Nous en avions fait état dans notre compte-rendu de la "fête de la Pomme" à l'occasion de la rentrée politique d'Hervé Morin: Jean-Marc Roué, le président d'une compagnie de navigation bretonne qui reste le premier employeur privé de marins sous pavillon français, la Brittany ferries pour ne pas la nommer, est venu littéralement pleurer sa cause à genoux devant Hervé Morin, président de la Normandie et... Gérard Larcher, le Normand qui préside le Sénat.
Il est vrai que la situation est catastrophique pour la Brittany ferries dont les actionnaires bretons majoritaires (les agriculteurs de la coopérative d'artichauts et autres choux-fleurs de Roscoff à expédier en Angleterre) avaient, jusqu'à présent, toujours compté sur l'importance du fret passager généré par les lignes transmanche normandes vers les ports anglais pour renflouer financièrement le manque structurel de chiffre d'affaire réalisé par le fret breton d'une entreprise bretonne. Sauf que, précisément, c'est sur le fret passager normand que le Brexit puis le Covid s'acharnent depuis de longs mois: les lignes normandes ne peuvent donc plus renflouer une compagnie de navigation bretonne qui vient de perdre ainsi la moitié de son chiffre d'affaires en 2020.
D'où cette décision qui fait subir un préjudice aux Normands: la fermeture temporaire et qu'on espère la plus courte possible de la ligne passagers Cherbourg- Portsmouth mais qui vient après la fermeture de la ligne Cherbourg-Poole: résultat, plus aucun ferry pour l'Angleterre au départ de Cherbourg!
On remarquera sans peine que les Bretons de la Brittany Ferries n'ont pas suspendu leur ligne historique sinon identitaire: le Roscoff- Plymouth...
Cette décision de fermeture est inacceptable du point de vue normand même si on peut la comprendre d'un point de vue entrepreneurial et comptable. Mais c'est oublier que les principales collectivités territoriales normandes, à commencer par la région et les départements normands concernés par la présence de la Brittany Ferries dans nos ports normands possèdent une partie, certes minoritaire, du capital de la compagnie bretonne.
D'où cette idée simple à comprendre:
Si les Bretons de la Brittany Ferries veulent l'argent des Normands pour sauver ce fleuron du transmanche (car il s'agit désormais de cela) il va falloir qu'ils acceptent enfin ce qu'ils n'ont jusque-là jamais eu l'occasion d'accepter: partager le pouvoir voire plus avec des collectivités territoriales normandes qui pourraient monter au capital de la première compagnie de navigation bretonne...
Crise du coronavirus : Brittany Ferries ferme ses liaisons entre Cherbourg et l’Angleterre !
A partir du 7 septembre 2020, il ne sera plus possible de se rendre en Angleterre sur les navires de Brittany Ferries. La compagnie a décidé de fermer la ligne Cherbourg-Portsmouth
En proie à de grandes difficultés financières en raison de la crise du coronavirus, Brittany Ferries vient d’annoncer la fermeture de la ligne Cherbourg-Portsmouth.
Le Connemara qui dessert cette ligne sera, en effet, mis hors service à partir du 7 septembre 2020.
C’est le PDG de la compagnie de Roscoff, Christophe Mathieu, qui vient de l’annoncer :
Face à une terrible saison estivale et face à la faiblesse de la demande future de services cet automne, nous devons tout simplement prendre des mesures décisives supplémentaires. L’objectif est de réduire les coûts dans le cadre du plan de redressement quinquennal de l’entreprise.
La liaison Cherbourg-Poole restant également fermée pour le reste de l’année, après avoir cessé ses activités fin mars, il n’y a donc plus moyen de traverser la Manche en 2020 à partir de Cherbourg.
Lire aussi : Trafic transmanche : Brittany Ferries reprend ses liaisons passagers mais réduit la voilure
Brittany Ferries attend des aides de l’Etat
Dans ce contexte, Brittany Ferries attend plus que jamais des signaux positifs en provenance du gouvernement.
Dans un communiqué publié lundi 31 août, Richard Ferrand, député du Finistère et président de l’assemblée nationale, évoque plusieurs aides possibles, et notamment une exonération des cotisations sociales salariales.
De même, il annonce que les dirigeants de l’entreprise bretonne seront reçus, cette semaine, au cabinet de Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué en charge des Transports.
Commentaire de Florestan:
Prendre le pouvoir à la Brittany ferries? Franchement vous n'y pensez pas!
On lira, en effet, avec intérêt ce portrait dressé par un journaliste de Libération de Jean-Marc Roué, patron-paysan breton de la Brittany Ferries, vraie tête de bois avec tous les clichés qui vont avec...
https://www.liberation.fr/france/2019/04/09/jean-marc-roue-paysan-directeur-general_1720355
Roué est comme son maître, Gourvennec, que j'ai rencontré une fois. Ce sont des types qui ont leur région chevillée au coeur et au corps. Ce sont des léonards, quasiment les plus durs et chauvins des bretons (j'invente pas, je les connais très bien, ce qui me permet de les critiquer ! ) à tel point qu'ils sont mal vus par les autres pays bretons, sud Finistère notamment.
Ce Monsieur Roué ne s'est pas invité tout seul à la fête de la pomme ! je ne vois pas ce que cherche Monsieur Morin dans cette affaire (du copinage ?) car la compagnie bretonne sera toujours au service des intérêts bretons avant ceux des normands.
Monsieur Morin, est un amoureux de sa région mais je pense qu'il est un peu leger en tant que président du conseil régional. Faire des moulinets, déclarations et gesticulations n'y suffiront pas. Il devrait travailler plus sérieusement les dossiers. Il est comme Raoul, il dynamite, il disperse, il ventile mais au final, pas beaucoup de résultat concret : par exemple pour le train, la mise en valeur et l'identité de la région, les relations avec les pays scandinaves, les iles anglo-normandes, le Québec. C'est un politicien, il en a les travers.