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L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
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28 juillet 2016

Les Normands rendent hommage au Père Jacques HAMEL: MESSAGE du PRIMAT de NORMANDIE

Ce jeudi 28 juillet 2016 avait lieu une cérémonie publique laïque officielle en plein air organisée par la municipalité de Saint Etienne du Rouvray pour rendre un dernier hommage à la mémoire du père Jacques Hamel qui était la bonté et la discrétion même... à laquelle sont venus tous les représentants des cultes de l'agglomération rouennaise dont Mgr Dominique Lebrun, archevêque et "primat de Normandie" ainsi que des personnalités politiques normandes, à commencer par Hervé Morin, le président de la région mais aussi Laurent Fabius, président du conseil constitutionnel et ancien député de la Seine maritime et président de la métropole de Rouen.

Les interventions de Mgr Lebrun et du maire de St Etienne du Rouvray, Hubert Wulfranc, ont marqué les esprits.

http://www.paris-normandie.fr/actualites/en-images/saint-etienne-du-rouvray-l-hommage-de-toute-une-ville-au-pere-hamel-CD6445675

Attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray. « L’émotion intense ne se tarira pas, ni ici ni ailleurs », lance Hubert Wulfranc

ROUEN (NORMANDIE). « L’émotion intense en réaction à cet acte ignoble ne se tarira pas, ni ici ni ailleurs ». C’est par ces mots que le maire de Saint-Étienne-du-Rouvray, Hubert Wulfranc, a débuté l’hommage rendu ce jeudi soir au père Jacques Hamel, tué mardi matin en l’église Saint-Etienne, dans la commune de la périphérie de Rouen, par deux jeunes terroristes de 19 ans, dont un est enfant de Saint-Étienne-du-Rouvray.

Dans son intervention, Huberet Wulfranc, ému, a appelé chacun à « la responsabilité collective » à quelques semaines de la rentrée scolaire. « J’exhorte tous les adultes à s’y préparer dans la réflexion », a lancé le maire de Saint-Étienne-du-Rouvray qui parle de « l’égarement, puis la déshumanisation de quelques enfants ici et ailleurs ».

Le discours d’Hubert Wulfranc:

« Seul un profond silence ne peut qu’accompagner ces moments. Mais ce silence est assourdissant de ce qui, seul, survit. La parole, couchée sur nos registres, les témoignages murmurés dans nos rues, sur nos places et, ainsi, Jacques Hamel est là. Avec les Stéphanais, ici. Et leurs paroles, leurs actes vont encore chercher à se conjuguer autour de la conviction de devoir dire et faire ce qui est bon et bienveillant pour l’autre. En fraternité.

L’hommage à la mémoire de Jacques Hamel, le seul me dit sa famille, éprouvée, ce matin même, et que nous devons retenir, nous vivants, c’est l’impérieuse nécessité de dire et de faire ce qui est bon et bienveillant pour l’autre. En fraternité.

L’état de droit, que notre peuple citoyen s’est donné, est l’outil de notre République. Cet état de droit est un état des devoirs que chacun d’entre nous doit veiller à respecter.

Je veux à cet instant vous emmener vers les semaines d’après. Celles que nous allons vivre dans la confusion des sentiments et des idées. Très bientôt, nos enfants vont rentrer à l’école. C’est de notre responsabilité collective que, dans ce contexte, nous nous assignons, ensemble, le devoir de fraternité. Avec l’épreuve que nous traversons, cette étape de la rentrée scolaire de nos enfants est cruciale, et concrète, pour nous reconstruire, ensemble, dans notre quotidien.

J’exhorte tous les adultes à s’y préparer dans la réflexion. Nos enfants vont entrer dans leur nouveau cycle d’éducation, de culture, de citoyenneté. Seuls des paroles et des actes de paix, au quotidien, dans nos rues, sur nos places, aideront à la sérénité et à la cohésion des familles d’ici et de partout ailleurs. Et éclaireront le sens de notre devise républicaine que nos enfants vont devoir s’approprier et respecter.

C’est la lettre de mission que je nous donne. Je crois, j’ai l’intime conviction, qu’elle serait celle permettant de lutter contre l’égarement, puis la déshumanisation de quelques enfants, ici et ailleurs.

Je tiens à vous remercier, toutes et tous, à remercier tous ceux qui entourent et apaisent les Stéphanais.

Nous sommes au travail, Jacques Hamel, aussi longtemps qu’il le faudra pour être les derniers à pleurer ».

Obsèques mardi

L’hommage au père Jacques Hamel, tué mardi matin, se déroule actuellement au stade Gagarine. De très nombreux habitants de la région sont présents, ainsi que de nombreux élus normands, Laurent Fabius, le président du Conseil constitutionnel, et Estelle Grelier, secrétaire d’État aux Collectivités locales au nom du gouvernement.

Après le maire de Saint-Étienne-du-Rouvray, c’est Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, qui a pris la parole pour rendre hommage au père Hamel, dont les obsèques auront lieu mardi à 14 h à la cathédrale de Rouen. L’inhumation aura lieu dans la plus stricte intimité familiale.

