CRISE LAITIERE: La Normandie ne doit plus être à ... l'OUEST !!!
Certaines expressions populaires sont savoureusement ironiques ! Ainsi: quand on a affaire à quelqu'un de "désorienté", paumé, ayant perdu le... Nord, on dit qu'il est "à l'Ouest" !
C'est un peu ce que l'on ressent en lisant ces derniers jours, les différents articles de... Ouest France consacré à la colère des éleveurs laitiers mais pas seulement (car toute la filière de l'élevage connaît actuellement une grave crise des prix et des revenus) qui s'est propagée ces derniers jours dans... l'Ouest, c'est à dire, dans la zone de diffusion de la pravda ligéro-bretonne qui doit ménager des chèvres belliqueuses plus ou moins syndiquées et trois gros choux dont a confondu la croissance insolente avec la réussite d'un soit-disant modèle de développement régional fondé sur le productivisme agro-industriel.
Trois gros choux bretons bien emballés dans les pages de Ouest-France et qui ont pour nom:
1) Xavier Beulin, président des Pompes funèbres générales agricoles (PFGA pour FNSEA ce qui revient au même...) patron pour la France d'un géant multinational de l'alimentation animale, ami personnel d'un ancien prometteur immobilier reconverti dans le mètre carré pour vaches et dont les éleveurs en colère ne voulurent pas à la tête d'une "opération escargot" parce qu'une opération escargot n'est pas encore un ... cortège funèbre !
2) Michel Edouard Leclerc, grand saigneur des prix agricoles qui nous serine dans les pages de Ouest France le refrain bien connu du: "c'est pas moi, c'est les autres"alors qu'éleveurs Normands et Bretons bloquaient ses supermarchés avec des gravats et du fumier !
(commentaire de Florestan: quel tartufe celui-là !!! )
3) Le crédit agricole qui finance le groupe Ouest France et tous ceux qui, de près ou de loin, croient qu'il est dans son intérêt de produire plus de lisier que de lait au point qu'un litre de lait pourrait avoir moins de valeur qu'un litre de lisier si ce dernier est valorisé dans une unité de méthanisation pour nous aider à moins réchauffer la planète... Arroser de lisier les agences du crédit agricole, au lieu de brûler des agences locales de la Mutualité sociale agricole voilà qui serait, provisoirement, moins... stupide !
Avec la fin des aides européennes directes à la production, la suppression depuis le 1er avril dernier des quotas laitiers et l'inondation du marché français par du lait polonais et allemand que les Russes ne peuvent plus acheter, c'est tout un pseudo modèle agro-productiviste fondé sur la course au toujours plus gros, au toujours plus grand qui s'effondre avec l'effondrement des prix lié à la surproduction, phénomène économique aussi indiscutable que la loi de la gravité renforcé par le contrôle quasi mafieux du marché de gros par quatre grosses centrales d'achats contrôlées par la grande distribution.
Dans cette affaire, les grands groupes laitiers qu'ils soient coopératifs ou non, ne sont pas, pour une fois, responsables de l'actuelle crise des prix et des revenus: ils dépendent de la matière première que doivent leur fournir les éleveurs et tentent, eux aussi de survivre face une grande distribution qui joue désormais la carte d'un marché mondial des fournisseurs.
Les stratégies habituelles ne suffisent plus: grossir en absorbant le voisin ( par ex: fusion des coopératives normandes Agrial- Eurial pour donner le second groupe industriel laitier français derrière Lactalis) ou s'entendre discrètement sur le prix: on a vu récemment que le fameux "cartel des yaourts" n'était qu'un secret de Polichinelle passée à la moulinette discrétionnaire bruxelloise de la concurrence "libre et non faussée!"
http://www.ouest-france.fr/lait-agrial-et-eurial-annoncent-leur-fusion-en-2016-3527449
Reste alors le désarroi de nos exploitants agricoles, éleveurs laitiers dans nos bocages, en particulier dans le département de la Manche, le premier département français pour la production laitière avec la Mayenne.
La question lancinante est simple: comment valoriser au delà des 35 centimes un litre de lait?
Sachant que toutes les vieilles ficelles sont rompues, que les gros ne savent faire qu'une seule chose, grossir et s'enrichir au détriment des moins gros jusqu'au jour où il n'y aura plus que quelques immenses exploitations dans un désert agricole et rural... Sachant aussi que la qualité est incompatible avec la quantité et que produire pour produire a autant de sens que vivre pour mourir !
Ouest-France a parfaitement raison: c'est effectivement tout le modèle agro-industriel qui est à ... l'Ouest !
Raison de plus pour que la Normandie, l'autre grande région française de haute tradition agricole, n'y soit plus... à l'Ouest ! En proposant un modèle de la haute qualité en matière de production agro-alimentaire...
La Gourmandie ne connait pas la crise !
Tous les éléments pour la construction réussie d'un modèle alternatif agro-alimentaire normand sont en place:
- Un institut régional de la qualité alimentaire unique en son genre (IRQUA et marque Gourmandie)
- 14 AOC (record national pour une région française)
- La proximité du bassin de consommation de la région parisienne avec des exigences de qualité et ses hauts revenus
- Une campagne qui a été en partie préservée des excès du productivisme agricole de ces trente dernières années (par ex: remembrement)
- Une race bovine réputée dans le monde entier
- Un réseau local de petites villes et de marchés encore très dense et vivant pour développer les circuits courts
- Des jeunes en agriculture qui, massivement, veulent rompre avec le modèle agro-productiviste encore dominant...
- Un marché local et national des produits bio et locaux en croissance de plus de 25% par an alors qu'à peine 5% de la Surface agricole utile française s'est reconvertie dans le "biocal": le potentiel normand est immense et cela ne serait que revenir à ce qui fit la fortune et la réputation agricole normande au XIXe siècle avec les méthodes agronomiques "anglaises" (agro-foresterie du bocage, prairies-jachères...)
Bref ! Nous sommes entre chiens et loups et Ouest-France a trop souvent donné la parole aux... loups dans cette triste affaire !
Au 15 JUILLET 2015, la colère des exploitants agricoles normands n'est toujours pas retombée notamment dans le Calvados et la Manche: des actions spectaculaires ont lieu à Bayeux et à Caen. Dans la Manche, des laiteries ont été bloquées. La permanence de la députée du Bessin Isabelle Attard, apparentée écologiste a reçu son gros colis malodorant ...
Les tartufes de la politique disent soutenir la colère des éleveurs emmenés par les Jeunes Agriculteurs affiliés à la... FNSEA qui joue un double jeu plutôt piteux: soutenir à la fois un système agro-productiviste à bout de souffle et envoyer au feu de l'action syndicale les premières victimes dudit système ! Combien de temps ce bal des cocus va-t-il durer?
(OF Caen 17/07/15)
Voir aussi la réaction de la députée Isabelle Attard après le passage malodorant des Jeunes Agriculteurs de la FNSEA: