Tourisme: faute de valorisation suffisante, la destination caennaise peine à exister et fond sous le soleil de la canicule...
Nous ne sommes pas d'accord!
Le covid 19, la canicule et la proximité de la fraicheur maritime ne peuvent pas tout expliquer! La destination touristique caennaise, déjà peu vaillante en un été ordinaire, s'effondre en cette année très particulière de 2020 qui révèle les défauts structurels de la ville de Caen en tant que destination touristique. Le problème vient, essentiellement, d'un manque fondamental d'imagination, d'ambition ou de volonté pour doter la ville de Caen d'une politique patrimoniale et culturelle qui soient à la hauteur de l'héritage historique prestigieux de la ville fondée par Guillaume Le Conquérant...
Que dire?
La politique publique du patrimoine à Caen n'en est encore qu'au stade gestionnaire, absolument nécessaire (il faut, par exemple, restaurer et entretenir le patrimoine exceptionnel des églises caennaises) et lorsqu'il s'agit enfin de faire quelque chose, on se contente d'opérations médiatiques ponctuelles d'affichage quand elles ne sont pas, hélas, opportunistes quitte à prendre de sérieuses libertés avec la vérité historique de la Normandie médiévale à l'époque ducale (célébrer en décembre 2019 un retour d'Angleterre improbable de Guillaume coïncidant avec la nouvelle mise en lumière des remparts du château ou évoquer la célébration du millénaire de la fondation de la ville de Caen en 2023 alors qu'il faudrait le célébrer plutôt en 2027 conjointement avec le millénaire de la naissance du duc Guillaume soit... après la fin de l'actuelle mandature municipale!).
Politique d'affichage, toujours, avec le contenant sans contenu du label "ville d'art et d'histoire", un projet de réhabilitation du château qui traîne en longueur faute d'un vrai projet (quid du centre d'interprétation dédié au Conquérant?).
Mais il y a pire: la ville de Caen continue d'être effacée en tant que destination touristique par l'importance du Mémorial et par le poids symbolique et moral de la Seconde guerre mondiale et du débarquement de 1944. Les touristes se rendent nombreux au Mémorial, situé en périphérie mais, bien peu se rendent dans une ville que certains continuent de croire ruinée et bétonnée dans sa reconstruction d'après guerre.
Tout l'enjeu est de rendre le centre ville historique de Caen bien plus attractif qu'il n'est en faisant de sa valorisation patrimoniale une politique stratégique centrale qui structure la politique de l'urbanisme, de la culture et de l'environnement: créer, par exemple, dans l'un des nombreux monuments du centre-ville de Caen, le musée d'art et d'histoire que cette ville mériterait enfin d'avoir serait un premier grand geste. L'autre serait une réorientation radicale de la politique de l'urbanisme avec un moratoire sur les opérations immobilières qui procèdent à des rénovations sur table rase (la ville ayant été déjà rasée sur 30% de sa surface bâtie en 1944) et une valoration du patrimoine végétal et naturel. Enfin, il faudrait imaginer une saison complète d'événements culturels et ludiques en lien avec le patrimoine historique d'une ville normande dont l'histoire quasi-millénaire ne se limite pas à 1066 et encore moins à 1944!
Coronavirus oblige, les professionnels du tourisme vivent un été particulier. Le point sur la situation en juillet et début août 2020, à Caen (Calvados) et sur la Côte de Nacre.
À Caen et dans le Calvados, les conséquences de la crise sanitaire du coronavirus sur le secteur du tourisme en juillet 2020 ont été beaucoup moins néfastes que ce qu’avaient anticipé les professionnels. Explications.
On s’en doutait, l’été 2020 ne sera pas un grand cru. Néanmoins, dans une étude menée par Calvados Attractivité, les professionnels du tourisme sont 51% à juger comme « bonne » la fréquentation du mois de juillet, alors qu’ils étaient seulement 15% à être aussi optimistes en juin.
L’allègement des restrictions liées à la crise sanitaire, les vacances scolaires et une météo au beau fixe y sont pour beaucoup. Emmanuelle Hardouin, la directrice de l’Office de tourisme de Caen-la-mer, confirme cette tendance :
Le bilan est correct en juillet, avec une hausse de l’activité à la fin du mois, qui s’est accélérée depuis 15 jours. Mais on constate une vraie fracture entre la côte à la ville. Le littoral travaille bien, voire très bien, notamment dans la restauration, mais c’est plus compliqué à Caen, surtout dans le secteur de l’hôtellerie.
Pour l’instant, et cela risque d’être le cas tout l’été, les groupes et les étrangers font défaut. Directeur de 13 hôtels basés dans le Calvados et en Seine Maritime, Éric Mincé est bien placé pour le savoir :
C’est un été catastrophique pour nous. À Caen, nos neuf établissements accusent une baisse de chiffre d’affaires de 60 à 70%. Si nous accueillons bien quelques Hollandais et Belges, les Italiens, Américains et surtout les Anglais sont totalement absents. Habituellement, ils représentent 70 à 80% de notre clientèle estivale ! Et nous ne pouvons pas plus compter sur les groupes touristiques.
Si le mois d’août s’annonce un peu mieux « avec seulement 50% de pertes selon nos estimations », la situation reste très compliquée pour l’hôtelier qui aura recours au chômage partiel « au moins jusqu’au mois de septembre ».
En temps normal, la clientèle venue d’ailleurs représente 40% de l’activité touristique à Caen. Cette proportion est en chute libre. « Et si on constate une augmentation du tourisme domestique, avec beaucoup de Parisiens et de Normands qui redécouvrent leur région, ce n’est pas le même panier moyen », précise Emmanuelle Hardouin.
Conséquence : Camille, qui est guide conférencière depuis 3 ans sur la Côte de Nacre, a dû s’adapter :
Habituellement, je fais visiter les plages du Débarquement aux Américains. Avec le coronavirus, je n’avais plus de travail.
La jeune femme s’est donc reconvertie pour l’été en vendeuse dans une boutique de souvenirs, située avenue de la Mer, à Ouistreham. Elle y croise « beaucoup de Français, mais aussi un gros quart d’Allemands, de Belges et d’Hollandais. »
Si la situation n’est pas réjouissante, il y a quand même quelques motifs de satisfaction. Par exemple, les visites guidées organisées par l’Office de tourisme de Caen-la-mer ont la cote :
Elles fonctionnent très bien depuis le mois de juin, puisque nous avons doublé notre chiffre d’affaires en ligne, notamment grâce aux Calvadosiens. Avec en vedette la découverte de la Glacière souterraine, qui affiche complet jusqu’à la fin de l’été.
D’une manière générale, le taux de réservation moyen pour le mois d’août excède les 43% (contre 25% le mois dernier).
« Cependant, en raison des demandes de dernière minute, il reste difficile pour la majorité des secteurs d’anticiper sereinement la fin de l’été (…) Et l’éventualité d’un reconfinement inquiète fortement les professionnels », conclut Calvados Attractivité.
Pendant ce temps-là, du côté de Bayeux, une politique plus active et innovante de valorisation de l'héritage historique permet d'obtenir quelques résultats:
C'est la seule ville de France à avoir reçu le Diplôme européen 2020. Bayeux (Calvados) a été distinguée par l'assemblée parlementaire du conseil de l'Europe.
C’est la seule ville de France à avoir reçu le Diplôme européen 2020. Bayeux (Calvados) a été distinguée par l’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe. Patrick Gomont, maire, explique :
La Ville de Bayeux a postulé au Diplôme européen sur ses valeurs de paix et de liberté qu’elle prône depuis longtemps.
Les liens européens que la cité bajocasse développe depuis plusieurs années ou plus récemment avec six villes jumelles ou amies ainsi que l’organisation de la Semaine de l’Europe, le développement de la citoyenneté européenne, les partenariats notamment avec le Département et la Région pour la paix, font sa force dans cet engagement.
« Nous avons une vraie ouverture de la ville sur l’Europe », souligne le premier magistrat. Une ouverture sur le monde également avec le Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre. « Avec plus d’un million de visiteurs chaque année, Bayeux est une ville internationale, il était pertinent de postuler », reprend Patrick Gomont.
Lire aussi : Coronavirus. Prix Bayeux-Calvados : la 27e édition aura lieu mais la forme reste à définir
Dans son élan, la Ville vise les autres distinctions que sont le Drapeau d’honneur, la Plaquette d’honneur et enfin le Prix de l’Europe, plus haute distinction qui puisse être décernée à une ville européenne pour ses actions dans le domaine européen.
« On en est au premier stade mais nous espérons passer au niveau supérieur rapidement », confie Christine Cabon, adjointe en charge de la citoyenneté. Ce Prix de l’Europe, l’élue l’a découvert en Bretagne avec la commune de Landerneau.
C’est une distinction intéressante, elle met un coup de projecteur sur les actions réalisées et permet d’être en relation les autres villes européennes.
Pour franchir les étapes, la Ville a une marge de progression sur les critères de solidarité européenne et internationale. Nul doute qu’un nouveau dossier sera déposé pour obtenir le Drapeau d’honneur.
Bertrand Bouyx, député du Bessin et de la Côte de Nacre, a fait partie de cette aventure. « J’ai siégé au sein du conseil européen et à ce titre-là, j’ai défendu la demande de la ville de Bayeux. A Bayeux, tous les acteurs locaux, citoyens, élus ont une volonté politique forte de soutenir les idéaux européens », précise-t-il.
Parmi les onze autres villes européennes distinguées au même titre que Bayeux, on retrouve notamment Bilbao en Espagne, Poltava en Ukraine ou encore Velbert en Allemagne.
Le sésame sera remis lors d’une cérémonie officielle qui se tiendra au Palais de l’Europe à Strasbourg, probablement en octobre. La confirmation est attendue pour septembre.
Le maire et la ville de Deauville ont été récompensés pour la 4ème fois par une "Marianne d'or": le projet exemplaire de création d'un centre culturel et d'un musée dans l'ancien couvent des Franciscaines a été légitimement salué!
Philippe Augier, Maire de Deauville reçoit une quatrième Marianne d’Or de la République française pour la réalisation des Franciscaines, un nouveau lieu de culture innovant. Cette distinction lui sera remise officiellement à la rentrée
Pour la quatrième fois, Philippe Augier reçoit une Marianne d’Or de la République ; « celle-ci distingue la réalisation des Franciscaines, lieu de culture au concept innovant et marque la reconnaissance de l’engagement de Deauville pour l’accessibilité de l’art et de la culture par le plus grand nombre », explique le communiqué de presse de la ville de Deauville.
En 2016, Philippe Augier avait déjà reçu une Marianne d’Or pour la mise en place d’une Charte du développement durable, intervenant sur tous les choix de la municipalité ; celle-ci succédait à la Marianne d’Or du développement durable, qui fut remise en 2010 à Philippe Augier et aux Deauvillais pour l’engagement de la Ville et de ses habitants dans la dynamique d’animation participative lors du 150e anniversaire de Deauville.
En 2003, une « Marianne d’Or » valorisait déjà l’action du Maire de Deauville au titre de la nouvelle dynamique économique au service du tourisme, qu’il a su insuffler à la commune par l’action culturelle, la diversification des activités et des événements, ainsi que par une politique de logement active pour ses habitants.
C’est quoi les Marianne d’Or ?
Le concours national de la Marianne d’Or est un concours « ouvert aux élus et décideurs de nos territoires, il est reconnu comme un outil pédagogique qui donne du sens à l’engagement de la société civile aux fonctions électives et aux affaires publiques. Les palmarès révèlent, distinguent et diffusent les bonnes pratiques des politiques locales, soulignent les innovations, les solidarités et les performances de la gouvernance de proximité », explique le site du gouvernement.
Commentaire de Florestan:
Joël Bruneau, propose quant à lui d'ériger un centre commercial pour valoriser le centre historique de Caen.
Il aura, certainement, la Marianne de... plomb!