Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
Visiteurs
Depuis la création 4 674 263
Archives
31 octobre 2013

REGIONALISME ou POPULISME TERRITORIAL?

Décidemment, le "populisme" est mis à toutes les sauces par les experts, les savants docteurs qui se penchent sur la maladie française... Mais s'en prendre au "populisme", cette saine colère du peuple contre le "système" qui ne tourne plus rond, ou varier le thème sur tous les tons, ne serait-ce pas la tentation d'un médecin qui s'en prend au thermomètre pour faire baisser la fièvre ou qui confond le symptôme avec la maladie?

Voilà qu'à l'occasion des excès d'une certaine colère bretonne bien encadrée, il faut le dire, par un lobby agro-industriel aux abois, un bel esprit nous sort un nouveau concept: le "populisme territorial"...

 

La "réunification de la Normandie" vue par Chaunu...

 

Monsieur Davezies, militer pour l'unité normande est-ce du populisme territorial ou le meilleur moyen de l'éviter?

 

Albert CAMUS disait: "mal nommer les choses, c'est contribuer au malheur du monde".

 

Nous ne pouvons pas accepter ici  le fait de réduire la question régionale française à une manifestation de "populisme territorial": Laurent DAVEZIES pense que seul l'Etat central aurait l'autorité de refaire ce qu'il a pourtant laissé se défaire, avec la même autorité. Au contraire, nous pensons ici qu'une France refondée sur le principe de solidarité des territoires avec 17 ou 18 vraies régions nous permettrait de sortir de la crise de "populisme territorial" actuelle.

 

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Lire ci-après les propos de Laurent Davezies dans un entretien accordé ce 31 octobre 2013 au Monde:

ENTRETIEN

 

Ce que la crise bretonne révèle des fractures territoriales françaises

 

L'économiste Laurent Davezies s'alarme de la montée d'un " populisme territorial "

LES " TERREAUX D'ANGOISSE ", FAVORABLES AU FN

Pour l'économiste Laurent Davezies, " il faut s'inquiéter des causes ade la progression du vote FN ". " Le géographe Christophe Guilluy a raison quand il se préoccupe des territoires périphériques. Les territoires dont il parle, qui abritent les "petits Blancs" partis habiter à 30 kilomètres des centres-villes sont des terreaux d'angoisse. Ces électeurs, oubliés des discours politiques, sont en train de se rappeler à nous, d'autant plus qu'ils occupent les jobs les plus vulnérables.

 

Mais selon moi, c'est plutôt 20 % seulement de la population qui vit dans des territoires à la situation très difficile, et pas 60 % comme le dit Christophe Guilluy. Pour ces territoires, il faut savoir produire du discours politique. Quand il y a une offre politique de personnalités de stature nationale, comme à Meaux (Seine-et-Marne) ou en Seine-Saint-Denis, il est possible de canaliser la montée du FN. Ces territoires ont besoin d'être pris en considération ", explique le chercheur

 

Economiste et urbaniste au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), Laurent Davezies relativise la crise bretonne et s'inquiète de la montée du " populisme territorial ".

On parle beaucoup, en ce moment, de la crise du modèle breton, mais vous pensez qu'il faut la relativiser. Pourquoi ?

Il n'y a pas un modèle breton : il y a une crise d'une partie seulement de la Bretagne. La région s'en sort mieux que beaucoup d'autres. Il y a une fracture en Bretagne entre des territoires qui marchent bien comme Rennes, Saint-Malo ou Vitré, et d'autres dans les Côtes-d'Armor ou le centre du Finistère qui souffrent.

Comment expliquez-vous alors la focalisation des dernières semaines sur la crise bretonne ?

 Cela s'explique par deux choses. La capacité de réaction des Bretons est évidente : ils ont toujours été des pilotes en pratique de mobilisation collective en faveur du développement local. Par ailleurs, ils ont toujours eu des vrais problèmes de relation avec Paris et ont toujours négocié brutalement. La Bretagne se vit comme un territoire défavorisé par son enclavement. L'écotaxe accentuait encore ce sentiment, d'autant plus qu'elle est très discutable. Pour les paysans bretons, il n'y a pas de substitution possible du transport routier avec le fer ou le fluvial, qui ne sont pas faits pour transporter rapidement les produits agroalimentaires ou industriels.

 La deuxième raison est que l'Ouest français est le trophée de la gauche moderne, humaniste et pragmatique. Il y a encore vingt ans, ces territoires étaient à droite, puis ils ont basculé. Alors que les fédérations socialistes de régions historiques de la gauche comme le Pas-de-Calais ou des Bouches-du-Rhône sont en pleine crise, les résultats étonnants obtenus par les socialistes dans les régions de l'Ouest sont symboliquement et politiquement très importants. La gauche ne peut pas perdre ces territoires, ce qui explique l'attention du gouvernement, bien plus selon moi que le prétendu lobby breton.

 Quels sont les territoires qui ont le plus pâti de la crise ?

 La France a perdu 450 000 emplois lors de la crise de 2008-2009 et n'en avait reconstitué que la moitié à fin 2012. Les territoires les plus frappés se trouvent dans un grand cercle qui prend tout le nord-est français et englobe le Centre, la Franche-Comté, la Bourgogne, la Picardie, la Haute-Normandie et même le Limousin. Seule exception dans cette zone : l'Ile-de-France.

 Le reste de la France, de l'Ouest au Sud jusqu'en Rhône-Alpes, a connu une situation nettement moins tendue, certaines zones ont même gagné des emplois. Les grandes villes, comme Lyon, Nantes, Bordeaux ou Toulouse, ont mieux résisté que toutes les zones urbaines au nord d'une ligne entre Cherbourg et Genève. Cette résistance s'explique pour deux raisons. Ces territoires continuent à attirer et une démographie positive crée mécaniquement de l'emploi. Ils sont aussi bien meilleurs dans les activités comme l'informatique ou les services supérieurs.

 Quelles fractures territoriales ont été révélées par la crise ?

 Contrairement à une idée répandue, il faut rappeler que les inégalités territoriales n'avaient pas cessé de décroître entre les années 1960 à 2000. Or, la crise vient rompre cette tendance : il se crée une nouvelle fracture territoriale et c'est plutôt inquiétant. Inquiétude légitime, mais follement alimentée par les médias qui soufflent sur les braises.

 Or cette exagération conduit à une double tendance. Un populisme territorial infondé est en train de monter. La France profonde s'estime lésée par rapport aux métropoles et les rivalités inter-territoriales s'expriment de plus en plus ouvertement, notamment dans cet épisode breton. Tout cela est un déni de réalité : notre système territorial est fondé sur la solidarité. Beaucoup de territoires n'existeraient plus s'il n'y avait pas de solidarité nationale. Les métropoles, et l'Ile-de-France en premier, font fonctionner le reste du territoire depuis vingt ans au travers de transferts fiscaux et sociaux massifs.

 Quelles sont les marges de manoeuvre du pouvoir pour corriger ces fractures ?

 La politique, c'est d'abord des mots, du sens. Il faut expliquer que l'Ile-de-France et les métropoles génèrent beaucoup plus de prélèvements qu'elles ne reçoivent de prestations publiques et sociales. La concentration des centres de production est efficace pour l'économie et finance notre pacte social. Nos territoires ne sont pas des petites nations en compétition, ils sont totalement complémentaires.

 Sur le reste, les actes, il est nécessaire de libérer la mobilité résidentielle, en supprimant des freins comme les droits de mutation, les modalités d'attribution des HLM et les difficultés d'accès au logement dans les espaces dynamiques. Le mode de financement du logement doit être revu, l'Etat doit cesser de financer le logement dans les territoires qui mettent leurs habitants en difficulté pour mettre le " paquet " sur ceux qui leur offre un avenir. Idem sur la mobilité pour la formation des jeunes. Ce qui suppose d'avoir le courage politique de dire que certains territoires sont mal partis et d'autres beaucoup mieux.

 

Propos recueillis par Jean-Baptiste Chastand

 

 © Le Monde

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

Commentaire de Florestan:

 

On partagera totalement le constat et le diagnostic mais le docteur Davezies est un peu court sur la médecine prescrite pour nous sortir de notre langueur territoriale:

 

Les métropoles sont des locomotives. Très bien mais s'il n' y a pas de trains derrière, à savoir de vraies régions assises sur de vrais territoires avec des vraies compétences et de vraies finances, alors, à quoi bon?

 

La métropolisation sans la région c'est la certitude de reproduire à l'échelle locale (et c'est déjà en partie réalisé) ce que l'on reproche à PARIS à l'échelle nationale: des petits PARIS de province sans provinces justement qui vont accentuer les compétitions inter-territoriales. En outre, la solution de compétitivité des territoires qui est proposée par Davezies, à mots couverts, risque d'être un remède pire que le mal..

 

Nous souhaitons ici que soit enfin expérimentée en France la solution d'un

 

REGIONALISME REPUBLICAIN FRANCAIS

 

fondé non pas sur une métropolisation compétitive,

 

mais sur la coopération et la solidarité des territoires autour du couple:

 

REGION  +  METROPOLES

 

(en réseau)

 

On retrouve donc, une fois de plus, le cas d'école normand: la Normandie région riche de ses différences complémentaires (arrêtons la géographie du "zonage" spécifique ou typique car les territoires ne sont ni des zones et encore moins des "espaces" de ceci ou de cela...) et riche de la densité de son réseau urbain, entre ville et campagne, terre et mer, entre Paris et Province (justement !) pourrait être le LABORATOIRE français d'une nouvelle politique de....

 

DATAR

 

(Décentralisation Aménagement du Territoire Action Régionale)

 

Autrement dit, nous défendons ici un GIRONDINISME pour notre temps et l'avenir de la France dont le présent est abîmé par la double faillite d'un jacobinisme centralisateur et d'une décentralisation qui n'en est pas une et qui sombre dans le laisser-faire d'un grand n'importe quoi des collectivités et des politiques publiques sur fond d'idéologie libérale de concurrence et de compétitivité (on ose même parler de "coopétition": un mot qu'on dirait tout droit sorti d'un roman d'Orwell...)

Prochainement, l'Etoile de Normandie reviendra sur ce qui aurait pu être une France des régions si la réforme proposée en 1969 par le Général de Gaulle avait été engagée...

 

24 avril 1969: échec du référendum sur la "régionalisation"...

Les Français sont des veaux qui répondent non pas à la question posée mais à celui qui la pose !

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
  • Le webzine des Normands pour contribuer à la renaissance concrète de la Normandie après la fin, au 1er janvier 2016, d'une division administrative funeste décidée par l'Etat central jacobin en 1956, sans l'avis de nos concitoyens!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Derniers commentaires
L'ETOILE de NORMANDIE, le webzine de l'unité normande
Publicité