Le diocèse organisera une « veillée de prière » samedi soir, dans une autre église de Saint-Étienne-du-Rouvray.

L’église Saint-Etienne, où le père Hamel a été tué, sera rouverte « dans quelques semaines », a précisé le diocèse, ajoutant qu’un « rite pénitentiel de réparation sera accompli afin de rendre au culte l’église profanée ».


 

Commentaire de Florestan:

Jacques Hamel est mort en martyr. Des temps durs sont de nouveau de retour en France: des temps où l'on peut à nouveau perdre la vie pour une idée.

Voir aussi l'hommage des Normands:

http://www.paris-normandie.fr/region/l-hommage-des-normands-DF6447746


 

Lire ci-après l'intégralité du message de Monseigneur Dominique LEBRUN, archevêque de Rouen, primat de Normandie:

Monsieur le Maire,

Vous avez souhaité cet hommage au Père Jacques Hamel. Vous saviez combien il aimait la ville qu’il habitait, son église, ses habitants. Au nom de la communauté catholique particulièrement secouée, je vous en remercie. Je remercie votre conseil municipal qui vous entoure de si près en ces jours.

Je crois aussi pouvoir me faire l’interprète de la famille du Père Jacques Hamel, des autres victimes, des religieuses de Saint-Vincent-de-Paul et des deux paroissiens, tous blessés, choqués.

Mon cœur de chrétien se réjouit de voir la réponse des citoyens à votre appel. Au-delà des croyances, des religions, des origines, des responsabilités dans la société, nous sommes unis. Chers amis, votre présence touche la communauté catholique. A chacune, à chacun de vous, merci du fond du cœur.

Pourquoi sommes-nous ici ? A cause de la mort d’un homme ? A cause de la folie meurtrière de deux hommes ? En tous les cas à cause de notre refus de ce qui est tout simplement « pas possible » !

Vous le savez, les croyants crient vers Dieu : Pourquoi ? Pourquoi laisses-tu le mal envahir, submerger des cœurs humains au point de les transformer en monstres barbares ? Je pense que les non-croyants s’unissent à notre cri, un cri qui devient silence -vous venez de le dire-, incapacité à prononcer des mots.

Merci, Monsieur le Maire, pour cet hommage à l’homme Jacques Hamel, merci pour vos paroles justes. Permettez à l’évêque de dire maintenant ce que représente le prêtre Jacques Hamel.

Le Père Jacques Hamel est mort « en habit de prêtres », me disait l’une de ses sœurs hier. Il est mort en célébrant la messe avec un homme et une femme mariés, et trois religieuses. Que faisait-il de mal ? Rien. Il accomplissait ce que, prêtre, nous aimons faire, modestement, de manière cachée : proclamer la mort de Jésus pour annoncer sa résurrection c’est-à-dire sa victoire sur la mort, sur le péché. Cela se fait à chaque messe. Nous le faisons avec un peu de pain, un peu de vin, symbole du partage et de la joie pour tous. Pour nous, catholiques, c’est plus qu’un symbole. C’est le geste même de Jésus, la veille de sa mort, alors qu’il se savait condamné. Jésus voulait déjà donner sa vie par amour, être présent, accompagner l’histoire du monde qui se débat contre le mal, devenir nourriture pour notre vie. Il voulait que nous refassions son geste pour que l’amour envahisse le monde, doucement mais sûrement.

Une messe avec cinq personnes ou avec des centaines de milliers de jeunes comme cela se passe à Cracovie – nous venons d’entendre l’hymne des JMJ – a la même valeur, le même sens : dire que l’amour est le véritable avenir de l’humanité, pas la haine. Par sa mort, Jésus, l’innocent par excellence, a donné sa vie par amour. La mort du Père Jacques ressemble à celle de Jésus. Comme la mort de tous les martyrs de la vérité, de la justice, de la paix, de la foi.

Saurons-nous prendre ce chemin ? Saurons-nous donner un sens à notre vie qui traverse la mort, et refuser la haine ?

Le Père Jacques est prêtre. Il n’a jamais cherché les honneurs. Il ne voulait pas être mis en avant, juste rencontrer des hommes, des femmes, des enfants pour les accompagner au nom de Jésus dans leur vie humaine et spirituelle. Combien parmi vous peuvent témoigner du baptême de leur enfant, de leur mariage, d’un deuil accompagné par le Père Jacques ?

Le Père Jacques ne revendiquait pas sa qualité de prêtre comme un privilège. Il demeurait un citoyen parmi les autres citoyens. Il participait à la vie commune, dans la confiance, tissant des liens d’amitié. Ces liens humains formaient le terreau pour des rencontres qui élèvent l’âme.

Saurons-nous prendre le chemin de l’amitié ? Saurons-nous nous élever les uns les autres ? Saurons-nous, ces jours-ci ou dans les semaines qui viennent, avoir des conversations qui élèvent l’âme ?

Le Père Jacques est prêtre. Il voulait servir jusqu’au bout. Quand je l’ai visité pour faire connaissance, je lui ai demandé : quelle sera la prochaine étape de ta vie ? Il m’a répondu avec un large sourire que vous connaissez : « tant que je peux ...»

Notre présence est un engagement, un engagement à servir la société. Nous pouvons avoir des idées différentes, une foi différente, des cultures différentes. Cela ne doit pas déclencher une guerre ni dans nos cœurs, ni dans les églises, ni dans les mosquées, ni dans les synagogues, ni dans les temples, ni dans les mairies, ni dans les rues, ni sur les places, ni au Moyen-Orient. Mettons nos idées, nos talents, nos différences au service de la communauté humaine.

Au fond, nous en témoignons cet après-midi, ce qui nous est commun est plus important que ce qui peut nous diviser. Ce qui nous est commun, c’est notre dignité de personne humaine, si précieuse et si fragile ! Peut-être fragile, parce que si précieuse... C’est cela que nous avons à servir. La dignité de la personne humaine, la dignité de la communauté humaine !

Dans l’histoire de l’humanité, les 10 commandements, dont la Bible raconte qu’ils ont été donnés par Dieu à Moïse, marquent une étape décisive pour la reconnaissance de la dignité humaine. Ne faudrait-il pas en faire à nouveau, ou simplement le dire car nous le savons, un socle pour notre vie commune, pour l’éducation, pour un véritable projet social ? Faut-il rappeler ces paroles communes aux traditions religieuses juives, musulmanes et chrétiennes ?

Permettez-moi :

Tu adoreras Dieu seul

Tu respecteras le nom de Dieu

Tu respecteras le jour consacré au Seigneur

Tu honoreras ton père et ta mère

Tu ne tueras pas

Tu ne commettras pas d’adultère

Tu ne voleras pas

Tu ne mentiras pas

Tu ne désireras pas la femme de ton prochain

Tu ne désireras pas le bien d’autrui.

La liberté, l’égalité et la fraternité, trouvent en ces commandements une source, une base. En fait, ils sont inscrits dans le cœur de l’homme croyant. Ils sont aussi, j’en suis sûr, dans le cœur de celui qui s’interroge sur l’existence de Dieu.

Les non-croyants rendent un grand service aux croyants. Ils rappellent que Dieu nous dépasse, que Dieu ne peut être capturé par un groupe pour un quelconque pouvoir sur les autres, que Dieu est encore à chercher même par ceux qui pensent l’avoir trouvé, mais qui trop souvent déforment son image.

Adorer Dieu, c’est refuser de s’en servir pour tuer, pour voler, pour mentir, pour tricher. Tuer l’innocent est un blasphème contre Dieu ! Le seul pouvoir que Dieu délègue au croyant est celui de croire dans le pardon, de croire dans la miséricorde infinie de Dieu. Les chrétiens dans la seule prière que Jésus leur a apprise disent à Dieu le Père : « Pardonne-nous comme nous pardonnons » !

Ce soir, nous honorons le Père Jacques Hamel, 85 ans, bientôt 86. En lui, je crois que Saint-Etienne du Rouvray « honore son père et sa mère », celui qui était une silhouette, une figure, comme vous me l’avez dit Monsieur le Maire, paternelle, un guide ; celui aussi qui savait aimer avec tendresse comme une mère aime ses enfants.

Liberté, égalité, fraternité

Chers amis,

Soyons vraiment libres : débarrassons-nous de la vengeance, de la haine qui fait de nous des esclaves de nos passions, et non des hommes libres !

Soyons vraiment égaux : rejetons les soifs de pouvoir, ayons comme seule ambition de rendre service aux autres, d’être bienveillant, chacun à notre place, sans rechercher les honneurs !

Soyons vraiment frères : rejetons tout racisme, toute xénophobie, toute injure envers le voisin, le lointain aussi ! Reconnaissons que nous sommes de la même famille, la même famille humaine qui n’a qu’un seul cœur, une seule âme, une seule espérance, le bonheur de tous.

M. le Président du Conseil constitutionnel, Madame la Ministre représentant le gouvernement, Monsieur le Président de la Région, Mesdames et messieurs les élus de la nation, parlementaires, Mesdames et messieurs les élus de nos villes et de nos communes, Madame et messieurs les représentants des cultes, merci de nous aider, merci de nous aider les uns les autres à être vraiment libres, vraiment égaux, vraiment frères.

Chers amis, permettez-moi d’ajouter, chers frères et sœurs, cherchons tous à l’être. Et, si vous le voulez bien, cherchons le Père des cieux, avec l’aide du Père Jacques Hamel qui est avec Dieu, son Père et notre Père !

Que vivent en paix la France, l’Europe et le monde !


 

Commentaire de Florestan:

Les Normands croyants ou non qui seraient, hélas, tentés de s'éloigner de ces paroles prendraient le risque d'un nouveau blasphème... Pis! Ils seraient les meilleurs idiots utiles des fanatiques du pseudo "Etat islamique"!

 

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Commentaires
H
Le Père Jacques HAMEL ,Thomas BECKET, normands, tous deux pas pour les mêmes raisons, assassinés pendant la messe,devant leur autel.
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