Malhonnêteté intellectuelle: l'idée régionale comme ça leur arrange! Mais heureusement qu'il y a l'exception normande!

Après un cycle d'articles explorant de façon plutôt approfondie l'épineuse question régionale bretonne, Ouest-France a décidé de conclure en ayant recours à l'argument d'autorité morale pour se rassurer mais, aussi et surtout, pour... culpabiliser les braves gens!

Attention! L'identité régionale fondée sur l'Histoire, c'est pas bien!

Et on entend cet écho expiatoire qui se poursuit jusqu'au niveau national:

"Il faut déconstruire l'histoire de France" ( Emmanuel Macron, en anglais sur CBS...)

On répondra à ces flagellants bien pensants avec Christopher Lasch, le célèbre sociologue américain des années 1970 qui avait pensé le séparatisme idéologique des élites politico-médiatiques occidentales:

"Le déracinement déracine tout sauf le besoin d'enracinement."

Et c'est précisément lorsqu'un clergé intellectuel médiatique et politique arrogant nous fait en permanence la leçon sur l'identité que cette dernière peut devenir identitaire pour exprimer une frustration, un ressentiment, une colère chez certains, toujours minoritaires...

Les Pays-de-la-Loire n'est pas une région historique mais est-ce vraiment une région... sans histoire?

A Nantes, il y a deux châteaux à visiter...

Celui-ci:

Et... celui-là!

On n'osera pas vous demander lequel a votre préférence...

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https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/pays-de-la-loire-construction-des-regions-des-identites-historiques-souvent-fantasmees-br-65ac0bca-a8d7-11eb-a2f9-f7b5d2c81d6b

Pays de la Loire. Construction des régions : des identités historiques « souvent fantasmées »

L’absence de long passé commun en Pays de la Loire n’empêche pas la région d’exister, pensent deux chercheurs. Les racines historiques semblent même parfois « illusoires », « fantasmées » et « survalorisées » aux yeux d’Hervé Le Bras et Arnauld Leclerc.

Hervé Le Bras, démographe et historien à l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales) et l’Ined (Institut national d’études démographiques), et Arnauld Leclerc, politologue à l’université de Nantes, évoquent pour nous la question de l’histoire et de la taille critique dans la constitution des régions.

Faut-il une longue histoire commune, que ne possèdent pas les Pays de la Loire, pour faire une région ?

Hervé Le Bras. C’est inutile et ce peut être dangereux. Les références aux racines sont souvent illusoires ou fantasmées. Elles sont en général construites à partir de choix très particuliers et orientés, à partir d’un immense passé tumultueux. On sélectionne des fragments de l’histoire. La Bretagne a connu des mouvements dans tous les sens, et a été éclatée le plus souvent en territoires rivaux qui gardent jusqu’à aujourd’hui des identités culturelles distinctes, la Cornouaille, le Poher, le Trégorrois. La question de la langue est aussi posée avec la séparation en pays gallo et bretonnant. Nantes n’a pas été très longtemps une capitale de la Bretagne non plus.

Lire aussi:

Pays de la Loire, région « bidon » ? Pour eux, pas vraiment

Pays de la Loire. La construction des régions a écarté les provinces

L’imposition d’une homogénéité culturelle est non seulement une fiction, mais un danger. Dans Race, nation, classe : les identités ambiguës [éd. La Découverte, 1988], le philosophe Étienne Balibar a bien montré les impasses auxquelles mène le monolithisme culturel ou social. Une région doit être ouverte aux nouveaux arrivants qui apportent des compétences, d’autres manières de voir et qui ne tiennent pas à être enfermés dans une culture, même s’ils y sont sensibles, ce qui est le cas général. Autrement dit : de la culture, soit, mais avec modération et liberté

Arnauld Leclerc. Les découpages administratifs, aujourd’hui, sont très largement déconnectés des identités historiques construites, partout en France.

Même si on peut dire que le rapprochement des deux Normandie fabrique une entité qui a existé historiquement. À l’inverse de l’Alsace et de la Lorraine, qui ne correspond pas à une identité.

De ce point de vue, je suis prudent parce qu’on survalorise l’identité bretonne, en oubliant qu’elle a été largement reconstruite au cours des XIX^e et XX^e siècles. Il y avait plutôt deux Bretagne. Une maritime, centrée autour de Brest. Et les marches, comme on disait dans l’Ancien Régime, c’est-à-dire la zone tampon avec le royaume de France, la région de Rennes. Rappelons qu’il y avait deux langues. Cette unité s’est faite mais elle est en partie fantasmée, en partie survalorisée en tout cas.

Lire aussi. La Bretagne à cinq départements ? « Une revendication à caractère identitaire »

La taille, la démographie, c’est important pour peser au niveau européen ?

Hervé Le Bras. Non. En Allemagne, la taille des régions va de 500 000 habitants à 21 millions. Est-ce que les grandes sont plus riches que les petites ? Aucune corrélation. Est-ce qu’au cours des dix dernières années, le progrès a été plus rapide chez les plus grandes ? Aucune corrélation. Ce sont des arguments locaux de cohérence qui jouent. La Sarre est une petite région mais cohérente. La Bavière est une très grosse région mais tout à fait cohérente. Le land de Hambourg, une ville et un petit territoire autour, est l’une des régions européennes les plus performantes. Les Français ont souvent cette idée, qu’ils ont héritée de l’époque où la France était pratiquement le pays le plus peuplé d’Europe, c’est que c’est le nombre qui fait la force. Non, c’est l’organisation qui fait la force.

Arnauld Leclerc. Le plus important, c’est autre chose : avoir des instances administratives et politiques lourdes et qui jouent un rôle majeur dans le développement, c’est-à-dire des compétences amples et des budgets importants. Du coup, on peut mener un projet économique, de développement culturel, politique, etc., à l’échelle d’un grand ensemble qui pèse. L’enjeu n’est pas la taille, au sens du nombre de la population et de kilomètres carrés, c’est le poids financier et le poids en termes de compétences. Quand on parle de régions allemandes puissantes, il faut comprendre qu’elles ont des pouvoirs gigantesques et des budgets énormes.

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 Commentaire de Florestan:

Bel exemple de malhonneteté intellectuelle consistant à ne garder d'une réalité que ce qui nous agrée tout en rejetant le reste...

Pour définir une vraie région il faut du quantitatif et du qualitatif. Il faut le fond et la forme, le passé et l'avenir, le rationnel et l'émotionnel, la géographie fonctionnelle et la géographie humaine cette dernière étant le substrat de la première.

Pour le dire d'un mot:

Il faut harmoniser sur un même territoire la région de la Raison avec la province de Coeur et la la solution la plus simple sinon la plus évidente c'est de faire coincider les régions administratives et institutionnelles d'aujourd'hui avec la géo-histoire séculaire des provinces.

Et c'est le bonheur de la Normandie et d'être Normande et Normand en Normandie depuis 2015!

Comments

[Luc]

Pas plus tard que ce matin, j'envoyai ceci à quelques personnes choisies (qui se reconnaîtront) :



" La Normandie n’est ni une province ni un assemblage de départements. C’est une Nation." Eugène Gigault de La Bedollière



PS : Vous n'aimez pas le 2e "château" de Nantes ? Ah, bon ? Il y a pourtant un petit côté glamour



https://cordis.europa.eu/article/id/421848-hiroshima-and-nagasaki-at-75-how-do-europeans-feel-about-nuclear-weapons/fr