NORMANDIE: ETAT D'URGENCE MEDICALE
La Normandie est réunifiée. Bien. L'Agence régionale de la Santé a désormais son siège à Caen. Très bien.
Mais que le siège de l'ARS soit à Caen ou à Rouen importe peu: la Normandie sortie du coma de la division se réveille dans un état d'urgence médicale sévère! Et pas sûr que la politique de l'Agence Régionale de la Santé jusque là poursuivie en Basse-Normandie (puisque la titulaire ex-bas normande est désormais celle qui préside à toute la Normandie) nous aidera à retrouver la santé!
Regroupements et suppression des petits hôpitaux ou maternités de proximité par ici, désert médical rural en matière de médecine spécialisée par là... Avec une image régionale de la Normandie qui n'est pas celle de la côte d'Azur (entre nous... tant mieux!) et une attractivité métropolitaine qui reste insuffisante pour retenir en Normandie l'ambition des étudiants normands en médecine: ça commence à faire beaucoup et c'est une reconstruction de la Normandie médicale qu'il faut entreprendre puisque ces trente ou quarante dernière années, rien ou presque n'a été fait (sauf depuis les années 2000: nouvelle faculté de pharmacie et de médecine à Caen, reconstruction du CHU, déploiement d'un réseau de maisons médicales rurales, nouvel hôpital d'Evreux etc...)
Le futur rôle du "G6 Normand" (coopération CR + CG14; 61; 50; 27; 76) sera déterminant en la matière avec, au conseil régional de Normandie, le vice-président sénateur de Bernay, Hervé Maurey qui est considéré comme l'un des meilleurs connaisseurs de cette question essentielle de l'aménagement médical du territoire.
Le problème majeur étant le manque de médecins, notamment spécialistes, en Normandie et particulièrement dans la Normandie rurale qui n'est pas si enclavée que cela en terme d'accès de services de base, une récente étude de l'INSEE le démontre (voir ici même un billet sur le sujet). Le problème réside plutôt dans l'absence des services métropolitains rares en milieu rural que peuvent rechercher les médecins notamment pour le conjoint et les enfants d'une famille niveau "cadre" même si le rapport qualité/ prix de la vie quotidienne en Normandie peut être très enviable à ce que l'on peut trouver dans une grande métropole (par exemple, le prix du m²).
Le "bovarysme" sévirait donc encore en Normandie...
Le conjoint ou la conjointe du professionnel de santé ne doit pas ... s'emmerder au fin fond de la campagne normande (bien au contraire!)
Si rien n'est fait pour faire connaître et apprécier la Normandie aux Normands, inutile alors d'exiger des jeunes médecins qu'ils demeurent ici pour faire une carrière professionnelle en Normandie combinée à une vie épanouie... si personne ne leur parle positivement de notre belle région!
En attendant que les docteurs se décident, les patients normands... patientent au point que certains en viendraient à limiter la sacro-sainte liberté d'installation du jeune médecin.
- Lire ce rapide bilan de la situation médicale normande dans la dernière parution de la Chronique de Normandie (18/01/16):
- Concrètement, l'ARS continue de "rationnaliser" ou de "restructurer" l'offre hospitalière de proximité en Normandie au point qu'on s'interroge sur cette notion de "proximité" (combien de kilomètres pour l'aire de service d'un hôpital? Combien d'habitants à desservir? Combien d'actes médicaux minimum par an pour assurer la sécurité?). La géographie urbaine normande est pourtant proche de l'idéal en terme d'aménagement du territoire: une ville de 10000 habitants tous les 25/30 km. Dans chacune de ces villes, on devrait trouver un hôpital et une maternité de proximité. Cette mode managériale du "cost killing" consistant à vouloir tout regrouper dans des "pôles" dit de "proximité" devient vraiment lassante!
C'était la politique désastreuse de la ci-devant ARS de Basse-Normandie: il faut craindre qu'elle ne soit généralisée à toute la Normandie. A moins que le nouveau conseil régional de Normandie ne s'y oppose!
- Les élus du Pays d'Ouche (Eure) se révoltent contre l'avancée du désert médical quitte à recruter un généraliste... roumain:
- Voir, enfin, le cas du regroupement des hôpitaux de Granville-Avranches avec, à terme, la fermeture définitive de l'hôpital de Granville: