vous devez avoir des zones similaires, excentrées, et dont le taux de chômage ou d'emploi, ne dépassant pas certains bassins (ex-)industriels n'est pas le paramètre le plus inquiétant, mais bien le vieillissement de la population, du bâti, l'état de morbidité etc...



Selon moi, seule une région à taille humaine (la Wallonie, la Normandie) peut espérer ne pas "oublier" de tels terroirs.



In fine, je crains qu'une fusion précipitée de certaines régions françaises ne rejettent plus que jamais certains terroirs, voire des départements entiers, hors des axes de développement.



En vous priant de m'excuser d'avoir été aussi long,



mes meilleurs encouragements , oserais-je : "Vive la normandie !"





bien cordialement (géographiquement) vôtre



MIchel Stevaert,